Deux Indiens dans la ville

C’est vrai qu’on n’est pas vraiment des Indiens, mais disons que nous sommes un peu formatés « confort indien » en arrivant à Incheon.
Et pour le coup, la Corée du Sud est à l’opposé de la vie indienne.

Nous arrivons à l’aéroport de Séoul. Il est 14h30 heure locale. Nous n’avons quasiment pas dormi dans l’avion. Nous sommes donc claqués.
Avant de rejoindre la ville, on passe par l’office du tourisme, on nous accueille avec un grand sourire, un anglais parfait, et de la politesse de partout… bon, on se rendra vite compte qu’ils ont dû mettre tous les Coréens anglophones à l’aéroport, car sinon, tout le monde nous parle en coréen.

On repart avec des tonnes de prospectus… dont on n’utilisera pas la moitié.
Ça nous revient maintenant : les Indiens ont beau avoir des problèmes de gestion de déchets, ils ont au moins le mérite de ne pas gâcher à outrance.
Mais pour 3 jours, on est bien équipés.

Un distributeur nous délivre des Won, et on monte dans le métro.
C’est calme, c’est blanc, c’est climatisé, c’est propre, c’est silencieux. Ça y est. Premier choc.
On est obligé de chuchoter pour parler.
Autour de nous, quelques coréens bien sages, jouent avec leurs téléphones androïd-hi-tech-dernière-version-3.0-écran-géant-kit-mains-libres.
Ah oui, c’est donc également le grand retour de l’absence de communication. Chacun le nez dans son téléphone.

Stitched PanoramaNotre hôte CS n’arrivant que vers 19h, nous partons nous poser dans un parc pour dormir un peu, après avoir rapidement fait le tour du quartier…
Dans le parc, il y a de l’herbe sur laquelle on peut s’asseoir (et s’allonger), il y a des toilettes (trop propres qui sentent bon, avec de l’eau potable (wouah !), du savon… et du PQ qui fait son grand retour après plus de 6 mois d’absence !). C’est la Corée, les toilettes sont si clean qu’on surprendra même certains à s’y reposer.
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Et pour que nous ne soyons pas perdus, il y a bien sûr du wifi, gratuit (et pas qu’aux toilettes, mais dans ce parc quasi désert aussi !)

Hoon habite dans un quartier comme on les adore : plutôt résidentiel avec plein de petites maisons de briques rouges qui montent sur la colline.
En bas de chez lui, il y a pleins de petits resto’, petites échoppes et marchands de fruits, de légumes et de tout.DSCF9927 DSCF9949 DSCF9931DSCF2002DSCF9929DSCF9951DSCF9954Les rues sont calmes, ce quartier est vraiment sympa.
On s’y sent bien !
Chez Hoon, c’est minus’. Il habite au 4ème et dernier étage d’un petit immeuble, dans un studio d’une vingtaine de mètres carré, hyper propre, hyper fonctionnel, avec tout le toit terrasse pour lui.
La vue depuis là-haut est agréable. Au loin, le stade de la World Cup et les montagnes de Corée du Nord, à droite le parc, à gauche la ville se déploie.
Il n’y a pas de voitures qui klaxonnent, juste des oiseaux. On est en pleine ville.
Pffff… que ça fait du bien !
(Et quand on se mouche – qu’on a donc trouvé des kleenex – c’est pas noir.)DSCF2003 DSCF2162 DSCF2154 DSCF2157

Assis dans le métro le matin, nous observons.
Nous sommes un peu mal à l’aise de voir tout le monde en train de regarder son téléphone et non son voisin. Les gens ne se parlent pas. Et nous avons du mal à ne pas comparer avec l’Inde – qui a été notre référence ces derniers mois. Mais là où nous nous sentons vraiment mauvais élèves, c’est de voir tant de personnes avec des masques… y compris de nombreux loawai.
Ce comportement « smartphone-masque » intensifie la sensation d’une société aseptisée.DSCF2106

On réalise le bond que nous venons de faire en arrivant ici. L’inde est loin, très loin.
Mais tout ça a du bon également.
Et nous prenons beaucoup de plaisir à déambuler dans les rues de la ville.

On retrouve une urbanisation qu’on appréciait au Japon. Les grandes avenues encadrent les quartiers faits d’immeubles bas ou de maisonnettes, et de petites ruelles à peine plus larges qu’une auto.DSCF9965DSCF2144 DSCF2072 DSCF2069 DSCF0090 DSCF9968 DSCF2140 DSCF2138Stitched PanoramaDSCF2118 DSCF9986DSCF2075DSCF0097 DSCF0036 DSCF0037DSCF9989 DSCF0034

Les petits quartiers restent pleins de charmes et de vieilleries. Et parfois, au détour d’une rue, nous tombons sur un temple coincé entre les tours, alors que la cathédrale de Séoul a su rester en place.
Le neuf a beaucoup pris le pas sur le vieux, on ne trouve plus grand-chose d’époque, et la ville semble un peu lisse… mais est-ce si grave ?
Car la vie est bien présente.
Dans le quartier de l’Université, dans ces rues qui montent et qui descendent, ces grandes esplanades de pelouse ou de béton.
Devant les maisons, il n’est pas rare de voir des plants de tomates, d’aubergines, de piments… Et on est au cœur de la ville.DSCF2131 DSCF2112 DSCF2079 DSCF2054 DSCF2026 DSCF2018 DSCF2049 DSCF2032 DSCF2047 DSCF2017 DSCF2011 DSCF2007 DSCF0058 DSCF0056 DSCF0079 DSCF0065 DSCF0043 DSCF0092 DSCF9976

C’est le pays du matin calme… mais tout le reste de la journée aussi.
Attention, ce n’est pas chiant, juste serein – pour 3 jours en tout cas.

Il y a pleins de petits resto’ aux nouvelles saveurs, et ça nous donne trop envie.
Un midi, nous nous arrêtons à la cantine du chantier d’en face (les chantiers sont eux aussi peu bruyants, et sur les hautes clôtures du site, on voit des sonomètres).
Donc ici, ça sentait bon, il y avait tous les ouvriers (habillés comme dans le futur… en tout cas le futur de l’Inde) et la patronne nous a accueillis à bras ouverts !
Nous sommes contents de retrouver des buibui, du poisson (et même cru – 15 mois !), des épices et des goûts différents.DSCF0003Stitched PanoramaDSCF9998 DSCF0041 DSCF9978 DSCF9979 DSCF9974 DSCF2066

C’est également le grand retour des jupes, talons hauts, minishorts et culottes courtes ! Les Coréennes sont hyper sophistiquées.
Et si les Indiennes étaient souvent apprêtées (même parmi les plus basses classes), toujours bijoutées et maquillées, il nous apparait d’un coup cette liberté possible de s’habiller « comme on veut ».
On ose montrer qu’on est une femme, et en tout cas, les regards ne sont pas lubriques ici. On peut se balader à toute heure de la nuit dans les petites ruelles désertes de notre quartier en toute sécurité – Hoon comprend à peine notre question.
Si la Corée nous rappelle le Japon sur de nombreux points, on croit cependant ressentir une différence comportementale, les jeunes gens paraissent moins « cul-cul », moins policés, moins frustrés, plus adultes en somme.

Nous observons beaucoup, notons les choses et remarquons les détails. Mais ici, on passe inaperçus.
Pas de hello, hello… ni de picture ! Où sont les photographes bon sang?
En attendant au feu rouge (ici, on ne traverse pas en dehors des clous), un marchand de pastèques va rigoler à gorge déployée, sans discontinuer pendant quelques minutes, observant la pilosité de Brice, lui tirant la barbe et regardant sous son t-shirt.

Nous marchons, nous marchons, nous marchons. Et nous mangeons aussi. De la sèche séchée, du poulet qui va bien, des nouilles, du kimchi (choux saumuré et piquant), on goûte du soju (alcool de riz à 6°, 14° et 20°) avec Hoon. Nos papilles sont en alertes… notre porte-monnaie aussi : la vie coûte extrêmement cher ici. Heureusement on ne paie pas l’hébergement, mais on doit frôler le coût de la vie en Europe de l’Ouest.

Séoul nous est apparue comme une parenthèse. C’est allé vite, un peu trop vite.
Et c’est arrivé un peu trop violemment après l’Inde pour l’apprécier pleinement, mais nous avons passés ces 3 jours avec plaisir et contemplation.
C’est un pays d’ergonomie.
Tout va bien, tout est pensé pour que ça soit facile, fonctionnel, maniable, confortable, pas trop chaud, pas trop froid et jamais sale.
On atteint ici des standards de qualité incroyable – on est même émerveillés par la qualité et l’aspect du béton d’une balustrade. La France et le vieux continent n’ont qu’à bien se tenir, le made in Korea surpassant souvent nos produits.

Séoul a une identité culturelle affirmée, son propre rythme, un rythme immanquablement aux antipodes de celui de Delhi, mais qui reste celui d’une grande métropole moderne et dans son temps.
La ville parfaite ? On ne sait pas.
En tous cas, nous nous y sentons réellement très bien.
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Escale terminée, on reviendra.
Notre avion pour Singapour nous attend déjà.DSCF2167

14 thoughts on “Deux Indiens dans la ville

  1. Moi ca m’attire beaucoup cette culture. J’espere que vous avez pris un bimbimbap quand meme?
    Y a pas d’enfants sur les photos!

  2. 8 jours sans post, je commençais à être sérieusement en manque 🙂
    Je ne sais pas si on peut parler de retour à la civilisation (c’est quoi la norme « civilisation ») mais c’est clair que la rupture après tout ce temps en Inde (dont certaines régions reculées), ça doit faire bizarre

  3. Ah ouai, là vous avez fait un sacré grand-écart !
    Même moi derrière mon PC, j’avais du mal à vous imaginer au milieu de tout ça…ou plutôt je vous imaginais un peu à l’affût tels des mangoustes hors de leur terrier, alors que l’ensemble semble être d’une sérénité à toutes épreuves.
    Enjoy !

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