Le temps est long à Along

Et nous voilà enfin en Arunachal Pradesh, on a payé un permis pour venir ici, on aimerait bien en profiter. …mais la météo n’est pas d’accord.
Depuis Along, on souhaitait rejoindre Mechuka, une vallée perdue entourée des cimes enneigées de l’Himalaya… mais le temps y est aussi dégoutant qu’ici.
Les routes deviennent des patinoires, les roues dessumo, qui ont dépassé le test « validité-adhérence-sur-la-route » depuis environ une dizaine d’années, ne sont pas hyper efficaces, sans compter les cailloux, les camions qui s’embourbent…
Bref, ce n’est pas le meilleur moment pour explorer cette partie de la région.

On tente malgré tout une balade dans le village de Kabu, à quelques kilomètres d’Along. On fait du stop. Il ne pleut pas trop aujourd’hui, alors autant optimiser la météo aléatoire.
Marniya nous emmène jusqu’à Kabu, on papote rapidement et on prend rendez-vous pour lui rendre visite dans son village, le lendemain.

Joli petit village gaulois, les maisons de Kabu sont construites sur pilotis, les murs et le plancher en bois et les toits sont en feuilles.Ces maisons sont bien plus cossues que celles du Nagaland. DSCF8852 DSCF8861 DSCF8889 DSCF8876 DSCF8893 DSCF8938 DSCF8894 Stitched Panorama DSCF8864 DSCF8981Les animaux, poules, cochons, vaches et chiens sont en liberté et se baladent autour des potagers. Ici, il y a de l’herbe partout, on a l’impression de marcher dans un immense jardin. Et bien sûr, il n’y a pas de voitures. Tout semble doux et paisible, vert et fleuri.

Et puis le lendemain, on se dirige donc vers Kamba, pour boire un thé chez Marniya. DSCF9123On papote, et deux heures plus tard, sous une pluie diluvienne, nous voilà de nouveau dans un sumo pour Along.DSCF9120 Stitched Panorama DSCF9085Entre temps on aura appris sur les Adi-Galo (l’ethnie du coin) et leur religion, le Donyi Polo, une vénération du Soleil et de la Lune en particulier, et de la nature en général. Un animisme qui fait que l’écosystème est beaucoup mieux conservé dans la région, pas de déforestation à outrance : on ne coupe un arbre que si l’on en a besoin.
Les maisons – comme celle de Marniya – sont des exemples d’intégration écolo’.

Voilà, voilà… On s’ennuie un peu ici… On fait les magasins, on regarde la coupe du monde de cricket (mais quand même, on ne comprend pas ce sport…)

DSCF8848 IMG_8006 DSCF9007 DSCF9004 DSCF9021 DSCF9019 DSCF9049 DSCF9054 DSCF9061 DSCF9065 DSCF9053 IMG_7979 DSCF9068 DSCF9129 On ne veut pas s’y éterniser. Dimanche, il y a le bus pour Daporijo, deux jours qu’on l’attend. DSCF8837Mais quand on arrive à la gare de bus, à 5h30, on apprend que le bus a eu des problèmes techniques et qu’il est encore à Daporijo. Que lundi, c’est jour de maintenance, et que le prochain bus sera mercredi… enfin, s’il est réparé…

Il n’y a pas de sumo non plus.
On se concerte tous les 4, et on décide de changer nos plans.
On prend le bus de nuit pour Itanagar…

C’est aussi ça le problème de vouloir voyager indépendamment, sans guide, sans véhicule, dans des régions reculées comme celles-ci. Et si, bien évidemment on est fâchés, on relativise. On se dit que pour les autochtones, c’est toujours comme ça.

À la gare, on croise des gens qui arrivent avec leurs bagages, quand ils apprennent qu’il n’y a pas de bus… et bien, c’est comme ça, ils se résignent, et iront à Dapurijo 3 jours plus tard.
Nous avons le luxe de pouvoir faire ce que l’on veut, on a finalement les sous pour faire un détour –certes plus onéreux – pour arriver à nos fins.
Mais on reste un peu fâchés.
On était venu à Along pour voir Mechuka, on n’a pas pu voir Mechuka.
On est venu à Along pour rejoindre Ziro par Daporijo, on n’a pas pu rejoindre Daporijo.

Tout ça, c’est sans savoir que la route pour relier Along à Itanagar est absolument horrible. Pleine de trous, de bosses, de virages, de forêts, de montées, de descentes, et de trous. Des trous et encore des trous. Et que le bus, qui date des années 60 surement – mais 60… genre 60 après Jésus Christ !, est vraiment vieux.DSCF9142DSCF9132Certains sièges sont maintenus par des câbles, tandis que des trous dans le plancher laissent apparaitre la route. Les fenêtres ne sont pas bien hermétiques, et bien sûr, il n’y a plus d’amortisseurs. Ça tremble de partout, la route est défoncée, et on fera 13 heures de trajet en mode 9 sur l’échelle de Richter.

Franchement, c’est surement le pire trajet en bus que l’on ait fait. La pire nuit. (Comme disait Xavier : « dire qu’on était regardant sur les bus de nuit en Birmanie »… qui eux valait 1000 x celui qu’on a pris !). Mais on commence à comprendre que dans notre société de confort, on ne peut dormir que dans des conditions optimales : du silence, pas de lumière, peu de stimuli… pourtant nos compagnons de voyage, tout autant secoués que nous, trouvent vite le sommeil. On ajoute à cela les deux contrôles au milieu de la nuit, avec des officiels qui ne savent pas quoi faire du permis de voyager en Arunachal qu’on leur délivre, qui posent 4 fois les mêmes questions, regardent le passeport sans savoir ce qu’ils y cherchent et disent ok ok, après avoir bien étudier notre visa… iranien. DSCF9191 DSCF9163Bref. Nuit difficile. On a le corps fatigué et meurtri (!) à l’arrivée.
Mais heureusement de petites échoppes sont ouvertes, ce qui nous permettra de savourer un bon thé/pâtisserie du matin.
Et puis, un peu triste, on doit dire au-revoir à nos copains de voyage (depuis plus de 3 semaines quand même !).
Rachel et Xavier partent pour Ziro, visiter les villages Apatani.
Comme on est finalement plus trop loin, on choisit de redescendre dans la vallée pour être sûr de profiter de Holi, la fête des couleurs. On retournera à Ziro quelques jours plus tard.

Itaganar est une ville indienne lambda, inintéressante à souhait. On récupère de notre nuit, on va visiter le musée de la ville, comprendre un peu plus des diverses ethnies de la région, et on rencontre Saurav, un Indien très sympa avec qui nous passeront notre soirée et qu’on recroisera certainement un peu plus tard à Guwahati.

L’idée est de rejoindre Tezpur, en Assam, pour les prochains jours.

 

Note 1 : Dans les discussions que l’on peut avoir avec les gens, on a souvent les questions « mais pourquoi venir ici ? Qu’est-ce que vous y trouvez d’intéressant ? ». Les gens sont perplexes, ils se disent – à juste titre – que nous avons l’argent pour aller où nous le souhaitons, pourquoi visiter des zones si reculées et si peu développées. On est contents de voir les maisons sur pilotis de Kabu, ou les villages « gaulois » du Nagaland comme de prendre le métro à Mumbai.Voyager nous ouvre les yeux et l’esprit. La très touristique muraille de Chine nous a beaucoup émus, tout autant que notre passage chez Kanat dans sa ferme kirghize, ou les sourires et l’accueil des Birmans dans les villages kashan.

Note 2 : Chaque pays a ses odeurs. En Chine, ça sent les nouilles et les égouts… En Inde (en tous cas, dans cette partie), on voit apparaitre en fin de journée une multitude de petits feux urbains alimentés par des déchets en tous genres, papiers, plastiques … La fumée blanche et épaisse devient omniprésente et impossible de ne pas la respirer, alors que les locaux profitent parfois de ces brasiers éphémères pour s’y réchauffer.

9 thoughts on “Le temps est long à Along

  1. ah celle-là je l’ai comprite, c’est long à Along,
    elle était facile, remarque bien

    c’est vrai, « mais qu’êtes-vous venus faire dans cette galère »
    au fond, c’est ça, les racines de la terre, ses trous aussi dans la route, les gens qui ont la terre, le ciel, la lune comme horizons
    et aussi le respect, l’écoute, le naturel…et les bus de Jules César
    bonnes bises
    et vous vous Smecta encore… ?
    bises bises
    évouzétoulà

  2. Ben si c’était pour aller dans les lieux touristiques il fallait prendre une agence!!
    C’est une question de » voyage »
    Le votre ,plus éprouvant sans doute , restera une mine pour vous
    Et pis nous on aime !
    Bises tout plein à vous deux

  3. Bah nous aussi on coupe un arbre que si on en a besoin. C’est juste qu’on en a besoin pour du papier, des meubles Ikea, pour la cheminée de la maison secondaire, pour caler une table…

  4. Oui c’est vrai qu’il ne fait pas beau….dans les esprits aussi ? l’ennui est le temps de respiration nécessaire de l’esprit !! Vive l’ennui…

  5. « La vie est un long fleuve tranquille » : vous auriez pu reprendre le titre de ce cultissime film pour votre post 🙂
    Courage les amis… il n’y a pas de hauts (et ses joies) sans bas. Vos débuts en Inde dans une région particulièrement reculée sont difficiles mais vous découvrez un endroit méconnu et vous pourrez fièrement dire « on y est allés » sans avoir l’air pédants ou prétentieux

Ça vous inspire?