Beer’yani

Nous quittons Bombay en train de nuit.
Il y a beaucoup de monde dans le wagon, mais une fois les villes de banlieues dépassées, chacun trouve sa couchette et se prépare pour la nuit.

Malheureusement pour nous, la nuit est pleine de courant d’air froid dans cette voiture aux fenêtres ouvertes aux quatre vents, d’agitation due aux arrêts fréquents, et bruyante à cause des ronflements tonitruants de notre voisin de compartiment et du retentissement des annonces dans les très nombreuses gares.

Quand le jour se lève, nous sommes fatigués par cette nuit froide et décousue, mais parvenons à trainer « tardivement » sur nos couchettes, avant que le compartiment ne se réorganise en mode « journée ».

Dehors, les paysages du Sud-Est du Maharashtra semblent bien différents de ceux que nous avions déjà eus le plaisir de traverser. Des champs de cannes à sucre aux hautes tiges surmontées de fanes blanches, des étendues de buissons verts mouchetés de fleurs de coton bordent les routes, des nids suspendus par dizaines se balancent aux branches des rares arbres, des hommes en blanc travaillent, pliés, dans les champs, et des hameaux en terre battue où se baladent lascivement quelques buffles.

Depuis la fenêtre du train, tout semble bien paisible et on regrette de ne pouvoir nous y arrêter.
Tout le monde est désormais bien réveillé, et nous entamons un semblant de conversation avec nos jeunes voisins curieux. Gentiment, ils nous offrent un chai servi par la fenêtre, alors que le train s’arrête momentanément en gare.
Le train est à peine reparti, leur thé avalé que le gobelet – en carton – est jeté par-dessus bord. Ils nous disent alors, sans sourciller et en rigolant (peut-être en réponse à notre moue de désapprobation) : « c’est illégal de faire ça en France, non ? ».
On essaie de leur expliquer le principe de la collecte des détritus, que nous vivons tous sur la même planète, la pollution et les conséquences de chaque geste, tout ça tout ça… mais on n’est pas sûr que le message soit clairement passé.
La conversation continue, on se montre nos photos et ils tombent sur celles du Pakistan, dont on finit timidement par faire les éloges, avant de recevoir un inconditionnel « nous, on les déteste tous » par l’unanimité de notre petit compartiment. Le débat est très vite clos.
Il faut dire que depuis notre séjour au Pakistan et à chacun de nos passages en Inde, il est difficile de trouver des interlocuteurs ouverts et curieux sur la question du Pakistan. Et nous nous retrouvons souvent face à des esprits butés, la propagande ayant bien fait son travail, quelle que soit la position dans l’échelle sociale.

Le train arrive enfin en gare d’Hyderabad en début d’après-midi. Une gare propre et calme, comme nous en avons rarement vue, notamment pour une ville de cette importance. Nous voilà agréablement surpris.
Il y a du monde, mais du monde raisonnablement…
Alors que nous sommes encore sur le quai, nous découvrons les premiers mots écrits en telugu* qui nous rappelle innocemment les « petits ronds » du Singalais.

Premier instant dans « le Sud », on ressent déjà moins le chaos indien. À moins que cela soit notre esprit qui s’ouvre…
Et pour parfaire notre arrivée, un métro climatisé, fraichement inauguré, nous accompagne en direction du quartier résidentiel de Banjara Hill.

Nous observons la ville au travers des grandes fenêtres du wagon qui glissent au-dessus des avenues croisées de ruelles commerçantes et animées.
Le paysage semble assez plat, sans gratte-ciel ni haute tour. Quelques rochers massifs et secs pointent çà et là. Parfois dépassent des dômes en oignon – typique des architectures mogholes – des minarets, des clochers d’églises, les tours des temples hindous. Le ciel est bleu, des gens sur le toit de maisons populaires font sécher le linge.
Depuis là-haut, ça semble être bien.

Nous descendons du métro, sortons de la station et suivons les instructions données par nos hôtes pour les rejoindre. Installés à l’entrée du quartier résidentiel de Banjara Hill, dans une ruelle calme où les habitants promènent leurs chiens à l’ombre des arbres, lavent leur voiture ou discutent sur le pas de porte, nous découvrons l’appartement d’Ashok et Vani, qui nous accueillent simplement chez eux. L’endroit semble paisible et nous sommes ravis d’y poser nos sacs pour les prochains jours.

Nos hôtes ne sont pas là ce soir, et Ashok nous laisse la clef de la maison**.
Voilà ainsi comment débute cette simple et facile collocation.
Après une bonne douche, nous partons pour une courte balade vespérale nous dégourdir les jambes. Finalement, 17h dans un train, même de nuit, ça fatigue.

Nous profitons de l’ambiance locale qui règne dans les rues arborées. On nous salue, on se sourit.

Nous observons les échoppes de pressing, qui utilisent encore le fer à charbon pour repasser des chemises blanches, les vendeurs de lait et bien sûr la petite chariote du chai wala où nous nous arrêtons pour une tasse de cette boisson sucrée et réconfortante.
Nous prenons rapidement nos repères dans le quartier. Nous discutons avec quelques personnes dégustant samosa et dosa à la sortie du travail. Ils nous conseillent un bon Biryani, vers lequel nous nous dirigeons sans tarder.

Hyderabad est « internationalement » reconnue comme la capitale du Biryani, nous nous précipitons dans ce resto’ en quête de ce fameux plat de riz aux épices et à la viande (souvent du mouton, parfois du poulet, rarement – en Inde – du bœuf) cuit à l’étouffée et que nous agrémentons d’un peu de tandoor kebab et des légumes en gravy, le tout accompagné de romali roti, sorte de crêpes fines. Ce premier repas hyderabadi est un vrai régal.

C’est au réveil que nous croisons enfin nos hôtes. Vani est une femme très active, bavarde, au caractère bien trempé et aux convictions nationalistes établies. Ashok est plutôt calme et posé, ouvert, cultivé et curieux. Tous deux ont voyagé hors d’Inde et longtemps vécu à l’étranger.

Ils sont d’une incroyable générosité et nous nous sentons rapidement « à la maison », chacun vacant à ses occupations. Nous prenons le temps de discuter et les quittons en fin de matinée, direction la vieille ville.

Hyderabad, ville frontière entre l’Inde du Nord et l’Inde du Sud, est connue pour son histoire, sa culture et son architecture largement influencées par sa situation géographique et par la mixité de sa population hindoue et musulmane, qui y ont coexisté paisiblement pendant des siècles. Et cela fait du bien à entendre, alors que le gouvernement actuel tend à imposer le contraire.

Petit point histoire
La ville de Hyderabad est fondée en 1591 par le sultan de Golkonda, Muhammad Quli Qutb Shah (qui était le 5ème sultan de la dynastie Quli Qutb Shahi, originaire de Perse, arrivée en Inde au début du XVIème siècle). Il déplace la ville sur les bords de la rivière Musi, y installe un imposant bazar au croisement des routes Nord-Sud et Est-Ouest, et construit plusieurs monuments importants, dont Char Minar et la Mecca Masjid.

En 1687, après un an de siège au fort de Golkonda, l’empereur moghol Aurangzeb** s’y installe. Il déplace la capitale à Aurangabad, 550km plus au nord.

En 1725, Asaf Jah I (nommé Nizam al-Mulk) fonde la dynastie Asaf Jahi – les Nizam. Hyderabad devient ainsi la capitale d’un état indépendant, se détachant de l’empire Moghol en pleine décadence.

Soumis aux Britanniques en 1798, l’État d’Hyderabad fut la plus puissante principauté musulmane de l’Inde. Elle refuse de se rallier à l’Union Indienne en 1947, celle-ci l’annexa, d’un coup de force à la capitulation, en 1948, de Osman dit Nizam VII.

Ainsi, en arrivant dans le vieux quartier – à majorité musulmane, l’atmosphère qui s’en dégage diffère des centres villes habituels. Les femmes sont extrêmement couvertes, et il y a longtemps qu’on n’avait pas vu de niqab, mais nous retrouvons ces papys barbus qui dodelinent de la tête.
Comme à notre habitude, nous nous perdons dans les ruelles poussiéreuses et agitées, salués par des marchands affables, vendeurs de cadenas, de camelote, ou juchés sur leur étal de viande de bœuf (!).

On découvre aussi de nombreux cafés iraniens (irani chai), au thé épicé et très sucré.
De par son histoire et la religion dominante, la ville reste très liée à l’Iran [un article Histoire suivra celui-ci] – le thé n’est pourtant pas consommé avec du lait en Iran.
On retrouve ici nombre d’hommes – l’environnement est très masculin – qui viennent sociabiliser entre amis, partageant une tasse de thé, debout sur une terrasse agitée ou attablé dans un bui-bui coloré.

 

Le thé y est servi dans une tasse, posée sur une soucoupe que l’on apporte brusquement et sans manière au client. Le breuvage a largement débordé et s’est répandu dans la sous-tasse. Drôle d’habitude rustre nous dirons-nous aux premiers abords. Cependant, en observant nos voisins, nous comprenons qu’il est de coutume de verser son thé dans cette petite assiette, pour refroidir. Il est alors bu directement dans la soucoupe.
Parfois, le thé est même partagé, l’un buvant dans l’assiette, l’autre dans la tasse.
Observant ces habitudes et dans un souci d’intégration totale, nous nous entrainons avec passion, nous arrêtant régulièrement pour une pause chai, accompagné d’un biscuit sucré-salé osmania.

Nos déambulations nous conduisent à travers les ruelles commerçantes de la vieille ville fuyant la chaleur. Nous nous y sentons bien. Les gens sont aimables.
Attirés par les fresques et sculptures colorées, nous passons une tête timide dans l’encadrement de la porte d’un petit temple hindou surplombé d’une crèche de divinités et leur véhicule. La mamie en charge, au sourire accueillant, nous fait signe d’entrer et tente par des gestes et un vocabulaire simple de nous donner quelques explications. Elle est contente, et nous aussi, alors que nous tentons – vainement – de retenir le nom de ces dieux que nous peinons à reconnaitre. Pour notre décharge, nous sommes pour la première fois, face au Seigneur Jagannâtha, représentation enfantine et simpliste de Krishna. Nous nous amusons de ses grands yeux ronds et ses couleurs chatoyantes dignes de trois Barbapapa.

Nous observons la vie agitée de cette ville trépidante, nous attardant à chaque coin de rue sur telles portes, maisons, étals ou boutiques.

 

Nous rejoignons doucement Laad Bazaar et Char Minar, le monument emblématique d’Hyderabad, érigé en 1591 par Mohammad Quli Qutb Shah.

 

Surmontée de quatre minarets – d’où son nom – cette arche, sobrement décorée abrite une mosquée au premier étage, où les fidèles, peuvent observer à travers les moucharabiés la ville dans les 4 directions cardinales.

 

Non loin, la mosquée de la Mecque, érigée par le même sultan entre 1614 et 1694 serait construite de briques de la terre provenant de la ville sainte. Elle aurait été pendant longtemps l’une des plus grandes mosquées du sous-continent. Nous pénétrons dans l’enceinte de l’imposante lieu de culte.

Marion se couvre la tête, mais nous restons en Inde, et il est amusant d’observer les coutumes vestimentaires.
Ici se côtoient niqab et sari, ces derniers laissant apparaitre la peau du ventre.
L’ambiance est paisible. Bien que nous soyons fin Novembre, il fait chaud et nombre de pratiquants sont allongés à l’ombre d’un joli pavillon, autour des tombes des Nizam, à même le marbre frais.

Le passé de Hyderabad est très riche et complexe – tout comme celle du sous-continent indien et des différents suzerains et empires qui l’ont dominé [un article Histoire suivra celui-ci].
Nous en apprenons un peu plus à travers une visite guidée organisée*** par la ville aux heures fraîches d’un dimanche matin.
L’affable guide nous rappelle promptement l’histoire de la ville, dans un discours qui contraste avec ceux entendu récemment et avec l’actualité****, nous explique Char Minar, nous mène de cours marchandes en ruelles discrètes, nous permettant ainsi d’observer quelques architectures cachées.

 

La ville se réveille au fur et à mesure de notre progression, la chaleur et le tumulte avec elle.
Après un passage par les puces animées,

nous finissons au bout de deux heures dans la cour de la Badshahi Ashurkhana, dédiée à la communauté Chiite (et notamment les processions d’Ashura), autour des fresques et arabesques délicates, des mosaïques bleues et blanches, fleurs jaunes et oranges.

 

Notre guide est très sachant, et nous prenons plaisir à « recoller » les morceaux d’histoires, liées aux Moghols, aux Perses, et aux différentes dynasties qui ont occupé le plateau du Deccan.

Les journées à Hyderabad passent incroyablement vite.
Grace à CouchSurfing, nous faisons la connaissance de Suni.
Suni est un mec vivant et chaleureux avec lequel nous avons une très bonne accroche.
Nous nous rencontrons dans un pub, un vendredi midi et passons l’après-midi à sauter de brasseries en brasseries. On se régale de bonnes bières artisanales, de délicieux bœuf à la coco, de burger et de paya (la soupe de pied de chèvre).

 

Cette ville est une fois encore pleine de surprises. Alors que nous nous attendions à ce que Hyderabad soit très conservatrice, c’est ici que nous trouvons une quantité non négligeable de brasseries indépendantes, concoctant leurs propres bières et servies dans des bars branchés.

Une fois encore, ces rencontres nous permettent d’accéder à de nouvelles strates de la société indienne, des endroits inimaginables si nous n’avions pas pousser la porte de CouchSurfing. L’inde continue de nous étonner à chaque séjour.

De retour à la maison, nous retrouvons nos hôtes et nos aises. Nous leur cuisinons quelques plats, on apprend à faire du yaourt grâce au lait frais livré tous les matins, et on échange longuement avec Ashok parlant religion et géographie. Vani de son coté, s’entraine à son français, qu’elle maitrise plutôt bien.
Les relations sont simples, même si nous y passons peu de temps et que nos hôtes sont, de leurs côtés, peu présents.

Nous poursuivons la découverte cosmopolite de cette ville à travers quelques galeries et cafés associatifs dans lesquels nous trainons pour avancer le blog. Nous y travaillons, attablés dans le paisible jardin ombragé. Autour de nous, des étudiants en architecture, des comédiens qui répètent, des artistes chanteurs, des conférenciers, … On se sent bien dans cet environnement créatif à siroter un petit lassi ou un thé iranien, grignoter un mirchi pokora ou un samosa.

Non loin de Hyderabad, nous visitons le fort de Golkonda, l’ancienne capitale du royaume des Quli Qutb Shah après l’avoir prise aux Bahmani (que l’on approfondira lors d’un prochain article). En ruine – et partiellement bien rénové, nous y passons quelques heures à déambuler sous un soleil de plomb.

 

Nous nous arrêtons devant la mosquée, nous longeons les murailles aux pierres incroyablement ajustées et finissons sur le haut du fort, jouissant d’un point de vue sur la ville.

Nous passons à travers les ruelles du vieux quartier.

 

Et rejoingnons l’extraordinaire parc archéologique des tombeaux et monuments Quli Qutb Shah (il y a 70 monuments repartis dans cet énorme jardin en pleine ville).
Ici, sept des huit membres de la dynastie sont enterrés, présentés sous de magnifiques et imposants mausolées à l’architecture et la décoration d’influences perse et indienne.

En cours de rénovation, c’est la Fondation Aga Kahn qui s’occupe de la restauration. Des panneaux décrivent l’ampleur de la tâche et on comprend que le travail est colossal à l’instar du fort de Lahore. Et ici aussi, la qualité des ouvrages est étonnement bien finie avec un travail de recherche sur les matériaux et techniques utilisés à l’époque.
Nous longeons quelques baori, mosquées et pavillons.

 

Le parc est calme, il y a peu de monde, et notre balade s’attarde emplie de sérénité alors que nous admirons ces colosses architecturaux – limite mégalomaniaque, et tous étonnamment regroupés sur un site unique, témoins parmi tant d’autres, de l’histoire multiculturelle si riche de l’Inde.

Ce séjour à Hyderabad nous conforte dans notre envie et notre plaisir de nous promener dans ce pays continent. Nous y trouvons le monde, le bruit et la pollution (toujours très élevée) qui nous rebutent. Mais les découvertes, les rencontres, ces architectures et l’histoire des peuples et des mouvements nous nourrissent intensément. Nous en découvrons toujours plus, et nous intéressons tout autant à cette histoire inouïe de notre patrimoine.

Nous sommes heureux et reconnaissants de pouvoir éplucher petit à petit les couches de l’histoire passée, ce qui nous permet de mieux comprendre la situation présente.
Nous réalisons que, si le débat est souvent impossible au sujet du Pakistan (pour rappel, il y a plus de Musulmans en Inde que chez l’ennemi voisin), nous nous confrontons aussi à un obscurantisme grandissant et normalisé quand il s’agit des Musulmans indiens, pointés du doigt par le gouvernement en place.

Et lorsque nos hôtes, pourtant éduqués et qui ont déjà beaucoup voyagé nous expliquent qu’il est temps d’imposer un peu plus leur religion hindoue, parce « qu’ils » ont été sympa trop longtemps de laisser les Musulmans prendre de leurs territoires, on avoue que ça nous donne mal au cœur et nous laisse un goût amer… On perd le moral, on est parfois découragés, on se dit de plus en plus souvent que la situation est foutue.

L’histoire de l’Islam dans le sous-continent est vieille de plusieurs siècles (pour rappel, l’Inde n’existe que depuis 1947 et n’a jamais été intégralement hindoue) et qu’elle fait partie intrinsèque et indissociable du patrimoine passionnant de l’Union Indienne, du Pakistan, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka…
Il est bon de le rappeler.
Ici, à Hyderabad, pendant plusieurs générations, les différentes communautés savaient vivre en harmonie.

Il est temps pour nous de poursuivre notre découverte vers le Karnataka tout proche, un autre état riche de cette vaste et captivante histoire, en direction de Bidar, ancienne capitale du Sultanat de Bahmani.

 

 

 

‘* Par exemple, les signalétiques sont souvent écrites en trois langues : telugu, urdu et anglais. L’hindi n’est pas aussi présent qu’on nous l’avait laissé penser (et que le gouvernement veut le faire croire), si ce n’est absent dans le paysage urbain de Hyderabad.
Le telugu est une langue dravidienne, à l’inverse de l’hindi qui est issue de la branche indo-européenne dérivée du sanscrit. Elle est la 4ème langue la plus parlée en Inde.

** Nous sommes toujours étonnés de la soudaine confiance que les gens peuvent avoir. Certes, nous avons un ami en commun, Anubhav, qui nous a recommandés à eux, mais nous ne nous connaissions pas directement.

*** Nous y faisons la rencontre de Lilian, un jeune français en VIE, fraichement arrivé en Inde, et avec qui nous passons quelques heures entre bières en jolie terrasse et gravy grasse et succulente.

**** Fin Novembre, début Décembre 2019, le gouvernement nationaliste hindou instaure les lois CAA-NCR dans un climat de révisionnisme pro-hindou. L’importance des civilisations non-hindoues dans l’histoire du sous-continent est progressivement atténuée, pour ne laisser transparaitre qu’une prépondérance historique de l’hindouisme. Le suprémacisme se fait aussi plus présent et normalisé dans la société, avec une discrimination croissante des minorités, et notamment la plus importante du pays, celle des Musulmans (14% de la population).
Nous sommes dépités par le discours de nos collègues de voyage, mais surtout par celui de personnes plus éduquées comme Vani (ou un an plus tôt, par le père de Mamta) qui relayent les mêmes arguments d’hégémonie hindoue sur le sous-continent. Aussi, de discuter avec notre vieux guide rabougri, nous rapportant les faits historiques et répondant à nos nombreuses questions, nous rassure un peu.

12 thoughts on “Beer’yani

  1. Ces contrastes qui font l’inde! On ne s’y fait jamais! Ca commence presque à me manquer ! 🙂 Merci pour ce petit retour à un bout de vie. (vous y aurez bientot passé plus de temps que nous 🙂 ) Bisous les amis!

  2. Un post à l’image de l’Inde et ses méga villes : très denses
    Faut appeler Star Ac’ à la rescousse pour sensibiliser les Indiens à l’environnement et la bonne gestion des déchets
    Marrant le Char Minar, on dirait une arche (de triomphe) ou une porte (Saint Denis/Martin) mais de base carré. Ca devait être sympa la vue du l’intérieur
    Ils construisent une nouvelle ligne de train/TGV à Hyderabad ? Au début du post, y’a une photo (avec un mufle et un paysan) ou l’on aperçoit une voie surplombant les champs… sauf qu’elle s’arrête brusquement

  3. Que de richesses architecturales, de comportements, de strates historiques à découvrir, à comprendre et à apprendre. Vous y prenez bien le temps …

  4. On a du mal à se croire en Inde sur la plupart des photos. Il y aura toujours des gens fermés ou qui se font gentiment lave le cerveau par la propagande des uns ou des autres (je me case dans le lot d’ailleurs), mais n’oubliez pas que vous avez réussi à boire une bière en bouffant du bœuf avec un Indien venant d’une ville ‘musulmane’. Sacre preuve d’ouverture.

  5. Coucou les amis!

    Il est où le temps des assis durs de 36 heures? Genre maintenant les bourlingeurs, ils veulent DORMIR dans le train…et pis quoi encore 😉

    Très agréable cette ville. Vos photos et votre récit donne envie d’aller se promener avec vous.
    Char Minor ¡! La mosquée aux 4 minarets de Bukhara a le même nom… tout est lié!
    Merci à la bourlingue de recoler les morceaux 🙂

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