Le temps est tristounet – notre humeur aussi, et nous n’avons pas encore reçu notre tampon d’entrée sur le territoire indien que nous tombons sur le premier écueil.
Le visa de Marion lui autorise à séjourner 90 jours maximum en Inde et arrive à expiration le 19 décembre. Nous avions tout bien calculé et pensions séjourner un mois – en accord avec le visa de Brice. Mais non !
Nous nous étions bien trompés et Marion doit quitter le pays dans une semaine. Une semaine !? genre Mercredi prochain ?
Grosse sueur froide. Le type de l’immigration nous donne finalement un contact à Amritsar pour tenter de négocier une extension de séjour. Mais nous savons, par expérience, que l’administration indienne n’a que peu d’empathie – en règle générale, et que les extensions de visa sont quasiment impossibles.
Nous sommes abasourdis et quelque peu contrariés, et ne cessons de maugréer lors du trajet qui nous mène à Amritsar. Nous tentons de retourner le problème dans tous les sens, et de trouver un plan B.
Ainsi, notre séjour en Inde débute par un challenge administratif. Pas évident de rester optimistes et positifs alors que le Pakistan nous manque déjà*.
Nous passons donc au bureau de l’immigration des étrangers. Après que Marion se soit faite gronder comme une enfant de 5 ans par ce charmant monsieur, lui expliquant qu’elle est une jeune femme éduquée et intelligente et quand on est éduquée et intelligente, on ne fait pas d’erreur de lecture de visa… il accepte finalement de nous faire un Exit Permit qui nous autorise ainsi à rester en Inde jusqu’à la fin de validité du visa de Brice. Bref, calvaire administratif, mais nous sommes plein de ressources.
Quelques aller-retour plus tard pour des photocopies, des c-form, des registration paper, un billet d’avion, une lettre de motivation… et moyennant 100$ (c’est plus cher qu’un nouveau visa…), nous repartons avec ce précieux papier.
C’est parti ! Nous avons jusqu’au 10 janvier pour profiter de l’Inde ! Chalo !
Heureusement pour nous et notre moral – qui en a un peu pâti, le Temple d’or est là pour nous apaiser de son calme et sa sérénité.
Nous sommes de nouveau émerveillés alors que nous croisons sa silhouette à travers les larges portes qui encerclent ce bâtiment doré.
Nous redécouvrons avec plaisir l’effervescence de cet endroit sacré. Les chants religieux imprègnent le lieu. Et comme le reste des gens, nous marchons lentement sur ce froid marbre blanc, dont les motifs enchantent nos yeux.
Les vêtements bigarrés des visiteurs, et la ritournelle des chants – quoique rébarbative – sublime la magie de ce site sacré. Nous nous posons, prenant le temps de respirer de nouveau et de profiter. Nous sommes au Temple d’Or, quelle chance.
Nous rencontrons quelques habitués, heureux de nous faire partager leur savoir et de nous expliquer le pourquoi du comment. Channi répondra d’ailleurs à la question « Pourquoi » par « Pourquoi est une longue question ».
Nous absorbons la gentillesse des gens, entre sourires bienveillants et longues discussions explicatives autour du Sikhisme.
Nous retournons dans les cuisines où les bénévoles s’attèlent aux chapati et nous nous asseyons en ligne pour déguster les repas servis à quiconque le demande, sans distinction de caste, de genre, ou de religion.
Nous tournons et tournons autour du bassin sacré alors que quelques courageux se baignent dans son eau fraiche. Nous sommes mi-décembre et il fait froid, même pour nos pieds nus qui foulent le sol.
C’est ainsi que nous passons la majeure partie de notre séjour à Amritsar au Temple d’Or.
Calme, sérénité et apaisement qui contrastent avec le chaos de la ville que nous aurons timidement le courage d’affronter.
Nos balades urbaines sont éprouvantes et beaucoup plus bruyantes qu’à Peshawar ou Lahore.
Ahhh le rythme indien ! pas si facile à prendre !
Mais petit à petit, les habitudes reviennent. On se souvient de la nourriture grasse, de ces temples installés dans le plus petits des recoins, de ces vaches endormies ruminant sans se soucier du chaos qui les entoure, des rickshaws poussés par des papys fatigués, des étals ambulants emplis de fruits et graines, du gout du chai plus jamais sans sucre, des klaxons tonitruants et incessants, des façades décrépies, des ordures qui jonchent les rues dans de nauséabondes effluves…
Dans une violence progressive, l’Inde se réouvre à nous !
Nous n’avons pas trop d’idée de la façon de remplir notre « court » séjour** dans ce pays.
Pour notre seconde fois en Inde, nous comptions passer du temps dans la grande moitié Sud que nous n’avions pas explorée. Or, due au « peu de temps » offert et l’envie de ne pas nous précipiter, nous tenterons de remplir nos 30 jours avec de la montagne.
Nous aurions bien voulu rejoindre Srinagar et les région du Kashmir et du Ladakh, mais notre aventure pakistanaise ayant pris plus de temps que prévu – bien que nous en sommes ravis, nous arrivons trop tard pour profiter de ces hautes montagnes.
Qu’à cela ne tienne, nous décidons finalement de tenter un séjour dans l’Himachal Pradesh… et on verra.
Pour l’heure, nous montons dans un bus – assis-dur-klaxon-à-l’intérieur – direction Chandigarh, pour un bref séjour chez Le Corbusier et Amarbir – rencontré lors de notre première visite.
À l’arrivée, c’est comme « à la maison ». Amarbir, Antie Jasbir et Uncle Surjit nous accueillent bras ouverts, tout comme Bailey, le chien, malgré les quatre années passées.
Parambir s’est installé à Londres. Amarbir est tonton, et Bailey a énormément grossi (c’est d’ailleurs son anniversaire).
Néanmoins, nous sommes toujours installés comme des rois dans leur vaste maison. C’est hyper confort et comme souvent, on a tendance à faire trainer notre départ.
Nous alternons notre séjour entre balade urbaine dans cette cité où le piéton peut circuler sans risque.
Pour rappel, il n’y a pas de vache dans les rues de Chandigarh, ni embouteillage mais des arbres et des trottoirs et du silence. Autant dire que c’est un bonheur pour nous de déambuler à travers les parcs et marchés calmes de cette ville « nouvelle »***.
Nous passons par la Haute Cour de Justice, le Secrétariat et le Parlement du Punjab et de l’Haryana, tout trois construits par Le Corbusier. Nous redécouvrons ces bâtiments de béton dont les touches colorées soulignent la signature de l’architecte. Aujourd’hui, l’UNESCO a inscrit ces édifices au Patrimoine Mondial. Ainsi, des travaux de conservation ont eu lieu afin de restaurer peintures, tapisseries et même structure.
Nous profitons également de la visite guidée, organisée par l’Office du Tourisme, pour, une nouvelle fois, arpenter ce patrimoine architectural moderne, avant de poursuivre notre balade dans la villa de Pierre Jeanneret, réhabilitée en musée et où il séjourna onze années pour superviser la construction de Chandigarh.
Couleurs des murs, alignement des briques, ouvertures des fenêtres, dessin de la rampe d’escalier, interrupteurs, tout y est. Nous sommes ravis de cette pause culturelle, qui après celle des Moghols nous fait voyager dans un tout autre univers.
Comme Amarbir travaille la journée, nous le retrouvons le soir pour de longues soirées chez son pote, récemment marié (pour le désarroi d’Amarbir, célibataire), accompagnées de whisky, lasagnes et brownies au chocolat servis par une tripoté de servants ; au resto pour de délicieux plats du Punjab – indien cette fois-ci, ou simplement à la maison en famille pour déguster les curd et paratha de Auntie.
Finalement le Punjab, qu’il soit indien ou pakistanais, c’est same same. On y mange tout autant****, d’un côté ou de l’autre de la frontière, une région d’épicuriens.
Uncle, amoureux de paysages de montagnes, est curieux de voir quelques photos du Pakistan que nous sommes ravis de lui montrer tout en étant embarrassés de réaliser qu’ils ne pourront, certainement*, jamais y aller.
Ce n’est peut-être pas si same same…
Nous embarquons finalement dans un nouveau bus assis-dur-klaxon-à-l’intérieur, en direction de Dharamasala.
Nous partons vers les contreforts de l’Himalaya, retrouver le Dalai Lama… en exil.
‘* À chaque personne que nous rencontrons, nous sommes grisement accueilli lorsque nous expliquons que nous venons du Pakistan. Souvent nos interlocuteurs cherchent à comparer et notamment à savoir what is the best. L’entente Inde et Pakistan n’est pas près d’arriver… Ici aussi (plus encore ?), les fausses idées et les préjugés sont nombreux.
** Nous nous rendons compte qu’il est très maladroit et complaisant de nous plaindre de la justesse de notre séjour en Inde alors que peu de gens peuvent s’offrir un mois de congés… désolé !
*** Le plan d’urbanisme de Le Corbusier et Pierre Jeanneret date des années cinquante quand, suite a la partition entre Inde et Pakistan, il a fallu retrouver un substitut à Lahore en tant que capitale du Punjab.
**** Dans le Punjab, on n’envoie pas des faire part d’invitation mais des boites de confiserie d’invitation !
Vous l’aviez peut être expliqué lors de votre 1ère visite en Inde, mais pourquoi y’a une croix gammée sur l’un des édifices de Le Corbusier ?
Parce qu’il était facho!
C’est pas totalement faux, mais pas du tout la vraie raison.
La svastika est un symbole utilisé par tout un tas de religion dans le monde, beaucoup en Asie…
Surtout dans l’hindouisme et le bouddhisme.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Svastika?wprov=sfla1
Mes chers Marion et Brice, j’étais un peu occupée ce dernier temps pour lire vos posts
Avec bonheur je retrouve vos histoires, vos aventures… J’adore vous lire
J’en profite pour vous souhaiter un bien joyeux Noël sans sapin, mais sûrement avec plein de lumières indiennes ✨
Jean-Michel et moi, nous partons aux Pays-Bas pour retrouver mes parents pour les fêtes et prospecter à A’dam où nous comptons aller vivre l’année prochaine !
Je vous embrasse fort, profitez de l’Inde, où que ce soit
Ilonka
Joyeux Noël les bourlinguots.
Hate de rencontrer le dalai lama et de revoir l’himalaya.
J’adore le gars qui lit tranquil son journal dans son renfoncement avec lit en face de l aboutique FCUK (dont on se demande ce qu’elle fout la). Je pensais avoir a faire a des gens ouvert regardant le hand a la tele, et puis en regardant de plus pres, j’ai vu que c’etait du Hockey…
Il y a un petit probleme d’asterix aussi, et la photo avec le gros arbre qui sort du temple est trop chelou.
Je remarque enfin que vous vous attardez quand meme moins sur la gastronomie ces derniers temps. Vous etes pas malade au moins?
Bisous.
…et le gars c’est un avocat quoi!!!
Ils sont vraiment payé à ne rien faire!
La coupe du monde de hockey s’est en effet tenue en Odisha le mois passé… C’est totalement passé à la trappe dans nos informations… Bizarre?!
Enfin, concernant la nourriture : il faut dire que nous avons un peu trop abusé des derniers jours à Lahore.
Trop de bonnes choses…
Nous sommes arrivés en Inde où tout est fris, tout est “veg’”… Moins d’étals aussi.
L’occasion de se mettre au vert… Un temps!
Coucou les jeunes !!
Hahaha j’ai surkiffé le « assis-dur-klaxon-à-l’intérieur » !!!! Ca transmet bien le concept.
Pauvre de vous….
Tant que c’est pas échappement multidirectionnel et freins optionnels, ça va….
Post sympatjique, mais qui termine plutôt abruptement… Suspens …. 🙂
Bisou.
Bisous les copains! Et merci de continuer à m’apprendre plein de trucs! Je me rends compte que même si je ne suis pas aussi inculte que Reeback, j’ai de gros manques 😛
Maori en regardant le croquis de Marion : « ça , ça s’appelle être fort !!! »
c’est magnifique tout illuminé !