Le bus pour aller à Moreh est plébiscité.
Une demi-heure avant le départ, les soutes sont pleines à craquer, et tout l’arrière du bus est utilisé pour y entasser des paniers en osier remplis de fruits, des sacs, des cartons… et nos deux sacs-à-dos. Les Birmans ne voyagent pas léger !
On monte dans un bus dans lequel les haut-parleurs gueulent des incantations bouddhistes répétitives, lancinantes et abrutissantes à la limite du supportable pour nos tympans… et notre raison ! Heureusement au bout d’une petite heure, le niveau sonore baissera et le contenu audio phonique remplacé par le best of des clips birmans du moment. Malheureusement, et comme souvent, le bus climatisé devient rapidement un bus réfrigéré. Les birmans sont en doudoune et bonnet de laine… Ok, ça va cailler !
Une fois le moteur mis en route, le bus met 10 minutes pour manœuvrer et sortir de la gare… bon, c’est pas gagné.
La route empruntée est, au mieux assez large pour une voiture, au pire une piste accidentée. La moyenne de vitesse dans la nuit frisera peut-être les 25 km/h.
Et on arrive à Tamu avec 5 heures de retard et 3 checkpoints.
On a faim, nos derniers kyats sont conservés pour rejoindre la frontière. On ne sait jamais. On a prévu un peu trop « tout juste »…
On n’est pas trop pressés, c’est sûr, mais on aimerait bien rejoindre la ville d’Imphal (capitale du Manipur) dans la journée. Mais comme souvent maintenant, on arrête de planifier. Ça ne fonctionne jamais « comme on a prévu »…
On saute dans un autorickshaw (tiens tiens, ça sent l’Inde), pour rejoindre la frontière toute proche avec quelques autres Birmans.
… sauf qu’un autre checkpoint en chemin (qu’on essayait d’esquiver) nous indique que nan, nan, pour les foreigners, il faut revenir en arrière et prendre l’autre passage frontière 700m plus loin.
On descend du véhicule et on se met en marche, rejoignant tranquillement un gros pont en fer.
En face, dans une grosse baraque, personne ne semble nous attendre. On apprendra plus tard qu’en Janvier, seules 19 personnes ont passé cette frontière.
On tape aux portes, mingalaba, puis un officier peu loquace nous invite à nous assoir, inspecte nos documents, notre permis…. Et hop ! Un coup de tampon… ça y est, c’est fini la Birmanie. Devant le pont, alors que nous sommes prêts à passer de l’autre côté, un gradé sympa nous offre une dernière fois un grand sourire birman… On traverse la rivière avec un pincement au cœur de quitter ce pays, riches de sourires et de couleurs.
Enfin voilà, un pont de fer et un peu plus loin, des militaires lourdement armés… et rien… Bon, on demande où on doit s’enregistrer. De l’autre côté de la colline, on rejoint le bâtiment flambant neuf des douanes (ouvert il y a deux mois), on recule d’une heure nos montres (GMT +5h30), et comme il n’y a aucun passage à cette frontière, il n’y a personne avant 11h. On y croise Richard, un Français déjà rencontré à l’auberge à Yangon. On papote en attendant le douanier, qui arrive, hyper tranquiiiilllllleeeemmmmeeennntt….
(Rappel – on a toujours faim, et on n’a pas pu dépenser nos derniers kyat en thé/biscuits du matin !)
On remplit deux documents, un tampon et hop ! Welcome to India !
(Il s’est passé presque 2h depuis le passage du pont.)
On passe un test de température, anti-Ebola. 98°F, on est bon. Ouf…
… enfin pas trop trop Welcome quand même : ah ouais ?
Les gens ici sont vachement moins avenants et souriants qu’en Birmanie, ça nous file un peu un coup au moral… mais on ne s’angoisse pas. Les villes frontières, c’est jamais funky non plus…
Non, le gros coup de cafard c’est quand on apprend que la route est fermée, et qu’il y a une famille d’Australien en Land Rover et un Canadien en moto qui sont bloqués à Moreh depuis 3 jours déjà. Ils campent dans le camp des Manipuri Commando (les forces de police de l’état). Pas facile d’avoir des infos, mais en regroupant un peu tout, on comprend que :
- Il n’y a qu’une route pour rejoindre Imphal et le reste du pays
- Sur cette route il y a de nombreux checkpoints de l’armée indienne qui emmerdent les locaux. Comme il n’y a pas de centre de soin à Moreh ou dans les villages, les gens doivent se rendre à Imphal.
Un barrage aurait duré un peu trop longtemps, une personne ayant besoin de soins de toute urgence serait morte avant son arrivée à l’hôpital, une autre version donne une femme enceinte qu’on aurait trop fait patienter. Les villageois accusent l’armée, et bloquent les routes. - Personne ne peut passer, même par les chemins de traverse.
…sauf que contrairement à l’armée, les forces de sécurité publique du Manipur sont appréciées par les villageois, et comme par hasard, le jour de notre arrivée, c’est le jour de la relève après 3 mois, perdus à Moreh ville de farwest de l’extrême orient indien.
Autrement dit : le trou du cul de l’Inde… !
Une artère, des baraques en bois, pas d’eau courante, des lumières blafardes…
Bon, on va prendre notre temps. Déjà, retirer des sous. Après un léger sursaut quant au look de la première banque sur laquelle on tombe, on trouve finalement un ATM. Ouf, ça fonctionne. Ensuite, manger. Riz, curry, ça va… la transition se fait doucement… Sauf qu’avec la frontière, on a perdu l’usage de la cuillère, au profit de la main.
Ici, il y a de nombreuses minorités. Et pas beaucoup d’Hindi. On nous observe beaucoup. Ça fait drôle… On ne sent pas très à l’aise.
On retrouve nos compagnons d’infortune chez les Commando. On nous dit que peut-être on pourrait partir avec la relève, qui arrive vers 16h. Finalement, les Australiens et le Canadien, accompagnés du convoi des forces de sécurité, réussissent à quitter Moreh, mais nous, nous ne pouvons pas monter dans le camion. On doit donc rester ici pour une durée maximum undefinitly nous dit un local…
On pose nos affaires dans un hôtel miteux (re-bonjour les puces pour Marion !), et on part se trouver une bière, chose finalement pas si difficile dans une région normalement « sans alcool ».
Assis sur un banc, tous les 3, nous trinquons à notre arrivée en Inde ! Quelle journée !
Le lendemain, on se fait un petit dej’ local, massala (crêpe fourrée à la pomme de terre épicée), et thé au lait sucré et aux épices.
Et on part chercher un peu des infos. Entre temps, on trouve une auberge beaucoup plus sympa, propre et moins chère (3€) que celle de la veille. Le gérant, RK, est très sympa. Ça fait du bien.
La journée passe tranquillement, entre informations diverses et variées concernant l’ouverture de la route demain, à celle d’une route secrète, d’un mini-van qui part à 3h du mat’ en repassant par le maximum undefinitly…
On se balade, il fait beau, on essaye de positiver et trouver nos repères. Il faut dire qu’il n’y a qu’une rue à Moreh, pas de marché vraiment florissant parce que tout le monde part en Birmanie pour faire ses courses, 15 hôtels tous fermés, et 4 resto’ (bui bui où il ne vaut mieux pas boire l’eau) et pas de St Moret, la looose quoi !. Ah si, point positif, on trouve des petits pains type « baguette ». On a dévalisé le stock !
Il y a, pour nous sauver, l’Internet Café et le wifi qui ouvre à 17h. Ok, on reviendra. Les gens commencent à s’habituer à nous, et on arrive à engager quelques conversations, toutes tournent bien évidemment autour du conflit et de la route bloquée.
On prend donc notre « mal » en patience. Juste qu’ici c’est nul. Bah oui, fallait prendre un avion pour Delhi ! C’est ça aussi la bourlingue. Et puis comme ça, on rattrape le retard du blog !
On relativise : on est fâchés d’être bloqués ici, mais en attendant, les habitants du coin n’ont pas accès aux soins de santé nécessaires, il existe beaucoup de discriminations avec les différentes minorités, …
On va en apprendre un peu plus, puisqu’on va finalement passer 5 jours à Moreh, à discuter avec la police du Manipur (se boire un jus de pomme au soleil avec le commandant) afin de mieux comprendre la situation des Seven Sisters (7 provinces), cette partie Nord-Est de l’Inde, qui souhaite son indépendance a-t-on compris…
Après de nombreux rebondissements sur l’ouverture ou non de la route (Les négociations avec le représentant des villageois et l’armée indienne ont abouties. Super. On fait donc nos sacs et au réveil… on nous dit que non, finalement, c’est encore bloqué. Raison invoquée : c’est le représentant des villageois et les villageois qui se sont mal compris…), l’arrivée de Rob, un américain qui nous tiendra compagnie pendant 2 jours, le bon petit resto trouvé pour le petit dej’, puis un autre pour manger des nouilles, et le magasin qui vend des gâteaux, les bons repas cuisinés par RK (après la visite du marché, bien bien crado’… Ok Ok, ça va être cuit… pas de problème…mais ça reste pire que ce qu’on n’a encore jamais vu – retour au Moyen Âge, l’atelier peinture à la guesthouse pour aider RK… Tout cela fait qu’on s’installe tranquillement à Moreh-city…
Mais, alors que nous sirotions une bière sur la terrasse de l’auberge, lors du 5ème jour, la bonne nouvelle tombe.
Ça y est. La route ré-ouvre enfin !
On prend rendez-vous avec un minivan, départ à 6h demain matin ! woué !!! Nous sommes libres !
bon ,nous on a à les routiers mécontents et les auto écoles qui protestent, vous c’est les villageois !!!
Il y a un gouffre . Faudrait que l’on remette nos valeurs en questions ……
Marion tu es superbe,splendide ,
Bises à vous deux
Ça vous a laissé 5 jours pour vous préparer à la gastronomie indienne et à la courante qu’elle peut provoquer 🙂
Désolé, j’ai pas trouvé mieux comme réconfort
L’Inde c’est aussi le pays des contrastes. On peut passer du très très bon au « J’ai jamais vu pire que ça de toute ma vie », d’une langue à l’autre, d’une ethnie a l’autre, d’un état à l’autre, d’un type de plat a un autre etc. Je conseil quand même le Mumbai-Madras en train, suivi d’un Banana Lassis sur la plage à Pondichéry. Vous vous sentirez comme Clooney. What else?
Toujours cool les photos ou on peut vous voir, même si ça m’étonne que tu poses avec une arme Brice (Je sais pas pourquoi après tout tu es un ingénieur et on sait bien que ce qui vous intéresse les Gadzarts c’est comment, pas pourquoi).
C’est vrai qu’elle est tres jolie Marion
Ça viendra plus tard… Mais on est très loin de se sentir en Inde ici.
D’ailleurs les gens ici font aussi la différence.
Pourquoi elle a les cornes courbées vers l’avant la vache ? Elle veut se distinguer des autres?
C’est pour pouvoir l’accrocher le soir, comme un cintre. Ils font les choses differement en Inde.
pas du tout ! c’est pour ressembler aux éléphants…!
oui, oui, la fille est jolie, c’est parce qu’elle a de qui tenir…
hé hé pardi !
évouzétoula
Ca te rappelle pas le boulot Brice? A peine tu les rencontres, ils font déjà chier les indiens. Je suis pour l’abolition de l’Inde.
Bises
C’est un peu ça oui…
Cette ville a un petit air de far west !!