Trop tard – Partie 2

Une fois de plus, la voie ferrée passe entre et à travers les montagnes (les lignes de chemins de fer sont de formidables exploits techniques ici!) et nous permet d’avoir de belles vues sur les rizières et cultures en terrasses.
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On s’amusera plutôt bien dans la ville d’Anshun, à se balader dans le vieux quartier pas encore remplacé par des barres ou des centres commerciaux.
DSCF8264 DSCF8286DSCF8272 DSCF8376 Stitched Panorama DSCF8371Et puis la région du Guizhou est réputée pour être un peu comme le « Nord » : pas très riche, un temps humide et frais… largement compensé par une chaleur humaine indéniable. Et on n’est pas déçus – d’autant plus que nous devons encore une fois être les seuls laowai de la ville. Les gens nous sourient tous, les marchands ou les passants se plaisent à poser pour la photo… on se sent bien accueillis.
DSCF8292 DSCF8273 DSCF8278 DSCF8266 DSCF8252 DSCF8249 DSCF8245 DSCF8246 Et une fois la nuit tombée, les commerçants sortent les étals de xiao che (petits snacks) pour le plus grand plaisir de nos papilles.
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On découvre qu’il y a deux villages où vivent des minorités dans les environs, sympas et encore bien préservés. On nous dit aussi que les bus partent soit de la gare du Sud soit de celle de l’Ouest.
Bon, on saute dans un bus, direction la gare de l’Ouest… on traverse la ville, ses faubourgs… et on arrive dans une zone perdue en bout de piste d’aéroport. Parce qu’entre temps, ils ont déménagé la gare de l’Ouest. Et il n’y a pas le bus dont on a besoin ici. Alors, on reprend un bus dans l’autre direction, et on essaye d’aller à la gare de l’Est. Mais elle aussi a déménagé. Elle est à perpet’. Et puis bien sûr, en arrivant, on nous explique que ce n’est pas ici qu’on peut prendre le bus pour ce village, mais ok pour l’autre village.
Ça fait déjà plus de 2h qu’on se fait le tour des gares de la ville (comme au monopoly), alors, on monte dans le bus pour le village de Tianlong.
On est déposés 20min plus tard, au péage de l’autoroute. Woué…
On décide de marcher un peu, pour trouver le village. La grosse route, sur laquelle circule de nombreux gros camions qui puent n’est pas des plus plaisantes. On fait donc du stop, et on est bien contents d’être dans la voiture quand on voit qu’on doit traverser la zone environnant la mine de charbon, avec de la boue noire, de la boue grasse et de la boue jusqu’aux chevilles… On est proche de l’enfer ici… !
Une fois de plus, on a un mauvais pressentiment.
En arrivant aux portes du village, on réalise que celui-ci est tout en travaux. Ça y est : les façades, les rues, tout est en train d’être refait ! Il reste bien sûr de jolies bâtisses, mais il faut faire abstraction des tranchées, des échafaudages et de la réunion de chantier qui passe par là…
DSCF8302Stitched Panorama DSCF8317 DSCF8312 Stitched Panorama DSCF8360 DSCF8311 DSCF8359

Retour en stop à Anshun, un peu contrariés de notre journée.
On part le lendemain pour les villages de Yunfeng.
Grâce à notre tour des gares de la veille, on sait à peu près où prendre le bus. Ce qui s’avère aujourd’hui, être une mission plutôt facile !
30 min plus tard, on est déposés à Benzhai.
Dans la rue, des tranchées partout et de la gadoue… ici aussi, le village est en travaux.
Alors, on fait abstraction, et on se balade. Mais c’est bien plus sympa que la veille.
C’est joli ces maisons en pierre. Ces auvents en bois aux linteaux et poutres sculptés. Ces jardins potagers. Ces cours intérieures. Ces escaliers recouverts de mousse.
DSCF8377 DSCF8384 DSCF8419 Stitched Panorama DSCF8416 DSCF8413 DSCF8434Il n’y a personne. Pas de touriste, c’est sûr. Mais surtout pas d’habitant. Juste quelques personnes qui travaillent sur les tranchées… ils doivent refaire la voirie…

Nous poursuivons notre journée à la campagne, en rejoignant le village voisin. Les cultures s’étendent autour de nous, et tout pousse ici et là.
DSCF8445 DSCF8605 DSCF8604Yunshan est un charmant village, de maisons en bois, et ruelles sinueuses. La ville est entourée de remparts et est coincée au creux d’une vallée.
Mais en entrant par la grande porte des remparts, on découvre des travaux !
Les mêmes qu’à Benzhai. Des tranchées, de la boue, et une ville déserte.
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Surplombant le village, un monastère est posé au sommet d’une montagne. Alors on y grimpe.
DSCF8464Et quelle jolie surprise !
Le paysage qui se déploie devant nous est magique. Une multitude de petites montagnes, des « pains de sucre », des « chapeaux pointus » à perte de vues et en bas, des cultures dans les vallées.
Stitched Panorama DSCF8544 DSCF8496 Stitched PanoramaOccupé par trois moines affables, ce monastère est empli de sérénité. On se sent loin, si loin de la Chine des « grands travaux » et on a l’impression d’être face à une intemporelle estampe chinoise.

On continue tout de même de se balader dans ce village certes très joli, avec un côté Merlin l’Enchanteur, malgré l’absence de vie…
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Retour en stop à Anshun, avec, on ne pouvait pas mieux tomber, deux archi/urbanistes en charge du projet de « réfection » des jolis villages traditionnels du Yunfeng en attraction touristique… avec photos à l’appui des différentes phases du projet
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Bon.
Bon.
On est un peu perplexes, avec le sentiment d’être arrivés trop tard. Entre le joli village qui a brûlé, et les 3 autres qui subissent d’importants travaux de « mise en beauté », on a l’impression que le tourisme chinois mange ce qu’il reste d’historique – et pour nous d’authentique.
Mais peut-être aussi ne tourismons-nous pas de la même manière. Alors oui, il y a le souci pour ces populations rurales d’améliorer leurs conforts (et peut être leur qualité de vie ?).
En contrepartie, les habitants, qui vivent actuellement sereinement, vont d’ici quelques années vendre chinoiseries et brochettes d’insectes aux hordes de touristes…
Et peut-être qu’ils seront très contents de voir leurs villages attirer du monde… Mais ce n’est pas le ressenti que l’on a – notamment à la vue de Dehang ou Fenghuang.
On en vient à être observateurs et acteurs de ce mauvais côté du tourisme.
En voulant voir des choses authentiques, on alimente la machine touristique qui tend à détruire – ou du moins à biaiser – toute authenticité au sein de ces villages perdus. Un débat bien compliqué, qui ne se limite pas qu’à la Chine et qui nous questionne beaucoup sur notre façon de voyager et en particulier sur ce que nous avons envie de voir.

Allez, il fait trop froid depuis quelques semaines, on se carapate dans le Yunnan.

7 thoughts on “Trop tard – Partie 2

  1. ya moyen de survoler ces régions en avion ?

    Sinon, pour vous sentir moins touristes, installez-vous un mois dans une ville ?

    J’essaye de faire l’analogie avec la France : imaginez un couple de chinois vivre un mois à Meymac: je vous laisse googlemaper et streetviewer l’endroit !

  2. Comme c’est laid leur projet de rénovation. C’est marrant de massacrer à ce point son patrimoine. Bon, vu notre côte d’azur, il faut sûrement en passer par là avant d’élever les consciences…

  3. Ben le tourisme, c’est comme les mesures scientifiques, ça modifie le milieu, même dans les réserves les mieux protégées…

    Idées de tourisme à impact neutre :
    – être un local (cf suggestion du dénommé dbz)
    – se déguiser en local
    – visiter discrètement de nuit, habillé tout en noir, façon ninja

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