Allers et venues

[Info pour ceux qui sont perdus : cet article relate nos vadrouilles printanières, estivales et automnales dernières. Oui, nous sommes bien à la bourre!
Plus d’info sur la carte
vers ce lien]

Changement de région, changement de décor, changement de saison.
Nous sommes toujours mi-Avril, mais quand nous quittons les derniers frimas des Hautes-Alpes pour la douceur du Midi, c’est sous un soleil de printemps que nous arrivons à Saint-André, dans les Pyrénées-Orientales, la région d’enfance de Brice.

Notre tête est encore dans le Queyras, et nous peinons à nous réjouir.
D’autant que la situation familiale ici est compliquée
: la grand-mère de Brice va bien, mais un récent incident nous fait réaliser qu’elle ne peut vivre seule plus longtemps (à 95 ans tout de même!).
Il faut accompagner Jocelyne à prioriser les idées, faire le tri, se dépatouiller dans la paperasse et la logistique… et simplement l’aider à ne pas paniquer.
Par chance nous trouvons rapidement une place dans une maison de retraite dans le piémont pyrénéen, à quelques kilomètres seulement de
Saint-André. La structure est récente, le cadre serein avec vue sur la plaine, la côte, et les montagnes. Nous n’aurions pu espérer mieux. Et cela permettra à Mamie de retrouver progressivement ses esprits et s’apaiser.

Malgré les difficultés, l’organisation et le stress, nous arrivons malgré tout à prendre le temps de nous aérer les esprits. La région, et en particulier la côte Vermeille ont de quoi nous régaler, et nous pouvons en profiter sans la pression des estivants, pas encore arrivés. Les plages peu fréquentées à cette saison s’offrent à nous, pour des bains de mer encore frais.

C’est par la route du littoral que nous partons nous balader. Banyuls-sur-Mer, Collioure, Port-Vendres, Cerbère et Port-Bou, porte vers la Catalogne espagnole. Ces villages que Brice connaît depuis qu’il est petit, mais qui se dévoilent à nous sous un regard d’adulte, à chaque fois que nous avons l’occasion de passer dans la région.

Ainsi, nous rejoignons le phare du Cap Béar pour marcher le long de cette côte de schiste déchiré, qui abrite de jolies criques rocheuses dans lesquelles les eaux turquoises de la Méditerranée invitent à se baigner.


Entourés des falaises, des coteaux fleuris et remplis d’arbustes dans lesquels les oiseaux se cachent, nous respirons les embruns. Il
suffit de pas grand chose pour nous sentir apaisés.
Le chemin serpente le long de la côte, laissant
apparaître villages de pêcheurs, plages, vignes alignées des Appellations de Banyuls avec en ligne de fond, le massif des Albères.

Un jour, nous prenons de la hauteur en grimpant au pic du Néoulous, sommet de ce massif, culminant à 1256m alt., et qui marque la frontière avec l’Espagne, qui nous est encore interdite en ce printemps 2021 (en raison de la crise sanitaire). Une belle ascension à travers forêt de feuillus, pins et plaines d’alpage.


Nous nous retrouvons sur la crête qui ouvre la vue sur les Pyrénées catalanes alors que nous saluons les vaches espagnoles. D’un
côté, le plateau qui rejoint la mer Méditerranée. De l’autre, le Valespir et les contreforts des Pyrénées. D’un côté la plaine du Roussillon, et de l’autre la Baie de Rosas.
Qu’il est agréable d’être sur ici. Nos envies de découverte de l’Espagne grandissent. Progressivement, la graine germe

Une fois la situation stabilisée à Saint-André, nous quittons la région en direction du Gers. La voiture toujours chargée de notre barda hivernal, nous prenons la route. Comme à nos habitudes, nous empruntons le chemin des écoliers.

Nous remontons la vallée de Maury et le Fenouillède, pour rejoindre le département de l’Aude puis celui de l’Ariège… quand sur une petite départementale, le voyant de niveau de liquide de refroidissement s’allume, avant de voir l’aiguille de température de ce même fluide grimper en flèche.
Nous nous arrêtons sur le bas côté et ouvrons le capot.
De la vapeur. Le réservoir est vide. En tentant de remplir le circuit avec de l’eau, on s’aperçoit qu’un bouchon de caoutchouc sur la durite du radiateur a sauté, et que cela fuit à grande eau.
Impossible de maintenir le niveau.

Bon.
Nous appelons l’assistance dépannage, qui vient nous chercher 1h30 plus tard… récompense
pour nous être aventurés sur ces routes secondaires, voire tertiaires.
Nous prenons notre mal en patience, sur le bord de la route, et nous préparons à passer le long week-end, quitte à dormir dans un garage.
Car nous sommes samedi après-midi,
en plein milieu du pont de l’Ascension.
L
es heures défilent et le sympathique Gilles vient finalement charger notre auto sur sa dépanneuse.
Par chance, nous contactons le seul garage ouvert de Lavelanet. Il nous attend avant de fermer. Mais surtout, il possède le tout petit morceau de caoutchouc qui va bien. Quelques litres de liquide fluo sous le capot et reprenons la route, enthousiastes!

Nous retrouvons Jean et Sylvie, de retour à Carpoulère, pour quelques jours au vert.
C’est ainsi l’occasion de faire un peu de tourisme dans le coin, de découvrir la petite vallée de l’Auzoue, entre balades à travers champs, vieilles églises romanes ou
bâtisses abandonnées, voie romaine et bastides gersoises comme à Montréal, Larressingle ou encore Fourcès.

Et de finir à la terrasse d’un restaurant (les établissements rouvrent tout juste !) pour un moment fort agréable (mais non mémorable pour certains).

Enfin, nous reprenons la route, plein Est où Perrine & Co. nous attendent. Ils ont emménagé dans une nouvelle maison dans laquelle nos cartons d’hiver vont trouver refuge, et nous aussi (merci merci merci).
L’Été s’installe, l’eau de piscine se réchauffe, les soirées sous des ciels de savane s’allongent.

Et Brice, depuis quelques semaines, a repris sa recherche de travail.
Il est temps de penser à la suite pour nous. Nos idées sont nombreuses, tout comme nos doutes. Comme souvent.
Nous ne savons pas encore quel chemin prendre. Les choses avancent lentement, c’est peut-être comme cela qu’elles mûrissent correctement.
Depuis Saint-André déjà, Brice enchaîne les longues journées de recherche, d’ateliers de formation, de prospection et de développement de son réseau et de préparations d’entretiens… frustrants de faire tout ce travail pour rien (“jusqu’à ce que”).

Nous savourons les moments en famille, chanceux de partager ce quotidien avec eux.
D’avoir néanmoins, du temps.
Nous voyons grandir
nos neveux mignons et trognons, et profitons de Perrine qui a, elle aussi, du tempspour l’instant.
Balades à Bordeaux dans les ruelles aux façades
de calcaire de style classique, immersion impressionniste et impressionnante dans une ancienne base allemande de sous-marins pour les Bassins de Lumière. Renoir, Monet, Pissarro, Signac, Dufy, … Nous perdons la notion d’espace et le cours de l’histoire dans un bain de couleurs anachroniques.

Le temps d’un week-end prolongé, nous rejoignons tous ensemble la côte charentaise, et le village d’Angoulins à une poignée de kilomètres de la Rochelle. Bungalow, orgie de framboises cueillies dans les arbres et pieds dans l’eau.
L
es roses trémières nous accompagnent de leurs fleurs pâles dans nos promenades dans les ruelles calmes. Les couleurs sont belles. L’atmosphère est sereine en ce mois de juin. Les couchers de soleils poétiques, et les soirées en terrasse à papoter et jouer aux cartes. Les souvenirs les plus pérennes trouvent parfois leur sources dans des moments anodins.

Même La Rochelle nous apparaît tranquille, une fois quitté le tumulte du port, un cornet de glace à la main.
Le quart
é vacances, bateaux, mâts qui claquent et goélands.

Notre programme de 2021 se découpe ainsi, entre nombreux séjours dans les Pyrénées-Orientales, passages à Carpoulère – car comme tout le monde le sait, c’est sur la route, et pauses en famille dans le Cubzaguais. Des allers-retours à différentes saisons et de durées variables.
De la recherche de boulot, de la famille, de l’isolement dans un « chez nous » que nous adoptons pour l’occasion. Et puis, des escapades car le voyage reste notre identit
é.

Nous bougeons en fonction du vent, de la migration des oiseaux et de l’arrivée des abricots. Nous suivons les organisations, les impératifs et les vacances des uns et des autres.
Nous campons parfois, retrouvant la simplicité que l
e voyage en voiture aménagée nous procure.
Un terrain plat, des arbres ou un champ, et le silence. Les oiseaux comme voisins et compagnons de soirées, et des nuits étoilées incroyables, ce combo qui nous rend libres et nous permet de savourer pleinement la chance
de notre oisiveté.
Les jours et les semaines passent. En douceur.

Nous attendons mi-juin pour découvrir les montagnes du Béarn (c’est pour un prochain article) pensant que le temps serait suffisamment doux avant de rejoindre les routes espagnoles pour un bon mois (mais ça sera aussi pour un post dédié).

Ayant la maison de la Mamie pour nous seuls, nous nous organisons autour d’un rythme de sédentaires éphémères. Plusieurs matinées par semaine : course à pied pour les unes, vélo pour les uns… plage pour les deux.
Nous peaufinons l’exploration du massif du Canigou (2785m alt.), n
ous randonnons à travers de verdoyantes forêts qui sentent bon l’humus et les pins.





Nous longeons la côte pour de rafraîchissants bains de mer, une fois les plages de galets franchies dans une démarche chaloupée.
C
es balades se font seuls, le plus souvent, ou en la bonne compagnie de Kpou ou de Jean-Claude qui nous rendent visite. L’occasion de redécouvrir avec ce dernier la ville de Perpignan et son célèbre festival de photojournalisme.



Brice poursuit ses entretiens de recherche d’emploi, et enchaîne ascenseurs émotionnels intenses, longues attentes et journées bien remplies.
Et puis, bien s
ûr, nous profitons de notre proximité avec la Mamie pour lui rendre visite autant que possible, lui apporter du baume au cœur et des gâteaux, et écouter ses histoires.

À deux reprises, Paris nous accueille : pause urbaine au rythme haletant.
La vie va vite ici. Nos pas ont dorénavant du mal
à se caler sur la cadence imposée au citoyen de la Capitale. Mais nous nous offrons un bain culturel*. Nous plongeons au Louvre pour voyager à travers les trésors égyptiens, mésopotamiens, étrusques et perses. Nos yeux se perdent dans les couleurs chatoyantes des joyaux de la Couronne, avant de rejoindre la galerie du Premier Empire, sur les murs desquels les grands maîtres ont raconté leur époque de leurs toiles monumentales.


Nous passons par le Panthéon, le Musée d’Histoire Naturelle, celui de l’
Anatomie Comparée et la Grande Mosquée. Nous faisons des allers-retours dans le temps, dans l’histoire des Hommes et des civilisations. Le Musée du Quai Branly nous fait voyager en Océanie ou en Afrique… Une invitation à reprendre la route. Il y a tant de choses à découvrir dans ce monde.


Marmottan nous
subjugue de ses plus belles toiles impressionnistes, la gare d’Orsay nous invite à un voyage dans les Arts de la fin du XIXème siècle lors d’une nocturne, tandis que Beaubourg nous régale d’Art Moderne.


Nos yeux s’imprègnent des couleurs, des matières, de la finesse des visages peints ou sculptés, des détails, des volumes et de la grandeur ou de l’ancienneté de certaines œuvres. Et ça fait du bien.
Ça nous avait manqué.

Et puis, nous prenons plaisir à déambuler dans cette ville, musée à ciel ouvert : façades haussmanniennes, boutiques colorées, quartiers branchés, terrasses occupées et couloirs de métros étriqués.



Le Jardin du Luxembourg, des Plantes ou les Serres d’Auteuil, le bois de Vincennes ou de Boulogne nous permettent de ralentir le rythme. Même si Marion s’y fait quelques footings chronométrés.

Mais bien sûr, l’objet principal de nos passages parisiens est d’y croiser les copains.
Dimanche barbecue, soirée libanaise, apéro crudités, couscous, dégustation de vin, calissons…




Les enfants grandissent, les pattes d’oie se prononcent, sillons de bonheur que nous partageons pleinement.
Ici encore, nous prenons tout ce que nous pouvons de cet amour qui nous nous fait parfois défauts sur d’autres continents. Recharge de batterie !

De retour dans le Sud, nous reprenons une cadence plus lente. Nous enfourchons nos vélos, pour remonter la Gironde et rejoindre Blaye et sa citadelle Vauban ou rouler quelques kilomètres (seulement!) de cette piste cyclable qui relie Cadiz à Izmir, le long de la Méditerranéenne. C’est fou !
L’Automne approche.
Les grappes de muscat ou de merlot sont lourdes, tout comme les figuiers qui nous invitent
à tendre les bras pour attraper ces juteuses fleurs**.



Nos trajets nous mènent sur les routes départementales à trois chiffres reliant
des villages perdus.
La France est belle. Nous l’avions déjà dit l’Été
dernier.


Les remparts de Vauban de Villefranche-de-Conflent, la cité de Viollet-le-Duc à Carcassonne,


l’imposante cathédrale Sainte Cécile d’Albi (forteresse de l’exterieurm mais joyaux une fois l’élégant fronton passé),


la bastide d’Édouard 1
er d’Aquitaine à Talmont-sur-Gironde,
ou le charmant village médiéval de Saint-Cirq-Lapopie
suspendu sur le Lot, …

La France est riche. Mais ça aussi nous l’avions déjà dit
l’Automne dernier.

Les copains sont en vacances en Dordogne ? Nous leur rendons visite : c’est sur la route (!).
Quelques jours pour
savourer les spécialités locales, sortie en kayak et apéros sur l’herbe.


Et Brice retrouve ses potes pour un week-end pluvieux – contre toute attente ! – au Pays Basque.


Ses recherches d’emploi se décantent enfin et deux pistes se précisent. Deux choix que tout oppose, deux directions, deux projets intéressants : un en France proche de nos amours de montagne, et l’autre en Corée satisfaisant notre soif de découverte.
Ça fuse dans nos têtes, nous
pesons les pour et les contre. Nous analysons, réfléchissons, nous laissons décanter, nous doutons, puis finalement, nous choisissons.
Ce sera la Corée du Sud.

S’ensuit, pour Brice, un mois de Novembre à Paris de formation et de préparation visa qui s’éternise (3 heures de transport par jour ce n’est plus pour nous).
La froideur et l’humidité
franciliennes sont saisissantes à cette période.
Brice
saisit néanmoins l’opportunité de visiter le château Versailles, de revoir les copains et de balades dans Paris avec sa maman avant notre départ.

Marion de son côté s’offre du bon temps avec ses neveux, et s’occupe une dernière(?!) fois de rouvrir les cartons, de trier, de choisir.
Le cœur gros, nous vendons notre voiture, fidèle et robuste compagnon de bourlingue de cette année et demi passée en France***.
Un nouveau chapitre pour elle et pour nous va s’ouvrir !
À suivre.

 

* Nous avons découvert, malheureusement beaucoup trop tard!, qu’en notre qualité de “Chercheurs d’emplois”, les musées nationaux sont gratuits!!!
Nous ne nous en sommes pas privés, passant près de 10 heures d’affilée dans l’immense collection du Louvre, et Brice enchaînant par deux fois, 3 grosses collections par jour à travers un Paris Automnal.
Ce patrimoine de l’humanité vieux parfois de plusieurs millénaires. Cela donne le vertige et fait réfléchir su
r éphémérité des civilisations ou des espèces.

** Oui oui! Les figues sont les fleurs du figuier, que nous glanons sur les arbres sauvages et dont nous avons savouré le nectar par kilo.

*** Nous n’aurons pas l’honneur de passer les 300 000km ensemble.

8 thoughts on “Allers et venues

  1. Je crois que C’est vous qui faites les bons choix de vie ! Vous êtes des vrais enfants de la terre. Vous savez voir, apprécier l’univers. Vous avez des leçons de vie à transmettre.
    Bon alors, vous êtes en Corée ? C’est comment là-bas ?
    Franchement je crois qu’on aimerait tous que vous nous relatez vos moments de vie actuelles questions qu’on puisse se projeter dans votre univers du moment. Brice travaille dans quoi en Corée ? Je vous embrasse. Frederique de ton ancien bureau d’à côté

  2. ah ah : certains paysages ne me sont pas inconnus (le poste de secours P4 sur la photo ressemble furieusement à la plage d’Argelès). Kpou, je me souvenais pas que tu étais venu à Perpignan. Ca fait du bien de revivre l’été dernier et aussi des visites d’enfance (Carcassonne, Montréal…) et d’autres plus récentes (2iè confinement à Bordeaux)

  3. Je suis dans la bourliiiiiiiiiiiiigue !!!
    Truc de fou, de dingue, de psychopathe !!!
    Je suis trop fieeeeer !
    Jvous kiiiiiiife !!
    🙂

  4. Bonjour

    j’ai pu retrouver votre sympathique blog à partir d’un de vos messages sur Voyageforum.

    Beaucoup d’entre nous qui étions sur VoyageForum ont regretté sa fermeture, qui semble définitive. Nous sommes depuis nombreux à nous retrouver sur un nouveau forum, gratuit, non commercial et participatif, où nous avons le plaisir de partager nos voyages, lire des récits et carnets (très nombreux), pouvoir poster nos photos de voyage, un concours photo est en cours, bref on est heureux de se retrouver.

    C’est pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre et participer autour du thème des voyages, poser vos questions…

    https://forumvoyage.forumactif.com/

    N’hésitez pas à participer en racontant vos voyages ou à préparer le prochain en demandant des conseils, on sera heureux de vous retrouver 🙂

    Amicalement
    Deborah

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