Et oui.
En cette fin d’année c’est le retour de la bourlingue.
Pas vraiment la bourlingue comme on l’entend. Pas vraiment celle des molek bringuebalants et des assis durs bruyants, des coraux bariolés et des mosquées aux tuiles bleutées.
C’est plutôt la bourlingue, au sens large. C’est nous, qui vivons en Chine depuis plus de 3 mois maintenant.
C’est Brice et Marion, les bourlingots comme d’aucun nous appelle, qui ne vadrouillent plus tellement, mais qui gardent, on l’espère, un regard curieux sur le monde qui nous entoure.
Alors, on a pris le temps de s’installer, de percer de quelques trous les murs de cette immense maison qui est désormais la nôtre pour y accrocher des étagères et y poser nos vêtements.
Parce qu’aussi ahurissant que cela puisse paraitre, notre garde-robe s’est considérablement étoffée puisque nous avons eu la chance et la joie de repasser en France fin Août.
Oui, c’était il y a 4mois…
Rembobinons.
Le 8 Août, nous quittions Bangkok pour Guangzhou. Nos sacs sont remplis à ras bords de nos deux années et demi de voyage.Ça y est. Nous allons le poser pour « de bon » ce sac.
Notre maison est immense. Quelques 120m2, juste pour nous deux. Même notre lourd paquetage semble minuscule. Mais la vue est plutôt sympa.Nous sommes installés au bout du bout du bout du bout de la route. Une fois notre maison passée, le chemin n’est plus que terre. Nous sommes dans la partie haute du village de HuaGuo, dans le hameau de JiGongTian (respectivement 花果 et 鸡公田, ce qui signifie « fleur-fruit » et « champ du coq »), une quinzaine de bâtisses sans charme sont édifiées.
Nous sommes au deuxième étage d’une des plus hautes maisons. En dessous, un collègue/copain/voisin.
Voilà, dans ce village isolé vivent une trentaine de personnes dont une grosse demi-douzaine de laowai. Nous, les laowai de l’entreprise Entre-Prises.
Un village au calme, comme on pourrait s’en angoisser autant que l’aimer.
Il faut un peu de temps pour s’installer et intégrer ce nouveau paysage et environnement. Il n’y a pas de bus, pas de gare, pas de transport en commun et encore moins de supermarché.
Mais de l’électricité, de l’eau de la montagne et du wifi.
En marge de la rivière, il y a bien une mare avec des grenouilles et des canards.
Autour de nous, des poulaillers, des chiens, des ruches et leurs lots d’abeilles. Et des vergers, des potagers, des cultures et des plantations.
Bananes, papayes, litchi,… La nature autour de nous est belle.
Brice commence le boulot sur les chapeaux de roue.
Il alterne des allers-retours administratifs « à la ville » de HuiZhou pour préparer son visa de travail, il apprend tout plein de choses sur la gestion de projet d’un milieu qu’il est loin de maitriser et s’habitue de nouveau à travailler derrière un ordinateur.
Marion prend ses repères, aussi bien dehors que dedans.
Mais notre premier séjour ici est de courte durée.
Notre visa-touriste n’est que de 15 jours.
Pour nous installer une fois pour toute, il nous faut un visa. Un vrai.
Et pour l’obtenir, la meilleure manière est de le faire à l’Ambassade de Chine… en France.
Et ça se goupille plutôt bien puisqu’ainsi, Brice suivra une formation de deux semaines au siège de la boîte, en France.
En France, genre en France, LA France !
Celle que nous n’avions pas revue depuis que nous sommes partis.
Ce pays qui a subi de plein fouet les affres récentes de notre société et qui nous parait avoir bien changé depuis notre départ.
Notre pays que nous ne lorgnions plus que par la petite fenêtre des informations sur nos téléphones ou par les bribes d’informations glanées ça et là, chez nos familles, nos amis… nous le rejoignons avec un mélange d’appréhension et d’excitation.
Qu’allons-nous (re)trouver ?
C’est ainsi que nous nous sommes bien installés dans un avion pour Paris et pour 3 semaines de « vacances ». Est-il nécessaire de souligner que nous ne faisions pas les malins à l’aéroport.
Nous nous apprêtions à survoler les pays et les frontières qui nous avions traversés, les montagnes que nous avions pris le temps de contempler, et les plaines d’arpenter. Un raccourci spatial et temporel, qui nous a tenu au corps plusieurs jours après notre atterrissage à Charles-de-Gaulle.
Vendredi 19/08/2016. 05.00 GMT+1, Paris, France : C’est fou !
On sourit bêtement à tout le monde et on salue. Désormais, on peut lire et comprendre tout ce qui est écrit. Les annonces dans le train ne sont plus des krrktchingjatong, mais des phrases intelligibles dont nous comprenons chaque mot. Et les gens nous comprennent.
On retire des euros. Wouah ! Regarde, c’est un nouveau billet non ?
En tous cas, au début, cela nous apparait comme une nouvelle monnaie.
On s’achète un ticket de RER. 10€ !Et comme on ne change pas si vite, on se dit que 10€ c’est le prix d’une de nos journées en Indonésie.
Mais dans nos têtes, c’est un renouveau.
On regarde notre environnement comme on le faisait ailleurs, on observe la banlieue qui file, dans un assis-dur express régional décrépit. Les toits de tuiles rouges, les maisons en pierres et briques, le clocher de l’église, l’horloge de la mairie, les quais, et les gens. Ah les gens… on avait oublié que la France est si colorée. Des blancs, des noirs, des jaunes, des marrons, dans un dégradé de couleurs, de boubou ou de sari…
Et nous nous sentons fiers en en prenant conscience.
Notre arrivée matinale dans Paris coïncide avec l’ouverture des boulangeries et la livraison de la petite fromagerie de quartier. Tout est cliché, tout semble mis en scène pour nous accueillir. On est contents.
On retrouve Jocelyne, un petit déjeuner de pain et confiture.Et c’est ainsi que va débuter notre marathon famille, potes, bouffe.
Mais avant cela, nous partons à la découverte de Paris, sac sur le dos et appareil photo autour du cou.
Les Parisiens et les Français nous apparaissent beaucoup plus sympas, plus accueillants que nous nous y attendions. Est-ce la belle saison et les rues désertes qui en font des hôtes souriants? Est-ce dû au fait que nous déambulons dans les rues comme deux touristes aux regards ébahis ? Ou peut-être nous plaisons-nous à aller au contact de l’autre ?
Mais cela nous apparait aujourd’hui : Paris est magnifique. Que c’est beau !
On redécouvre aussi Paris et ses scènes du quotidien : les salles bruyantes des brasseries, l’étroit métro il est petit ! non climatisé, mais il est tellement charmant. Il y a des stations toutes les minutes, des petits murs voûtés aux céramiques astiquées.
Les voyageurs ne sont pas les zombies collés à leur téléphone comme dans le métro de ShenZhen, mais des gens élégants aux styles hétéroclites.
On redécouvre le bonheur de faire du vélo dans Paris, et en plein mois d’août, cela a du bon, seul ou entre amis. Ça a du bon aussi.
à la première gorgée, on doute, mais si, on peut bien boire l’eau du robinet; même en ville elle a bon goût. Et d’ailleurs l’eau froide… est froide ! et ça nous étonne.
C’est intéressant de revoir cette ville que nous connaissions si bien, sous un regard neuf.
Et puis ce territoire.
Que la France est belle !
Tout nous émerveille. Les champs vallonnés champenois, les boulevards haussmanniens frénétiques, les forêts arborées vosgiennes, les fronts de mer ensoleillés de Méditerranée, les montagnes abruptes iséroises, les quais lyonnais, la douce chaleur de l’été, les couleurs de l’automne, les choix de tomates et de fruits, la finesse des saveurs, la variété des produits, les gens et leurs sourires, le savoir-vivre, les terrasses de café, sur des placettes propres donnant sur des rues pavés et sereines…
Oui, nous avions oublié tout ça. On avait perdu l’habitude de la regarder.
La France est belle et on comprend pourquoi elle est tant convoitée, adulée, vantée par les touristes du monde entier.
La saison est parfaite. Le ciel est beau et bleu. L’automne s’invite doucement. Ah, les saisons !Les copains s’étonnent de nous voir et puis finalement, l’étonnement ne dure guère.
Les habitudes reviennent vite. Quand on est entre amis, on se connait, on se reconnait malgré le temps et ses changements.On découvre les blablacar, on prend des ouibus, les Téoz de 6 heures du mat’ et des preum’s. Le TGV, c’est pas bourlingue!
On part à Nancy pour une chouette fête de famille. Ah, ça fait du bien.Puis à Perpignan, Lyon et Grenoble.
Ah, ça fait du bien. Les potes s’enchainent, les retrouvailles et les au-revoir aussi.
On retrouve les uns et les autres changés. Et puis pas tellement non plus. Mais beaucoup aussi parfois.
Tout est intense. Tout va trop vite. On profite, on attrape ce qu’on peut, on s’imprègne de l’amour de nos proches, on s’accroche à ces moments simples. Ah, ça fait du bien.
On raconte, on questionne. On réalise qu’on est parti longtemps et loin…
Ce retour n’est pas si simple à gérer non plus. On se sent également déphasés. On n’habite plus ici. On se sent loin parfois, tout semble pourtant si simple et spontané.
Les allers-retours nous épuisent aussi.
Brice entame sa formation entre l’imposante Chartreuse et la calme Belledonne. Marion continue de traverser la France (il est tout petit ce pays quand même!).
Mais sa mission visa s’avère bien plus compliquée que prévue.
Voilà que commence le périple administratif, les certificats médicaux qu’il faut faire et qui n’ont pas été faits, les courriers qu’il faut envoyer et qui se perdent, les recommandés, les jours fériés, etc.
Petit à petit, on comprend qu’il va falloir beaucoup plus de temps qu’escompté.
Brice se forme à l’ingénierie des murs d’escalade, et à l’escalade par la même occasion.On enchaine les bonnes bouffes, les apéros et les bonnes bouteilles. On s’engraisse de bonnes choses, nos palais s’en réjouissent, la balance moins.
On visite les uns, les autres. On pense à tout le monde, on n’oublie personne, mais on n’arrive pas à tout faire rentrer.
ça va vite, ça passe trop vite.
On ré-ouvre des cartons, soigneusement stockés dans la cave.
On s’étonne d’avoir autant gardé, nous qui croyions à l’époque avoir pas mal trié.
Alors, on donne, on élague comme on peut et on se refait un sac-à-dos, de quelques fringues et chaussures.
On prend des affaires « nécessaires » … mais après tout, de quoi avons-nous vraiment besoin de plus que ce qui se trouvait déjà dans nos sacs ?
C’est tout de même chargés à ras bords que nous rentrerons au village des fruits et des fleurs.
Brice repart le premier, après presque un mois passé en France. Son visa est prêt avec une bonne semaine de retard. Mais pas celui de Marion.
Il va donc falloir qu’on se sépare. L’avion de Brice l’attend, le travail et la Chine aussi.
C’est ainsi que s’entame une nouvelle aventure.
Marion en France.
Brice en Chine.
Pendant deux mois, Marion refait connaissance avec l’Automne, Paris (merci encore Julie!), le monde de la scénographie et des ticket resto’!
Du temps en rab’ pour profiter des amis et de la famille.
Du temps en rab’ pour essayer de prendre du temps, jusqu’en Belgique!
Côté chinois, l’immersion dans le monde du travail est subite. Ce train qui va à deux cents à l’heure et auquel il faut s’agripper… pour qu’il continue de rouler.
Ouf ! Les weekends pour décompresser : du surf, des balades sur les îles du coin.
Et les nouvelles amitiés…. ouf ouf ! Avec Damien, avec Ale’, Adrien, Jérôme, Jean-Luc, Diego et Fifa, l’usine et la salle de bière…
La vie en communauté.
Et puis, Marion arrive enfin.On va enfin pourvoir construire un chez soi.
On va enfin pouvoir démarrer ce nouveau chapitre chinois.
Note – Tout ça mériterait qu’on s’y attarde.
On ne sait pas trop encore de quelle façon on va poursuivre ce blog.
On trouvait finalement dommage de l’arrêter.
On aimait bien raconter.
Alors, ça ne sera certainement plus de la même façon, mais on continuera peut-être à vous conter un peu de notre vie ici.
Cool de vous relire ! De voir vos belles photos qui nous font aussi redécouvrir la France. C’était bien d’être avec vous! Bisous
Très bel article, comme toujours ! C’est beau, ça sent bon ce mélange de poulailler chinois, de métro parisien, d’huitres et de camembert… Ben oui faut continuer à l’écrire votre blog !
Merci de n’avoir pas laissé tombé vos fidèles lecteurs !
Merci de demeurer égaux à vous mêmes, de garder votre fraîcheur, vos émerveillements, votre positivité…
On ne les compte plus les routards ou expats qui, une fois quitté le pays et installés ailleurs, s’empressent de dénigrer, de cracher sur la France. Pas vous.
Et, à y bien réfléchir, c’est sans doute précisément pour cela que je vous suis depuis tout le temps… Pas seulement pour vos magnifiques photos ou vos beaux récits. Jamais négatifs vous n’êtes. Toujours positifs, le secret des bonnes personnes.
Je n’en jette plus, la cour est pleine.
Continuez à nous raconter, passez une bonne fin d’année, et entrez bien dans la nouvelle.
Contente de vous lire à nouveau, ça fait tellement plaisir !
Je pensais justement à vous hier en me disant que vos articles me manquaient !
Dommage de s’être loupés cet été, mais on arrivera bien à se voir entre l’Est de la France, la Chine ou l’autre bout du monde… qui sait ? 🙂
Merci de dire que Paris est belle ! Ça fait du bien au cœur, je me sens bien seule quand je dis que cette ville est belle, quelle me manque et quelle regorge de merveilles ! Les copains qui en sont partis la dénigre tellement aujourd’hui, c’est triste !
Je vous embrasse les copains et vous dis à très vite !
Et oui la France est belle
C’était bien de vous avoir un petit peu ,comme une piqure de rappel. A faire régulièrement ……
Bonne route dans votre nouveau chez vous ,même plus installé, c’est quand même un peu bourlingue
Bises nancéiennes
et l’aventure continue… j’adore vous lire Marion & Brice…. Merci merci merci de nous raconter « en bourlingue »… des gros bisous
Ouah ah ah ah ah ah!!!!!
Bourlingue quand tu nous tiens!!!!
Ca fait du bien ce petit shot que je viens de prendre!
Super le retour de la bourlingue ! Enfin !
À bientôt les amis.
Bises
Contents d’avoir de vos nouvelles et de connaître la vue depuis votre bout du monde, l’horizon depuis votre chez vous. On avait peurs que vous soyez coulés dans le béton des tours.
Rigolo de voir Paris dans votre regard, avec un petit côté walt disney bien sympa ! Chouette de vous relire !
ouf ! j’avais peur que vous laissiez moisir votre joli blog comme un vieux livre de photo !
faut le continuer les amis !
prenez soin de vous mes loulous. je vous embrasse depuis mon bureau parisien
Cool de voir le blog repartir !
J’imagine que vous aviez un emploi du temps de ministre entre la famille et les amis, mais je vous aurais bien fait un ptit coucou à Lyon !
t’es où, sergio ?
on vous embrasse les laowouai
ah m…, je t’avais pas vu
ouf !
Bah ouais, j’ai pas d’alerte en cas de nouveau post, du coup je viens vérifier de temps à autres, je commençais à désespérer !
VIVE LA FRANCE !
Et VIVE JOCELYNE !!
Vous m’avez presque arracher une ptite larme…trop triste de pas avoir pu ètre sur la photo de la PPN 🙁
La prochaine fois vous venez faire votre VISA en Espagne ! 🙂
En tout cas je vous souhaite beaucoup de bonheur dans votre novuelle vie Made in China !
Et 100% pour que vous continuez en-bourlingue.com !!
Vous arrivez à rendre poétique un segment d’autoroute, une station de métro à Gare de Lyon, et même une teufeuse qui dort sur un sac IKEA ! :)))
Que vive la Bourlingue !!