Chamallows à Mashhad

Encore un long voyage pour relier Gorgan à Mashhad ; la côte de la Caspienne vers la plaine du Khorosan. On a l’occasion de traverser le parc naturel du Golestan ; et passer d’un paysage de plaines et de forêts vertes à celui d’une lande aride.

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Le trajet s’allonge, d’autant plus que nous nous sommes levés pour être à la gare routière à 6h… mais le bus ne partira pas avant 7h… Au cours de nos 11 heures de bus, on aura le temps de se reposer, de se renseigner un peu sur l’Asie Centrale qui approche, changer encore et encore nos plans… et aussi de converser avec les quelques passagers dont on attire toujours autant la curiosité… Les discussions ne vont pas bien loin comme notre farsi et leur anglais sont réduits, mais on nous offre des pommes et des gâteaux…

IMG_2558Les gens viennent en famille et en nombre à cette époque à Mashhad pour le pèlerinage sur le mausolée de l’Imam Reza, le seul disparu en Iran.

…et les voyageurs du monde entier se concentre dans cette ville – et il semblerait qu’une grande partie d’entre eux soient dans notre auberge – dans l’attente de leur visa de transit pour traverser le Turkménistan. Ici, c’est un hub de voyageurs en attente !
À notre arrivée chez Vali, il y a déjà 15 personnes, la seule chambre et les 6 lits du dortoir sont déjà occupés, la chambre du fils est réquisitionnée, certains dorment sur des tapis…
En cause, l’ambassade de Téhéran qui promet des délais trop courts aux voyageurs lors de leur demande de visa de transit à Téhéran. En conséquence, le consulat de Mashhad se trouve être le goulot des gens en partance pour ce pays de libertés…
Parmi d’autres, on rencontrera un 2 Espagnols, qui concourent dans le Mongol Rallye, Suzanne et Martin, un couple Dano-Hollandais qui sont partis à peu près à la même date que nous… mais à vélo (!) et avec lesquels nous nous serons super bien entendus, Angel, un Espagnol à moto parti pour relier Londres à l’Australie, un Français qui en revient lui… mais en biclou, et perdu au milieu un autre couple de « touristes » allemands « juste » en vacances ! Et nous ! On vient juste de passer nos 6 mois de voyages, et finalement, nous aussi on fait un grand voyage !

On arrive donc à Mashhad, mais plus tôt que ce que nous prévoyions. Le séjour à Gorgan, en zone chaude et humide était plutôt inconfortable et on se disait qu’on trinquerait bien d’un liquide rouge rubis (…et alcoolisé) pour les 30 ans de Marion plutôt qu’une tasse de thé…
Nous arrivons donc comme des fleurs en pensant que comme on est un peu en avance, le consulat acceptera d’avancer nos dates d’entrée/sortie au Turkménistan, logique : « Je vois pas pourquoi on ne peut pas changer une date sur un ordinateur ! ». Mais souvent, on se rend compte qu’il ne faut pas parler de « logique »…
Chez Vali, avec tous ces voyageurs, tout le monde y va de son expérience, et c’est un « non, on ne peut pas changer les dates » catégorique qui tombe… ! Ok, on verra demain !

Le lendemain, passage au consulat, réveil matinal. On a tous nos papiers, et on quitte l’auberge accompagnés de nos coloc’ internationaux en attente du visa…
Toujours rien pour Angel, ni les 2 du Mongol Rally, rien pour Taka, un japonais parti depuis 3 ans en moto de San Francisco ( ! oui oui !), rien pour Minori, l’autre japonaise, … pfff, le stress monte.
On passe notre tête par la micro fenêtre, on redonne nos passeports etc… et « Ok, just wait for 10minutes », c’est bon ! Et les dates : « Can we change the dates ? » « No. » « Ok, we will wait » …

Donc nous, on est contents, parce qu’on a notre visa pour le Turkménistan.
Mais on est fâchés, parce qu’on est arrivés une semaine trop tôt et qu’on doit donc attendre le 27.
Mais nos amis autour sont en galère de visa, avec des visas iraniens qui périment, des ouzbèks qui peuvent pas être prolongés, … donc juste, on se dit ok, on va attendre et se reposer un peu, et surtout, ni se réjouir, ni se plaindre…

On passera donc de nooombreux jours à Mashhad, et particulièrement chez Vali… dont l’homestay a l’unique intérêt d’avoir une terrasse, un coin pour se poser, et surtout… Marion peut être « dehors » en débardeur, et sans son voile dont on pensait pouvoir se débarrasser plus tôt !

Et c’est bien agréable puisque bien qu’étant la deuxième plus grosse ville du pays, Mashhad n’a pas grand-chose à proposer aux touristes. Etant un lieu de pèlerinage, la ville s’avère aussi assez « fermée » et conservatrice (Marion aura le droit à sa première remarque de la part d’un iman, parce que les manches de sa robe -qui lui arrivent en dessous des coudes- sont trop courtes à son goût… re-pffff ); notamment aux abords de la ville ancienne et du tombeau de l’Imam Reza, où toutes les femmes sont en chaddor, dress-code imposé à toutes pour rentrer sur le site sacré.

IMG_2582Et Marion ne pourra y déroger. Ce sera la source de nombreuses réflexions pour elle (et aussi pour nous) « J’y vais ? j’y vais pas ? c’est affreux ce truc, quelle régression… » ; avant d’accepter, à l’encontre de ces convictions, de se plier à la coutume. Ça reste nul ce truc…

En effet, le site de la tombe de l’Imam Reza est le second site le plus sacré pour les Chiites d’Iran (après la Mecque, indétrônable number one) ; car Reza est le seul des 12 Imams sacrés du chiisme à avoir son tombeau en Iran. Et c’est donc l’occasion d’y trouver un complexe religieux énorme mêlant des mosquées et des cours vieilles de plusieurs siècles à des esplanades ultra modernes pouvant accueillir l’incroyable afflux de pèlerins ou de simples fidèles au moment de la prière.

DCIM100GOPRO IMG_20140820_170054 DCIM100GOPROLe site est donc ouvert 24h/24, et il est offert aux non-musulmans d’en visiter une grande partie, à l’exception de la tombes de Reza, et des deux plus anciennes courts y accédant. (et photos interdites)
On peut aussi se voir « offrir » (imposer dans notre cas) les services d’un guide qui d’après certains de nos coloc’ peut avoir un discours très prosélyte, et serait surtout présent pour veiller à ce que nous ne sortions pas des « clous » (nos amis allemands ont même reçu un carnet décrivant la société européenne comme immorale et pleine de stupre et luxure).
Nous sommes très contents car cela ne s’est pas du tout passé comme ça pour nous.

Tout d’abord, on somme Brice de déposer son sac au vestiaire (appareil photo interdit). Marion aura droit à un chaddor blanc à motifs gris clair (pas de photo à vous fournir), et après s’être dépêtrée à se couvrir (ça reste un immense morceau de tissu, plutôt lourd, qu’il faut enrouler autour de sa tête, sans que les cheveux ne débordent parce qu’on te surveille et on te signale quand on aperçoit 1cm de la racine de tes cheveux, … à la fin, tu finis avec un visage en losange, comme toutes les autres femmes….), une femme lui demande d’attendre (et donc de faire poireauter Brice à la sortie du « sas »). Un guide est en route pour s’occuper de nous… bien entendu, tout cela est assez confus puisqu’expliqué en farsi. Le guide arrive, Marion a le droit d’aller rejoindre Brice.
Et la visite démarre.
Ali Hossein se révélera être un guide très sympa, très peace. Il nous explique qui sont les Imams par rapport aux imams, les significations des différents motifs en façade des mosquées, et dans les cours que l’on traverse… et nous sentant intéressés par cette histoire, nous invitera même à aller visiter les 3 lieux qui nous sont normalement interdits: « c’est interdit aux non-musulmans, vous ne pouvez pas y aller… mais si vous êtes vraiment intéressés pour aller voir Imam Reza, alors on peut y aller. Peut-être même l’Imam Reza veut vous voir »… et après nous l’avoir répéter et insister trois ou quatre fois ; nous allons donc voir ce tombeau (Brice d’abord accompagné du guide, Marion ensuite puisque de toute manière, hommes et femmes ont deux circuits séparés « pour que chacun soit entièrement tourné vers la religion et qu’il ne subisse pas de distractive tentation »…pfff…).
Et là, c’est incroyable, les gens se pressent les uns sur les autres, ils se poussent, les enfants sont soulevés au-dessus des têtes pour aller toucher le tombeau sacré ; c’est une continuelle cohue digne d’un concert de rock… à cela près que les gens pleurent, pleurent la mort de l’Imam… et nous retrouvons la même image que celle observée au Saint Sépulcre ou sur le Mur des lamentations à Jérusalem.
À la sortie notre guide nous souligne que « maintenant que vous avez visité l’Imam Reza, il sait que vous êtes venus et vous connait », Cool ! si ça peut nous protéger, on est partants.
Ce guide bien qu’ayant parfois un discours un peu limite (« les Sunnites sont nos ennemis », qu’on excusera par une mauvaise traduction de sa part), est très sympa, très tolérant ; il comprendra même que nous sommes athées, et nous tomberons d’accord sur le fait que le fond entre les religieux diffèrent peu finalement.
Bref, on y aura passé une bonne heure et demi… au bout desquelles Marion sera très contente de retirer son chaddor et de repositionner son voile… (et qui refusera poliment mais fermement l’offre du guide de le garder en souvenir).
On retrouve donc nos amis le soir dans notre auberge – même si notre marchand-de-tapis d’hôte refuse que nous appelions cela une guesthouse car c’est trop commercial et préfère homestay ; c’est pourtant lui qui nous fait payer 10$ par nuit par personne dans des conditions parfois rudes (notamment quand nous étions 17), plus 2$ le petit déjeuner, ou 5$ le diner… en gros trop cher par rapport au marché. Un vrai marchand de tapis.
Mais l’atmosphère n’y est pas si mauvaise, après lui avoir clairement indiqué que nous ne lui achèterions pas de wedding rug. Et la vie en communauté à 17 les uns sur les autres rappellent un peu l’ambiance qu’il devait y avoir à l’époque où les hippies faisaient tous étape à Mashhad avant de rejoindre l’Afghanistan tout proche.

DSCF8835Puis le temps passera lentement pour nous, les copains partirons tous, enfourcheront leur biclous, leur moto… et nous passerons le temps à… prendre un peu plus le temps… d’autant plus que les derniers jours avait un peu été rushy… mais bon, là on aura beaucoup de temps ; et puis la ville n’est pas si intéressante, Mashhad est en plein milieu du désert dans l’extrême orient iranien, il n’y a rien autour d’intéressant… et puis, on se mettra à jour du blog, sans quoi vous seriez encore à lire notre rencontre avec Jérôme et Thibaud alors qu’il serait déjà rentrés en France.

Les jours qui suivent sont tranquilles. Entre grass’ mat, lessive quasi-quotidienne, achat de quelques fruits, et tour du pâté de maison, …

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On retourne tout de même se balader dans la ville vers le bazar. Et on visite un vieux hammam au 14 couches de peinture successives depuis sa construction..
C’est devenu un joli musée, climatisé, et on est content de l’avoir découvert.

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Mais un kebab plus tard, un smoothie à la banane, nous revoilà à « la maison » !

On fêtera les 30 ans de Marion en trinquant avec une tasse de thé, … mais en partageant un chouette repas cuisiné par Sharon, notre amie chinoise qui voyage depuis 1 an, avec l’aide de Belinda, une Hong-konguaise en vadrouille pour quelques mois et Brice (avec une bonne ratatouille !!).
Taka, notre copain japonais est venu passer la soirée avec nous (et a offert « poulette » à Marion et un cadeau surprise), et enfin deux allemands faisant le Tadjikistan rallye, et un jeune polonais baroudeur en vacances !

DSCF8943 DSCF8942 DSCF8933Un joli repas international. 30 ans à l’autre bout du monde, c’est bien aussi !

Le lendemain soir, on est invité (avec Sharon) chez CS.*, l’hôte Couchsurfing de Taka. Et encore un bon repas préparé par Taka (avec des soba et de la sauce soja !), un plat thaï cuisiné par Phyl, un Allemand installé en Thaïlande depuis 8 ans, et du riz et du poulet cuisiné par CS., l’Iranien !

On passe une très bonne soirée, et on est invité à rester chez CS. pour les prochaines nuits…
On déménage donc le lendemain!
Ciao Vali, bien contents de te quitter.

On y retrouve, le lendemain après-midi Taka, et Phyl. ainsi qu’un couple d’ami de CS. qui ne resteront qu’une petite heure. Taka nous expliquera plus tard que CS. leur prête sa chambre afin qu’il puisse croquer le fruit défendu librement… pas aisé de vivre dans un pays où sortir avec une personne du sexe opposé hors mariage est fortement réprimé.
Le soir, Brice sera content de pouvoir cuisiner pour la communauté.
Et une nouvelle fois, Marion soufflera ses bougies sur un beau gâteau (merci CS!!).

DSCF8955 DSCF8969On papotera longuement. Phyl et Taka sont des mecs super cools que nous sommes ravis de connaitre.
Petite dernière journée glandouille. Taka récupère son visa, lave sa moto… On achète quelques petites sucreries iraniennes pour nos futurs hôtes turkmènes.
…on est prêt : dernière nuit en Iran, on se réveille à l’aube pour rejoindre la frontière. Demain soir on dormira à Ashgabat, la ville de marbre d’un mégalomaniaque.

Note 1 : Le 23 août à 7h00, on s’est fait réveiller par un tremblement de terre, qui s’il n’était pas bien fort (4.2), il n’était vraiment pas loin du tout (quelques dizaines de kilomètres Mashhad). (ça y est, Brice a ressenti son premier tremblement terre… contrairement à celui de Tokyo !… !)

Note 2 : Dans la rue, on peut voir partout de grandes affiches des martyrs soit de la révolution, soit de la guerre Iran/Irak… des martyrs qui se sont battus pour la liberté et qu’on voit partout et dont on a donné les noms aux rues des villes.

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Note 3 : En Iran, la monnaie nationale est le Rial, mais tout le monde parle en Tomans… soit X rials = X/10 tomans. Les billets de 100000 Rials sont donc des billets de 10000 Tomans, et c’est naturel que tous les prix soient indiqués en tomans.
Mais avec la crise économique que subit le pays, les zéro se sont alignés ; et quasiment personne ne cite le mot « mille » ; et donc une course en taxi coutera « 3 » pour 3000 tomans soit 30000 rials.
Le plein d’essence est à « 35 » pour 350000 rials… bref… un joli mic-mac qui fait on s’y remet toujours à deux fois avant de tendre sa monnaie. « attends, ….Rials ? non… Tomans…ah… »

Note 3 bis : Et comme on ne peut jamais te rendre la monnaie exactement (notamment chez le marchand de fruits et légumes…), soit il n’est pas rare que la monnaie ne soit pas rendue du tout, soit rendue en sucrerie, chewing-gum ou petit gâteau.

Note 4 : En Iran, les cartes bancaires existent ; pas de Visa ni d’AmEx bien sûr (à cause de l’embargo) mais les Iraniens ont leurs cartes de crédit, et lorsqu’ils paient au supermarché, au tabac, ou au restaurant, ils tendent leur carte et donnent leur code secret par la même occasion, à voix haute.

Note 5 : Et bien sûr, on a oublié de mentionner la présence permanente des 2 Imans Khomeini et Khamenei. Les Big Brothers sont en photos, peintures, représentations PAR-TOUT !

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‘* CS. sera juste CS. car il est ne croit pas en ce qu’on lui impose de croire ici, en Iran ; et ça lui a déjà porté tristement et physiquement préjudice dans sa jeunesse.

 

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8 thoughts on “Chamallows à Mashhad

  1. La vache, j’étais habitué à beaucoup de photos et peu de texte : c’est un véritable tremblement de terre pour ce dernier post 🙂

  2. Tout d’abord BON ANNIVERSAIRE ( tardif ) à Marion. Très bien (enfin pour nous) l’article s/l’arrêt à Masshad dur, dur …..et la visite du tombeau de Reza. Merci, grâce à vous nous enrichissons notre culture !!!
    Bises à tous les deux.
    Raymonde

  3. à l’époque baba et gens du coin dormaient sur les toits des hotels et des maisons pour avoir de l’air ça ne semble plus être de coutume ou quoi
    le genre train galère entre pakistan et iran (300kms) dégagés en véhicules militaires après 2 jours et demi à cause d’orage drainant le sable sous les voies (ça m’a fait beaucoup rire)
    beau coup avec le tombeau de reza les autres ont dû baver d’envie et j’en fais partie
    bisous

  4. Heu par contre Marion je viens juste de reregarder les photos, tu es très belle ça c’est indéniable, par contre n’oublie pas la French touch là, car le foulard ça te décoiffe un peu trop, de temps en temps tu as des petits cheveux en l’air, ils sont fous ces iraniens, ils se rendent pas compte que la French Touch c’est important, ce, même au fin fond du désert:))))
    Allé hop hop hop on se ressaisit et on se met une petite couche de vernis à ongle Rouge Sunset sous les mouffles:))))

    Elo

  5. Quel texte, ça fait plaisir. Je ne sais pas où en est votre farsi, par contre votre français il pique les yeux parfois. Mais bon, vous êtes excusés 😉

    Bon anniv’ Marion !

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