Afin de partir d’UnaUna, nous avions organisé avec Andri les bateaux, les correspondances et les billets.
Andri nous avait dit :
« Bien sûr, vous prenez le bateau public pour Wakaï, il partira plus tôt, je leur ai demandé, comme ça, une fois là-bas, vous pourrez prendre le bateau rapide pour Ampana, je réserve les billets ».
Dans les faits, en arrivant au port, on nous dit que le bateau ne partira pas plus tôt.
On louperait donc le bateau rapide.
C’était trop beau !
Mais coup de chance, nous croisons Tante, qui venue nous dire au revoir, nous indique que sa fille prendra le bateau à quai juste à côté : le coconut boat, qui relie UnaUna directement à Ampana.
Ok, il ne part que 3 heures et demi plus tard…
Mais qu’à cela ne tienne, et puis Tante, et Pa’Bani nous chargent de victuailles pour le voyage nous offrant un émouvant adieu.Le bateau chargé, c’est donc parti pour 6 heures au son du moteur pétaradant. Il n’y a qu’une poignée de passagers et des noix de coco.
Assis sur le toit du bateau, les îles Togean s’éloignent doucement, accompagnées de quelques dauphins sautant par-dessus les eaux ! Des dauphins quoi !!Ampana est une petite ville détendue, et dès notre arrivée, nous sommes heureux de pouvoir manger nos premiers bakso* ou ayam bakar (poulet au barbecue) depuis plusieurs semaines, de pouvoir prendre une « douche » (enfin un mandi – la dernière douche, c’est à Singapour il y a 6 mois) sans devoir rationner l’eau, et chose agréable, les gens ne nous hèlent pas continument dans la rue.
Nous retrouvons les maisons colorées et fleuries, et même le chant du muezzin nous enchante. Le lendemain, Hop !, dernier travel. Assis pendant neuf heures dans un minivan, ce trajet nous fait traverser une partie de l’île montagneuse de Sulawesi et ainsi rejoindre la côte Ouest et Palu.
C’est d’ici que part notre bateau pour rejoindre le Nord Kalimantan, et la frontière avec la région malaisienne de Sabah sur Bornéo.
Marion se traînant une mauvaise coupure au pied, on ne se balade pas trop dans la ville mais nous trouvons de quoi remplir nos deux jours : achats de quelques nouveaux vêtements (c’est les soldes, à 7 euros le jean, autant renouveler la garde-robe), édition du blog (et pour ça, il faut remuer toute la ville, aller et revenir pour trouver la carte SIM qui va bien), achat des tickets de bateau, et dégustation de mets indonésiens, histoire de bien s’imprégner de leurs goûts.
Puis vendredi arrive, nous nous rendons au port – comme souvent – trop en avance. Notre navire, le K.M Lambelu, n’a que quelques heures de retard et nous appareillons en début d’après-midi.On perd progressivement de vue les côtes au relief accidenté de Sulawesi pour traverser la mer des Célèbes aux eaux d’un bleu profond.
En une nuit, on rejoint Bornéo, ses paysages de jungle, ses rives boueuses sous un ciel empli de nuages bas. Le voyage se déroule bien. Sur une mer incroyablement calme, nous nous ressentons que les vibrations légères du moteur.
Le vaisseau de la Pelni est un poil plus moderne que le K.M. Tidar (celui qu’on avait pris pour rejoindre Surabaya à Sulawesi), moins de monde mais pour autant beaucoup plus subjugué de voir des bule. Il faut dire qu’on emprunte une ligne qui dessert les régions reculées de l’archipel.
Dès qu’on ouvre une porte, qu’on débarque sur le pont, dans une pièce, qu’on veut aller au toilette, ou acheter quelque chose… ce sont des dizaines de paires d’yeux qui nous fixent et de bouches qui se ferment sous l’effet de surprise, avant que certains se lancent dans d’affectueux – mais non moins systématiques et exaspérants – hello mister… ou d’entendre des « oh, le mister il boit du café, comme nous », « le mister il a mal au pied, il boite un peu », « le mister il a fait tomber son sac », « le mister il a les mêmes tongs que moi »…
Les Indonésiens souriants que l’on rencontre ne lisent pas ou n’ont pas de game boy, alors deux bule sur un bateau Pelni, c’est une aubaine pour satisfaire leur curiosité.
Les plus téméraires s’installent à notre table, s’assoient à nos côtés (il ne faut pas s’immobiliser dans ce pays !), nous interrompent et engagent une conversation dans laquelle on explique qu’on est français, qu’on est en voyage, depuis 6 mois en Indonésie, qu’on est mariés, qu’on n’a pas encore d’enfant mais que peut-être un jour inchallah – ce qui les fait rire, mais après on leur dit que non, nous ne sommes pas musulmans, qu’on va à Nunukan…
Pendant ce temps, un attroupement se crée, chacun participant et se faisant répéter « notre histoire ». Et puis pour éviter de répéter une quatrième fois la même histoire, nous nous levons, et reprenons le chemin de la cabine… d’où une tête passe à travers le rideau et nous lance un hello mister, where do you come from…
La sphère d’intimité est incroyablement réduite en Indonésie !
Finalement, nous avons passé la plupart du voyage dans notre cabine d’Eko.
Lorsque nous arrivons à bon port, en milieu d’aprem’, nous sommes confiants.Tout est bien goupillé : notre gros bateau nous mène à Nunukan, et le lendemain, dimanche 10 janvier, nous pouvons prendre un dernier bateau pour passer la frontière et rejoindre la Malaisie. Tout pile le jour de la fin de notre visa.
Ça devrait coller : tout le monde nous dit qu’il y a plein de bateaux qui font la liaison et plein d’hôtels aussi.
On se trouve une petite auberge cheapouille pour la nuit… puis on se renseigne pour le bateau du lendemain.
Mais… mais il n’y a pas de bateau le dimanche…
Et comme ça a commencé six mois plus tôt, on se retrouve donc bloqués dans cette petite île frontalière.
Dommage.
Dommage, parce que cette nuit en plus va nous coûter un overstay.
Et qu’un jour d’overstay équivaut au prix du visa pour un mois…
Et que le bateau part à 8h lundi…
Et qu’on est samedi et qu’on veut partir !
On essaye de « résoudre le problème ». On passe au comptoir d’immigration, on se fait connaître des douaniers, afin qu’ils voient tous que la veille de la fin de notre visa, nous sommes déjà présents, de bonne volonté et prêts à passer la frontière.
On explique à chacun notre situation et partons rencontrer le chef Dion, le boss du bureau d’immigration.
On lui réexplique tout (toujours en bahasa indonesia, jamais en ingris), qu’on veut trouver une solution pour ne pas avoir à payer 8h d’overstay, qu’il pourrait peut-être tamponner maintenant, qu’on peut dormir à même le quai en zone internationale… mais rien n’y fait.
Tout est désormais informatisé, les passeports scannés, la liste des passagers des bateaux imprimée et envoyée à Jakarta…
Il n’y a pas moyen de dire que lundi il y a un problème d’électricité ? de machine ? avec une petite ristourne sur le prix de l’amende ?
Que nenni. Dion est honnête mais pas moins sympa.
En attendant, on savoure encore ces quelques plats locaux, accompagnés de thé glacé et jus d’avocat.
On verra donc lundi.
On arrive à 8h00 à l’immigration, on passe par la petite porte du bureau de Dion, on s’acquitte de l’amende, et on peut aller prendre notre bateau.
Et avant midi, nous sommes à Tawau, en Malaisie.
Nous serons donc restés en Indonésie 6 mois et 8 heures.
Mais ça, c’est ce qui est prévu…
*’ Les bakso (boulettes de « viande » qui flottent dans un bouillon avec quelques nouilles), comme les soto (du bouillon, du lontong, des nouilles, des morceaux de poulet ou autre), gado-gado (lontong avec des œufs, de la sauce sate, des nouilles…) font partie des fast-food classiques que l’on trouve dans la rue au comptoir de toutes petites roulottes.
À Ampana, c’est un moto-bakso qui nous a servi notre bol que l’on a bu sur un banc le long de la route.
Après 3 mois nourris aux œufs et au poisson, ça nous donne du réconfort.
Ca c’est du temps réel ! J’ai dû vérifier sur un calendrier qu’on était bien le 10 janvier 🙂
Bref la vie reprend!
Tu a l’air fatigué ma belle,il te faut vite de nouveaux paysage Sur!…
Bises les bourlingues
Décidément il faut toujours se relire « paysages »!!!!!!!!
Attendez-là !? Votre article il fini sur un « Mais ça, c’est ce qui est prévu… »
C’est pas une fin normale ! Ça veut dire quoi ?
PS : Oui, des fois je fais plus que regarder les photos 😉
Ouah le suspense, vivement la suite !
Bises
Superbe la photo de la coursive et des pots..
Le reste c’est habituellement magnifique
Bises serge
hé hé le retour au milieu des autochtones et les joies des « where do you come from » : c’est ça aussi qu’on aime dans la bourlingue… puis vous aimez bien aussi être au coeur des attentions :p
C’est pas faux non plus!
🙂
jus d’avocat!!!
Je savais même pas qu’on en faisait!
C’est comment ?
Et pour ceux qui se demande, Marion elle est encore plus belle en vrai, et Brice il a des cheveux blonds. Un vrai Dive master le gars.
Byebye Indonésia !
Si les beaux fonds marins vous manquent, un jour on pourra aller plonger à Palavas les flots !