Sabah bien

… Et le passage de la frontière s’est déroulé comme prévu :
– achat des billets de bateau
– utilisation des derniers rupiah en gâteaux et en-cas pour le voyage
– passage par le bureau de Dion pour s’acquitter de notre amende
– passe-droit pour doubler tout le monde (parce qu’on a dû payer l’amende)
– et installation dans le bateau, rapide et confortable

Une heure plus tard, nous débarquons côté malaisien, à Tawau dans l’état de Sabah. Tout le monde se précipite pour sortir du bateau et être parmi les premiers à la douane. On comprendra pourquoi en voyant les 2 mini-bureaux et la loooongue queue pour passer.
Finalement, être bule a du bon et le type de la sécurité nous invite à doubler tout le monde. On ne fait pas trop les malins non plus, mais on accepte son offre sans rechigner.
Une empreinte digitale et un tampon. Malaisie, Selamat Datang !

Après avoir changé les quelques grosses coupures indonésiennes qu’il nous restait*, et marché une vingtaine de minutes, nous arrivons à la gare routière. Le bus pour Sandakan est prêt à partir. Le timing est parfait.

Le bus est ponctuel, confortable, climatisé et, Ô luxe, il y a des toilettes à l’intérieur, (dont la paroi extérieure est vitrée, ce qui permet de voir le paysage et de se dépêcher au moment où le bus double un camion).DSCF7901L’unique route longe la côte et nous passons 6h entourés exclusivement de palmiers à huile. Des forêts de palmiers d’un beau vert profond. Et quand on double des terrains totalement rasés attendant d’être ensemencés de ces arbres lucratifs, on comprend pourquoi nos amis Pulsi et Violetta de Pekanbaru ont vécu dans l’épais brouillard des fumées des plantations durant plus de deux mois. La forêt tropicale n’est plus. Partout, les arbres sont identiques, bien rangés, bien alignés. Pas facile de porter un jugement objectif sur cette industrie poumon de la région.
Parfois, on remarque des bennes chargées de grappes de fruits, les presses à huile ne doivent pas être bien loin.DSCF2419S0012435 DSCF2428

Ancienne capitale de Sabah, la vie de Sandakan se concentre autour de 4 grandes rues parallèles coincées entre des falaises et la côte, emplies de petites échoppes et restaurants chinois, malais et indiens. On retrouve quelques plats indonésiens, mais « quand même, le riz n’a pas le même goût », ou « oui, mais tu vois, le poulet est plus gros, mais moins bon, non ? », « trop bien, un chapati ! », « t’as goûté mon curry ? »…
Tout cela pour dire que, en effet, nous sommes contents de retrouver cette multiculture culinaire malaisienne.

Contents aussi de se balader dans une ville qui, si elle n’a pas de patrimoine particulier (rasée pendant la guerre), enchante par sa simplicité et son absence de fioriture.
Des bâtiments décrépis, du linge qui pend aux fenêtres, des immondices dans les ruisseaux, mais une vie dans les rues, un charme naturel, peu de touristes, et une organisation, un calme et un anonymat qui nous change de l’Indonésie. (Nos critères de beauté ont dû évoluer !)DSCF7931 DSCF7925 DSCF7912 DSCF7938 DSCF7933

Ce retour en Malaisie « par la petite porte » nous réconforte.
Notre séjour précédent s’y était déroulé en pleine période de Ramadan, on ne parlait à l’époque qu’Anglais… et les contacts n’étaient alors pas aisés.

Cette fois-ci, notre bahasa indonesia (langue quasi similaire au bahasa malayu) nous aide grandement à rompre la glace, et à parler aux gens… ainsi qu’à payer le juste prix et trouver la bonne information.

Comme pour trouver notre chemin, ou notre hôtel.
Après 6 mois de chambres à moins de 100 000 rupiah (~7€), on redécouvre les joies du confort.
La chambre est équipée de 14 prises électriques (!!! chose incroyable, en Indonésie, il n’y en avait qu’une, à 1.50m du sol, déjà occupée par le ventilateur…), une télé, une douche avec de l’eau chaude, des serviettes et des draps doux sur le lit (de l’autre côté de la frontière, il n’en mette qu’un, rêche et usé, sur le matelas, et basta). Quel luxe !
Le gérant à 76 ans et, en plus d’être à cheval sur l’hygiène et la sécurité, est un « grand » cinéphile ! On a le choix parmi son immense collection de DVD sous-titrés chinois/malais!
Jean-Claude Van Damme, nous voilà !DSCF2298 DSCF2297

Non loin de Sandakan se trouve un centre de réhabilitation d’orang utan (orang, en bahasa indonesia/malayu veut dire homme, utan signifie forêt).
Victimes de la déforestation, ces gros singes sont recueillis ici.
Après une heure de trajet en bus, nous nous rendons compte que nous avons oublié notre portefeuille chez nous, celui qui contient nos sous.
Check des poches, nous avons 57 ringgit sur nous. Nous faisons donc du stop pour finir les quelques km nous séparant de l’entrée du parc, et quémandons 3 ringgit pour payer l’entrée, mais pas plus pour les appareils photos (il n’y aura donc pas de photo de ces roux primates aux longs bras).
Malgré l’ambiance très encadrée pour l’observation – nous ne sommes pas les seuls bule, nous sommes ravis de voir ces gros singes jouer, se rouler par terre, grimper aux arbres, se suspendre par les pieds… et comme tout le monde, nous ne pouvons nous empêcher de les rapprocher de nous humains – notamment lorsqu’un jeune primate s’approchera de Brice pour lui prendre la main.DSCF7909DSCF7910
En lisière de la jungle, nous allons faire une petite randonnée parmi les énormes arbres de plusieurs dizaines de mètres, dont seul les cimes sont feuillues et dont les troncs mesurent parfois quelques 4-5 mètres de diamètre. Au sol, la végétation épaisse abrite une tripoté d’insectes inconnus. C’est l’occasion pour nous de revoir quelques spécimens d’orang-utan dans leur milieu naturel et surtout de nous remettre doucement en jambes.

Faute de sous, nous repartons en stop (pas besoin d’attendre dans cette région, les gens sont adorables).
Et nous sommes déposés à Sandakan, rentrons l’hôtel… pour réaliser que nous avions finalement bien le portefeuille dans notre sac !
… !

L’après-midi, nous partons nous balader au village tout proche de Sim-Sim, après nous être arrêtés dans un temple bouddhiste chinois, un peu moche avouons-le. Mais ça faisait longtemps et ça sentait bon l’encens.DSCF2301 DSCF7946 DSCF2304

Sim-Sim est un village sur l’eau. Construites sur pilotis, les maisons de bois semblent être en équilibre. Les façades colorées et fleuries nous enchantent. Les pêcheurs rentrent à la maison en bateau, avant de suspendre leurs esquifs au garage.Stitched Panorama

DSCF2324 DSCF2344 DSCF2325 DSCF7948L’atmosphère y est calme, les habitants sont souriants et accueillants et notre bahasa indonesia nous permet de discuter sur le pas de la porte** dans toute la simplicité que ces peuples d’Asie du sud-est peuvent apporter aux relations humaines.DSCF7955 DSCF7962

Stitched Panorama Stitched Panorama Stitched PanoramaDSCF2392 DSCF2380 DSCF7963 DSCF2398

On nous raconte aussi que la région n’est malheureusement pas encore totalement pacifiée.
Des pirates et indépendantistes continuent de troubler les côtes et la mer des Célèbes, et viennent parfois semer la zizanie sur terre. Il est même dit que les dédales de Sim Sim seraient de bonnes planques pour les clandestins.
On comprend un peu mieux pourquoi il y a tant de vaisseaux de guerre dans le petit port de Sandakan et voir des policiers armés de fusil d’assaut n’est pas rare.
Néanmoins, l’atmosphère reste agréable à Sandakan, et nous sommes heureux d’être de retour en Malaisie.

Le lendemain, il nous faut rejoindre Kota Kinabalu, la capitale de Sabah. Encore 7h entre les collines plantées palmiers. Quand on repense aux orang utan… S0062456 DSCF2521On longe l’impressionnant mont Kinabalu, au sommet aride pour rejoindre la mer de Chine.
La ville n’a que peu d’intérêt, nous y restons moins d’un jour.
DSCF2466Notre avion (oui oui, un avion) décolle le lendemain. DSCF2483 DSCF2494 DSCF2496

 

‘* Nous avons la fâcheuse tendance à retrouver des sous dans les poches des pantalons, une fois le pays quitté.
Cette fois-ci n’échappera pas à la tradition. Brice retrouvera quelques rupiah dans une de ses poches… (mais comme il se plait à le rappeler à chaque fois, ça n’est pas grand-chose comparé à la liasse énorme de billets que Marion avait très bien planquée dans son sac en Ouzbékistan… !)

‘** Cela fait plusieurs mois que nous traversons des pays musulmans (presque que ça d’ailleurs).
Quand certains interlocuteurs viennent à discuter des actes terroristes d’ISIS et tiennent à se disculper à nos yeux… cela nous attriste.
« Ce n’est pas ça l’Islam » nous disent-ils, et nous de leur répondre « on sait, on sait »
Accablés par cette lourde double peine : d’être pointer du doigt par l’Occident et de devoir laver l’honneur de leur religion souillée par des usurpateurs.

 

10 thoughts on “Sabah bien

  1. Coucou les tourtereaux voyageurs… tout d’abord je vous présente tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Qu’elle soit tout aussi réussi pour vous que la précédente et qu’elle vous garde en bonne santé et vous apporte joie et bonheur.
    C’est toujours aussi super de vous suivre à travers vos récits, vos photos.
    Bonne continuation et grosses bises les amis.

  2. J’ai du mal lire, je croyais que vous n’aviez pas assez d’argent pour payer le droit pour l’appareil photo… pourtant on voit des photos d’oran outan

  3. ah les oran-dégoutants ! quelle belle espèce !
    ça ressemble aux humains, mais en plus poilus,
    même brice à côté il fait glabre !

    alors si je comprends bien, les petites rues qui sentent bon le local et l’authentique, c’est quand il y a des immondices et des sacs plastique crevés par terre, question de vocabulaire…

    évouzétoulà

  4. Tu écris tellement bien, j’ai l’impression d’y être …Et ca me fait du bien… 🙂 Merci et bravo pour l’avion! (Et les photos!)

Ça vous inspire?