Confits de canard

[Info pour tous ceux qui sont perdus : cet article relate notre mois confiné dans le Gers en Novembre 2020 – le temps file!]

Nous rédigeons cet article le 14 janvier 2022, assis devant l’écran lumineux et la page blanche.
Nos doigts reprennent timidement leur danse sur les touches du clavier. C’est revenu comme une envie. Non pas comme une bonne résolution, mais plutôt l’envie de rouvrir notre journal de bord, ce carnet de voyage qui nous suit depuis 2014. L’envie d’inscrire ces mois passés en France dans la continuité des mois ailleurs et autre part, et de ceux à venir – puisqu’à ce jour, ce n’est pas une surprise, nous sommes désormais
installés en Corée.
Il est vrai que nous trouvons parfois étrange de raconter notre vie, de faire partager ces non-évènements qui brodent notre chemin. Cela nous pose beaucoup de questions.
Mais après-tout, si nous l’avons fait pour
l’Inde ou le Sri Lanka, pourquoi ne pas le faire en France aussi. Reprenons donc le fil de l’histoire.

Comme promis à la fin de l’été, nous retournerons dans le Queyras pour y passer l’hiver.
Nous sommes encore fin Octobre et comptons rejoindre les Hautes Alpes début Décembre quelques jours avant d’y démarrer notre saison en hôtellerie.

Cela nous laisse 6 semaines d’exploration d’ici là, le temps de faire un beau tour, de randonner et nous balader, de profiter de la fin de l’automne.
Et en quittant Blaye, nous avions une idée assez précise de l’organisation du mois de Novembre. L’envie d’aller nous balader dans les Pyrénées, et pourquoi pas pousser jusqu’en Espagne. Soyons fou!

Cela fait une semaine que nous avons rejoint le Gers, où Jean et Sylvie nous offrent de séjourner en leur absence à la Carpoulère, charmant lieu-dit entouré de champs, vignes, et de forêts de chênes.
L’endroit est beau, paisible et isolé, l’horizon dégagé, et les ciels d’orgie incroyables.





Nous y sommes bien. Quelques jours pour recharger les batteries, se retrouver tous les deux dans un lieu confortable et organiser dans les grandes lignes le séjour dans les Pyrénées : nous sommes prêts à reprendre la route…

Mais la crise pandémique du moment (fin 2020 pour rappel) en décide autrement.
Installés devant le poste de télé’, le verdict tombe : Novembre sera un mois confiné.
Nous reposons nos valises et nous installons de manière plus perenne pour les 4 semaines à venir. L’angoisse revient.
Étrange sensation : cela faisait une semaine que nous n’avions pas quitté la maison, libres de rester enfermés ; et maintenant que nous sommes assignés à résidence par la situation sanitaire, nous verrons comme une bouffée d’oxygène de rejoindre Eauze – la ville la plus proche à une dizaine de kilomètres – une fois par semaine pour nous ravitailler.

Tant pis pour notre périple pyrénéen.
Maigre consolation, nous profitons de notre dernière journée de « liberté » pour visiter Pau et voir d’un peu plus près la chaîne de montagnes que nous convoitions.

Nous sommes conscients de notre incroyable chance.
Il va s’en dire que nos hôtes nous cèdent les clefs pour une période indéterminée et sans négociation possible (merci infiniment!).
Nous profitons d’une confortable maison et du vaste périmètre champêtre que la vie à la campagne nous offre.
Longues balades à travers champs, nous arpentons les vignes et longeons la lisière de la forêt. Nous observons les traces de sangliers, recherchons des champignons, admirons les chevreuils et lièvres rejoindre les bois, écoutons les pics-verts et le hibou.
C’est calme, et serein.


Les bottes aux pieds, nous jardinons, charrions du bois pour nous réchauffer au plus près de l’imposante cheminée le soir venu, nous rapprochant du foyer au fur et à mesure que l’hiver arrive.

En journée, nous lisons, et profitons un maximum des rayons de soleil – de plus en plus bas, les transats glissant avec les ombres.




Ravis d’avoir une cuisine, nous déjeunons dehors, faisons du yoga, ou des puzzles – quelle merveilleuse activité méditative et chronophage pour vaincre l’anxiété et occuper l’esprit! – les voisins en ont heureusement un stock qui nous occupe plusieurs heures.


Et nous fouillons longuement les sites de vente de seconde-main afin de nous équiper pour le rude hiver à venir.
Car s’il fait déjà frisquet ici, les températures risquent de ne pas être les mêmes à Saint Véran.
Préparons-nous!

L’ouverture de la saison demeure encore hypothétique, mais nous restons désireux de rejoindre le Queyras pour nous y installer avant l’ouverture de la saison.
Nous nous sommes engagés, avons trouvé une coquette maison, et quelques stères de bois nous ont été livrées.

Nous quittons le Gers quelques jours avant la fin du confinement pour une Grande Traversée : 2000 kilomètres en travers de la France à un rythme bien plus intense que celui de l’Été précédent.


Étape 1 – Retour éclair à Blaye pour y déposer nos dernières affaires d’Été.
Étape 1bis – Nous prenons la route direction Paris, après avoir récupéré deux paires de raquettes d’occasion trouvées sur Leboncoin.
Étape 2 – Nous rejoignons Nancy où nous stockons habituellement le plus gros de nos affaires. Ouverture de cartons, tri, sélection, nous refermons le tout. Et comme nous sommes des personnes organisées, une paire de pneus-neige nous attend chez Sylvie et Jean, qui une fois encore, nous accueillent chaleureusement.
Étape 3 – Départ pour Grenoble. En chemin, nous faisons une pause à Arc-et-Senans dans l’espoir d’y visiter les Salines (construite par Claude-Nicolas Ledoux au XVIIIème s.), mais tout est fermé.

Nous traversons sans nous y arrêter les Vosges, le Jura, le Bugey.

Sur la route, les paysages blanchissent.


Nous sommes chaudement accueillis par Patricia et Pierre, pour une soirée vin de noix et gigot – ou n’était ce pas un rôti ?
Ėtape 4 – Les derniers 200 kilomètres vers notre « chez nous » hivernal.
Nous remontons la vallée de la Romanche dans un cadre magique : la nuit précédente, les chutes de neige épaisse ont recouvert les arbres qui bordent la route menant au Lautaret. La chaussée dégagée, d’un noir intense, contraste dans ce paysage immaculé que nous semblons être les seuls à arpenter dans un silence feutré.


Dernier arrêt à Guillestre pour nous ravitailler avant l’ascension ultime à travers la vallée du Guil.
Ce défilé imposant qui nous avait déjà tant impressionnés en Septembre semble encore plus intimidant dans la rudesse de l’hiver. La rivière gèle dans ses méandres les plus tranquilles, et des cascades de glace s’étirent le long des parois monumentales.

Après l’avoir quitté trois mois plus tôt, nous retrouvons Château Ville-Vieille, porte d’entrée du Queyras.
Anne-Lise et Boris (et Marguerite) nous accueillent dans la région d’un paquet de 5kg de pâtes italiennes et de cagettes d’agrumes. Nous sommes ravis d’être voisins pour la saison.
Nos poumons se remplissent de l’air froid et pur.

La neige sur la route, la demoiselle coiffée, un ciel profondément bleu qu’aucun nuage n’ose traverser.
C’est le paysage du Queyras que nous allons habiter.

Au sortir du dernier virage en épingle marqué d’une grande croix de mission, nous apercevons enfin notre petit village paisible.
Saint Véran, nous voilà.


12 thoughts on “Confits de canard

  1. La Bourlingue reprend !! Trop cool !
    Il va vraiment falloir que je rattrape mon retard. J’en suis encore au Kazakhstan 🙂
    Bisous les Copains

  2. 1 post avec plus d’un an de retard : j’ai du mal à me remettre dans le contexte. En tout cas les photos sont sympas (j’ai fait comme dans les BD et n’ai pas trop lu) : Brice, t’es trop marrant sur ton tracteur tondeuse

  3. Trop bien de retrouver toutes vos photos accompagnées de leurs commentaires avec votre marque de fabrique. Encore quelques posts de la bourlingue label France et nous partagerons vos instants coréens. Nous avons tous hâte. Bisous. ppf.

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