En glou-glou’rlingue

Voilà, c’est à Jepara que l’on doit prendre le bateau pour rejoindre les îles Karimun Jawa.

Bien sûr, c’est sans compter l’annulation du bateau pour cause de grosses vagues et après un départ raté à 5h du matin, nous retournons poser nos affaires chez Endah, notre hôte.

La journée va s’organiser différemment et on se sent un peu obligés d’aller rendre visite aux étudiants de son école.
Sur le papier, l’idée est sympa.
C’est une école professionnalisante et orientée sur les métiers d’art.
Joaillerie, bois, métal, stylisme et céramique, avec les ateliers, le matériel, les matériaux, etc.
Dans la réalité des faits, cette école accueille surtout des jeunes-stupides-et-mal-élevés… et l’expérience nous fût éprouvante.
Des interpellations agressives des bule bule criées à tout-va, des ados en difficulté avec leurs hormones (aussi bien wanita que laki-laki) et les profs qui ne savent pas les tenir, … ce fût un moment globalement difficile à passer, sans quasiment aucune photo-bule de prises. On les a toutes refusées.

Mais qu’à cela ne tienne, Endah est sympa, et nous passerons une bonne soirée en sa compagnie, avant de retenter le bateau pour Karimun Jawa le lendemain.DSCF7212 DSCF7226Victoire, aux aurores nous embarquons dans le ferry qui va nous conduire sur cet archipel de 27 îles en quelques heures, traversée durant laquelle l’horizon va gîter assurément. Les îles Karimun, ça se mérite.
Alors que nous nous approchons, le contour massif de l’île principale se dessine puis on aperçoit progressivement de plus petits îlots aux franges de sables blancs et bordées d’eaux limpides. Le fond marin apparait de plus en plus clair. Déjà depuis le bateau, c’est beau.DSCF7203 DSCF7271 DSCF7253 DSCF7289Une fois nos affaires déposées dans une mini auberge très basique, nous louons masque et tuba, que nous ne retirerons que pour dormir.

Le tourisme sur ces îles n’en est qu’à ses prémices, pas encore de resort, pas d’énormes bateaux ou les vacanciers sont entassés pour aller voir les poissons. Le village appartient encore à ses habitants, on y trouve tous les commerces d’un gros village indonésien, et au restaurant ou le soir sur l’alun-alun, tout le monde choisit son poisson frais (thon, calamar, poisson perroquet…) pour le faire cuire au barbecue.DSCF7317 DSCF7306Stitched PanoramaDSCF7846L’archipel est coupé du « continent » (en fait, l’île de Java) plusieurs mois par an lors de la saison des pluies, l’électricité n’est disponible que de magribh (l’avant dernière prière de la journée) à 5-6 heures du matin. Très peu de véhicules, quelques sepada motor, encore moins de voitures… de toute manière, les routes sont dans un piteux état, et puis l’île n’est pas bien grande.
Nous ne sommes tout de même pas les seuls, et au village, on croise et recroise une grosse poignée de bule et Indonésiens en vacances.
Mais on est loin de se marcher dessus.
Tout ceci fait que l’atmosphère demeure paisible et on a l’impression d’être privilégiés.

À califourchon sur notre scooter, nous empruntons les routes endommagées de l’île avant de nous enfoncer sur des chemins sablonneux. Le masque sur le visage, nous profitons de plages désertiques pour voir les coraux. Le décor est digne de celui d’une carte postale et on avoue qu’on se régale d’un tel paysage.DSCF5470 DSCF5486 Stitched Panorama DSCF7842 DSCF5506 DSCF5522 DSCF5537Le programme des prochains jours sera finalement assez simple : soleil, plages désertes, cocotiers qui vont bien, poissons grillés, coraux et fonds marins, lecture et croquis, paysages idylliques et photos parfaites.Stitched PanoramaDSCF5572Stitched PanoramaDSCF56081DSCF5598 DSCF5616DSCF56131 DSCF5641Pour aller voir un peu plus loin tout de même, on se fera un petit tour sur un bateau pour aller voir des beaux champs de coraux.
On en trouve de toutes les formes, certains en forme de boules, d’autres avec des picots bleus, ou pareils à des copeaux du fromage « tête de moine »… On se fait un petit barbecue sur une île reculée, et on admire l’astre solaire balayant une plage et sa mangrove toute proche en fin de journée.
Oui, les vacances à la mer, c’est chouette.DSCF5659 IMG_5341Stitched Panorama DSCF57061 IMG_5427 DSCF5746 DSCF5772 DSCF5752 DSCF57761Les photos se passent de commentaires. On pourrait écrire que l’eau est plus bleue que le ciel, que les poissons semblent heureux de vivre aux milieux de ces coraux colorés et que le jus de jambi est meilleur ici qu’ailleurs…
Mais on s’est dit que ça serait ennuyeux à lire.

On partage notre embarcation avec un groupe d’Indonésiens.
Le choc des cultures.
On a beau vouloir respecter, s’adapter et s’accoutumer, à un moment, sur un bateau, perdus au milieu des eaux turquoises de la Mer de Java, ça coince.
Alors que les Indonésiennes sont voilées et habillées (pantalon et t-shirt à manches longues), les Européennes sont en bikini.
Alors que le soleil réchauffe la peau mouillée et blanche des Occidentales, le vent fait grelotter tout au long de la journée les locales.
Et quand nous nous réjouissons de revenir bronzés de ces îles, les crèmes hydratantes « blanchissantes » font ravage sur les rayons des supermarchés.

Enfin, alors leurs vêtements dégoulinent sur elles, les Indonésiennes se parent de leur paréo… et hop, un selfie.

Oui, une fois n’est pas coutume, la folie des selfies fait rage !
Moi avec l’étoile de mer, moi avec le poisson ballon, la tortue ou la raie, moi en photo sous l’eau, mes deux pieds palmés sur les coraux debout pour sortir de l’eau, mes mains agrippées aux anémones, à agacer les poissons clowns… que ça ne fait finalement pas bien rire.DSCF5657 DSCF5649 DSCF5651 DSCF5652Oui, le selfie est partout. Tout le temps. Aucune photo du paysage n’est prise sans que l’on ressente le besoin de devoir paraitre dessus.
Et plutôt que de profiter des lieux, de s’allonger, d’écouter le silence, d’ouvrir grand ses yeux sur ses fonds marins extraordinaires, de contempler la quiétude d’une plage déserte et éphémère que la marée ne découvre que quelques heures par jour, on préfère gueuler et se prendre soi-même en train de sauter en contre-jour du soleil, main dans la main, ou avec des bule-bule de passage dont on ne connait rien, qu’on ne verra plus, mais ça rend le weekend @karimunjawa #exotique #amazing, avant de tout poster en bloc sur les réseaux sociaux.

On s’interroge quand même sur cette manie de la photo égocentrée.
C’est ainsi depuis le début de notre séjour sur l’archipel indonésien.
Et ce « besoin d’exister aux yeux des autres » nous effraie quelque peu…

Mais en dehors de cet aparte anthropologique, les îles Karimun Jawa nous ont permis de nous sentir seuls et isolés sur un petit bout de terre paradisiaque au bout du monde.
Et ça, ça nous fait bien plaisir, car la suite est beaucoup moins glamour : on file étendre notre visa – on l’aime bien finalement le pays des selfies – dans la rude ville de Surabaya.

14 thoughts on “En glou-glou’rlingue

  1. Ya pas à dire, ça donne toujours l’air intelligent un masque! Mais t’es belle quand même ! Et toi aussi Brice avec ton poisson! Les paysages aussi sont beaux !
    Bisous

  2. Le maillot bleu assorti au tuba…la classe
    j’aime bien l’idée de la balançoire les pied dans l’eau

    Pour les selfies on a les mêmes en France ça et les photos dans un musée sans prendre la peine de profiter des œuvres
    C’est la société moi je et j’en ai fait plus que toi

    Heureusement Marion a ses croquis.

  3. Il faut espérer que les seflies ne soient qu’un phénomène de mode qui finira par disparaître d’ici 2017. Mais je ne suis pas très optimiste, facebook-regardez-comme-ma-vie-de-merde-est-intéressante ancré pour une bonne génération…
    Bises

  4. ah les écoles d’arts, appliqués ou non, beaux ou moins
    c’est toujours des « exclus », des incompris, des marginaux, sinon, ils feraient docteur ou avocat, non, architecte voire ?

    ah les selfies, même les voleurs ne s’intéressent pas aux smartphones tendus au bout d’une perche et pourtant si facile à voler en une course bien ciblée, c’est dire que le selfie pollue tout, même les voleurs

    ah le bleu, c’est apaisant le bleu, presque soporifique on pourrait dire
    « mon » bleu à moi est breton, il change tout le temps en fonction de la pluie…
    c’est plus changeant, « nerveux »

    ah ah ah
    elle était pas trop froide, l’eau
    et le mojito, pas trop de sucre
    et les poissons, assez frais…
    manque plus que le palace 5 étoiles

    et moi, je me demande comment ma fille réalise des aquarelles sous l’eau sans que ça coule,
    ce qui est assez tendance au demeurant

    vous êtes beaux
    faisez gaffe

    euh juste comme ça, c’est pas la peine de dire prem’s, si c’est pour dire que ça…!
    hi hi

  5. ah, de retour de Chine et sur la bourlingue 🙂
    les selfies, j’en ai aussi vu une palanquée en Chine et au Pérou en mai : juste insupportable
    sympa vos tribulations dans l’eau… c’est moins routards qu’à l’accoutumée (on se plaint pas pour autant) puis ça nous donne l’occasion de voir Marion dans toute sa splendeur. Brice, je suis sûr que tu fais ton timide à garder ton haut de combi. et que t’as des plaquettes de chocolat 😉

  6. Normalement, je sais pas si je louerai un tuba (beurk), mais bon si c’est pour nager avec la belle Marion c’est diffèrent…
    Ça fait vraiment très paradisiaque, il doit y avoir un revers à la médaille sinon c’est vraiment trop injuste.
    Pour les Selfies, je crois que nous sommes simplement tous de vieux cons (je m’inclus dedans car je trouve ça absolument stupide également), that’s it… Il y a 20 ans nos parents et grand parents devait dire le même genre de chose des rollers et skate board ou des console de jeux, et il y a 5 ans des smartphones (je sais que ma mere dit encore ce genre de chose). On peut dire que la société part à vaux l’eau et que le monde court à sa perte (on est tous niker de toute manière avec le changement climatique etc.), mais on peut aussi se dire que c’est le progrès et que ne persistera que les choses qui compte vraiment.

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