Comme toutes les bonnes choses ont une fin (les mauvaises aussi il faut dire…), il nous faut partir. Nous sommes vendredi, notre visa devrait être prêt. Nous rangeons nos affaires, le cœur un peu lourd de quitter ces superbes plateaux.
Le matin de notre départ, il a neigé.La route qui mène au col est embouteillée et, nous passons de l’autre de côté de la vallée, sous le nuage. À notre arrivée, Kangding est grise, froide et humide. Beurk. Fuyons.
Malheureusement, il y a eu un problème avec notre visa. Celui de Brice est prêt (après avoir attendu 3h à l’immigration), mais celui de Marion ne peut être imprimé. Et on n’a vraiment pas du tout envie d’attendre lundi.
Finalement, à 21h, la fille de l’immigration, qui s’est démenée (à faire ce qu’elle aurait dû faire depuis 3 jours), nous appelle : on peut récupérer le passeport de Marion… et on lui en remercie !
Bon, en réalité, Kangding n’est pas si désagréable, parcourue par une rivière, c’est une ville moderne, et pas trop inconfortable et bruyante au regard du reste de la Chine (300 000 habitants en Chine ce n’est autre part qu’un bourg poussiéreux et sans commodité). C’est juste que lors de nos deux passages, les conditions n’étaient pas idéales rendre notre séjour attrayant.
Nous quittons cependant Kangding avec plaisir dès le lendemain matin.
Les fabuleuses plaines d’altitude du SiChuan sont derrière nous – mais leurs souvenirs bien ancrés dans nos caboches.
Désormais nous faisons tranquillement route vers le Sud-Est.
La route descend et serpente sur des sections au béton défoncé (c’est pourtant la seule route qui relie ces régions occidentales au reste de la Chine) jusqu’à rejoindre la lisière de la vallée et la ville de Ya’an.
Nous faisons impasse sur les pandas et les grands bouddhas de la région.
Ils seront encore là dans plusieurs années (on espère !), et nous avons aussi besoin de nous « acclimater » à la descente.
Pour faire ainsi un retour progressif en Chine, on choisit de rejoindre une petite bourgade de 600 000 habitants du nom de ZiGong.
Une petite attente à la gare de péage de Ya’an, et nous trouvons notre véhicule qui nous conduit quasiment directement à bon port (412 km – dont seulement les 100 derniers d’autoroute – en stop en une journée, nous ne sommes pas peu fiers).
Les derniers kilomètres se font avec un couple charmant qui va nous dégoter une chambre de « prince » (selon nos critères) et pour cela, nous avons des draps tout doux qui sentent bon dans un grand lit, de l’eau chaude dans une salle de bain qui sent presque pas mauvais (comment ils font pour avoir des retour d’égouts au 7ème étage ?), un sol propre sur lequel on se sent de marcher pied nu et comble du luxe : un petit déjeuner ! miam !
Trois nuits à reprendre des forces, à bien dormir, à vivre dans le confort.
Sur notre trajet, le paysage a complètement changé.
Des hautes montagnes et plaines arides sous un ciel bleu, nous arrivons dans des plaines vallonnées de courtes collines aux forêts luxuriantes ou aux cultures vertes émeraude baignées d’une atmosphère brumeuse ou sous un ciel gris (si caractéristique à cette Chine « du milieu » que nous avions déjà visité).
Et puis il fait bon, enfin, nous fuyions un peu le froid du Tibet. Cela fait du bien de bénéficier de températures plus clémentes et nous sommes ravis de pouvoir manger notre bol de nouilles sur une petite table en terrasse, les bras nus, et s’offrir dans la foulée une balade digestive dans une cité qui vit encore une fois la nuit tombée.
Nous nous sommes sentis bien dans cette ville.
Bien sûr, c’est une ville chinoise en pleine croissance, avec son lot (ses nombreux lots !) de tours identiques qui s’élèvent dans le ciel (et dont on ne sait si elles sont toutes occupées tant elles se construisent simultanément), ses rues à la circulation chaotique (le piétons n’aura jamais la priorité – et même si le conducteur nous fait de grand sourire quand on s’engage sur la passage clouté, on aura tout de même droit à un bon coup de klaxon, avant de le voir forcer le passage), ses parcs avec des choix de décoration et de lumière improbables, ses marchands de fruits et légumes, de poissons, de grenouilles (la technique de préparation est plus horrible encore que la mise à mort pour l’Aïd ou chez les Toraja, puisque les batraciens sont scalpés avant qu’on leur décalotte le cerveau pour finalement les éviscérer), et tant d’autres denrées réparties à même le sol, le long des trottoirs…
Et puis la ville possède un patrimoine assez intéressant.
On a retrouvé de nombreux squelettes de dino’… mais ce qui nous branchait plus, c’est que la ville a construit sa renommée sur l’industrie du sel.
ZiGong se trouve dans un bassin sédimentaire et très tôt les hommes ont creusé et collecté la saumure et raffiné cet or blanc qui a eu dans l’histoire tant de valeur (rappelons-nous en France la gabelle) en tant qu’élément stratégique puisqu’il était le seul moyen de conserver les aliments (et n’oublions pas l’étymologie du mot « salaire »).
Bref, comme ça, on ne sent rend pas trop compte, mais le sel a été important dans nos sociétés et notamment dans celle de ZiGong faisant de cette ville un des point de départ de la Route du Sel.
Dans la ville il y a eu de nombreux puits de saumure, et la Chine ancestrale, comme souvent à l’époque, à innover sur de nombreux points en la matière.
C’est ainsi qu’à ZiGong, on trouve le premier puit dépassant les 1000m de profondeur (pour un diamètre de 11cm certes).
On y soutire la saumure que l’on ramène à la surface par l’intermédiaire de treuil tiré à bras d’homme, puis plus tard par des bœufs.
Lors des forages (invention du forage à percussion sous la Chine des Ming), une grande quantité de gaz naturel est aussi libérée. Pratique puisqu’on doit chauffer la saumure pour raffiner et cristalliser le sel.
ZiGong se trouve au confluent de deux rivières, ce qui permettait à la fois aux bateaux de se mettre à l’abri, ainsi que de sécuriser l’accès au fleuve et contrôler le transport des cargaisons pour la Route du Sel.
La ville s’était donc enrichit de belles maisons, pavillons et temples.
Son patrimoine a réussi à traverser les destructions de la révolution culturelle, ce qui est assez remarquable. … ce qui n’est plus le cas des vieux quartiers en train de se faire grignoter par les tours, et les barres.Alors on en profite, on saute dans une petit bac à 1 kuai, et hop! retour dans le passé…et la sérénité.
Notre séjour dans la « vraie » Chine des Han commence.
Entre le petit bout sur les rails, les petites figurines en trained faire leur gym et les vieilles maison avec leur multitude de toits et de crenelage, il est trop cute ce post. Je vois par contre sur les photos que Marion a perdue du poids depuis votre passage, on va remedier a ca…
elle a perdu combien d’après ta balance oculaire ?
Je préférais la SiChuan, mais vous allez nous dégoter des merveilles chez les Han !
Vinclechat, les grenouilles scalpées c’est pas trop trop cute quand même. Mais c’est sûr qu’à côté des cadavres picorés par les vautours, c’est disneyland.
Bises
alors si ça fouette ?, extrait du post : « comment ils font pour avoir des retour d’égouts au 7ème étage »
c’est parce qu’il n’y a pas de siphon sur les tuyaux…(oui oui, ainsi font font les petites marionnettes)
explications avec petit quart d’heure poétique
quand les étrons se retrouvent là, entre eux…, ils sont tout frais mais surtout tout chauds,
et comme la chaleur monte, l’odeur chaude aussi a le temps de monter…
sympa, hein ?
bob, à propos, quand est-ce que vous allez au chili… ? (si je peux dire…)
bises bises
Et dire que ces types – enfin certains de leurs ancêtres – ont inventé la poudre, l’imprimerie, les rouleaux de printemps… Et ils sont pas foutu de nous copier le siphon inventé il y a 2000ans par les romains?!?!
Ouais, vu de loin, ça fait moins envie que vos précédents périples dans le Yunnan et le Sichuan. Vous n’avez pas vu de table de ping pong dans la rue 🙂
Sur les puits de saumure, on pourrait avoir une explication « technique » ? ça ressemble pas trop aux exploitations qu’on connait en France avec les marais salants. Pourquoi les puits crachent-ils une sorte de lumière provenant d’outre tombe ?
Pas de table de ping long dans la rue, mais au milieu de terrain de basket!!!
Le trou de forage, il est pas montré. 20-30cm de diamètre, sur 1000m de long dis!
Ce que tu vois, ce sont les chaudrons dans lesquels on fait évaporer la saumure.
Et autrement les grenouilles,ils les préparent comment..
Pour la saumure il y a la même chose à Marsal près de Nancy mais moins moins profond
Coucou,
J’aime trop la photo des gars au resto.
Ca fait trop « vrai ». Et on dirait aussi qu’ils vont tous se lever d’un coup et commencer à vous savater en faisant du kung-fu à 30 contre 2, comme dans un film de Jacky Chan 🙂
On peut parler quand même des habits de celui qui est devant à gauche?