Jeju d’orange

[Info pour ceux qui sont perdus : nous étions à Jeju lors de nos vacances en Mars dernier.]
Plus d’info sur la carte à ce lien.

Parmi les aspects assez sympa de ce nouveau boulot en Corée, ce sont les vacances !
Toutes les treize semaines, Brice dispose de
quinze jours de détente.
Et si
à l’heure où nous écrivons cet article, nous revenons de Bali – justement dans le cadre de la seconde détente, quelle vie ! – faisons un bref retour en Mars dernier.
Il est encore compliqué de sortir de Corée. C’est ainsi que nous en avons profité pour fuir la froideur de l’hiver, et nous échapper sur l’île méridionale de Jeju*.

Formée par l’éruption du volcan Halla (한라산, Hallasan, 1930m alt., point culminant du pays), c’est aussi la seule région subtropicale du pays.

La région autonome est très touristique, aussi bien au niveau national (la ligne aérienne Seoul-Jeju est la plus fréquentée du monde avec un avion toutes les 8 minutes!) mais aussi à l’échelle asiatique.

Depuis 2008, les Chinois ont le droit de séjourner à Jeju sans visa (l’île ayant une politique migratoire indépendante de la République de Corée).
À l’époque, l’île accueillait 400 000 touristes par an. En 2018, ils étaient 15 millions dont 80% de Chinois.
La pression du tourisme a peu
à peu fait perdre de sa sérénité et les infrastructures ont bouleversé les paysages de la côte Sud et Ouest. Il y a néanmoins un choix extrêmement varié qui satisfont tous les tourismes.

Mais en Mars 2022, les touristes étrangers sont quasiment inexistants.
Le moment paraît donc opportun pour nous.

Il y a de belles rando’ et des plages sympas. Ce sera également l’occasion de découvrir un peu du pays qui nous accueille, et une culture malgré tout endémique (à l’île).

Autre avantage parmi les aspects sympa de ce nouveau boulot, c’est que nous avons une voiture.
Facile pour nous déplacer rapidement, en assis-mou confortable, dans ce pays où les autoroutes sillonnent de part en part et traversent les montagnes dans de longs et nombreux tunnels.

Quid de rejoindre une île en voiture… il nous faut un ferry !

Cela tombe bien, il y a tout un tas de compagnies qui partent de différents ports de la côte Sud du pays. Y’a plus qu’à… !!

Et c’est là que ça se corse un peu. Car en Corée, on ne parle pas beaucoup anglais. Les sites de réservations sont évidemment en hangeul (l’écriture coréenne), et lorsque la page existe en anglais, les liens et infos nécessaires sont souvent inexistants.
Ainsi, c’est bien la barrière de la langue qui nous empêche de réserver le bateau qui nous convient, malgré notre bonne volonté, débrouillardise et sérénité.

En nous rabattant sur une autre compagnie, nous parvenons à entrer en contact – précaire – avec une personne qui ne nous raccroche pas au nez, et nous propose de communiquer par messagerie instantanée – KakaoTalk ici. GoogleTranslate pour elle, phrases simples et concises pour nous, nous parvenons au bout de deux bonnes heures (cela aurait pris 5min max’ à un coréanophone, mais on est d’accord : on n’est pas encore bilingues), à réserver une place pour notre auto, et deux places pour nous, aller simple. On verra le retour une fois sur place. Ô joie !

Deux semaines plus tard, nous sommes en route pour le port de Wando, au Sud-Ouest de la péninsule. L’occasion pour nous de traverser les paysages parsemés d’îles de la côte.
La voiture est chargée dans ce grand parking flottant, puis solidement arrimée.



On a l’impression de partir loin, longtemps, à l’aventure. Le plaisir d’avoir mis quelques affaires dans nos sacs à dos est grand également.
Un rapide casse-croûte sur le port et nous embarquons
à bord du Silver Cloud (on aurait préféré Blue Sky, ou Rainbow on the Sea, mais on ne choisit pas) pour 3 heures de traversée (et 100 km).

Rien de mieux pour se sentir en vacances que de prendre le bateau, et de voir lentement s’éloigner la péninsule, le travail, et les contraintes.

15 jours à Jeju, c’est parti !

En arrivant sur l’île, le rythme semble déjà plus calme. Il est tard, nous nous installons « en ville » pour la nuit, avant de prendre la route le lendemain et partir explorer cette île ovale de 73km par 31 km, dont le Mont Hallasan se dresse en son centre.


Nous nous mettons en mode « bourlingue », les sens et les yeux grands ouverts, prêts à la surprise.

Pour notre plus grand plaisir, nous découvrons l’existence du Olle Trail, un chemin de rando’ qui fait le tour de l’île en 21 tronçons, long de 422km.
Nos vacances sont ainsi ponctuées de longues marches.

Nous longeons la côte, traversant plages de sable fin et abords déchirés par les vagues, cultures de colza dont les fleurs d’un jaune éclatant tranchent avec les sombres pierres volcaniques des murets délimitant les parcelles.



Les villages sont calmes, les ruelles étroites et sinueuses. Les toits en taule colorée chapeautent les murs blancs des maisons, souvent de plein pied. Sur les rebords des fenêtres, plantes et fleurs prennent le soleil, tout comme les vêtements qui sèchent au vent.
Palmiers et poteaux électriques rompent l’horizontalité de ce paysage, qui semblent soumis aux rafales de vent.



Les randonneurs ou locaux que nous croisons, nous saluent toujours gentiment, alors que nous leurs lançons un fier 안녕하세요 bonjour.

Nous traversons des ports de pêche étriqués, petits havres qui protègent de la houle rugueuse les bateaux qui vont et viennent.


Les filets s’égouttent. Il en est de même des combinaisons des 해녀Haenyeolittéralement femmes de la mer, les femmes plongeuses de Jeju.



Inscrites en 2016 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, les Haenyeo pratiquent la pêche en apnée, récoltant ormeaux, poulpes et oursins dans de larges nasses qui flottent à la surface. Habillées de combinaisons intégrales de neoprene parfois vieillies, ces femmes, très souvent âgées, plongent plusieurs heures par jour, dans les eaux fraîches de la Mer de Chine Orientale.

Des archives indiquent l’existence des Haenyeo avant la période des Trois Royaumes de Corée (57 av. J.-C.- 668 ap. J.-C.). Époque à laquelle les habitants de l’île de Jeju fournissaient des perles au roi. Mais la première inscription officielle de l’activité de la pêche en apnée à Jeju remonte à 1629 durant la période Joseon (1392-1910)

Jusqu’au XVIIIème siècle, la plongée était une activité réservée aux Hommes, jusqu’à ce que l’État leur impose de lourdes taxes. Pour palier cela, les femmes prirent le relais, offrant une source de revenu considérable, et devenant, par conséquent, cheffe de famille. Une société matriarcale est née.

La place prépondérante des Haenyeo dans l’économie de Jeju s’est poursuivie longtemps après la colonisation japonaise. Au début des années 1960, les récoltes des Haenyeo représentaient 60% des revenus de la pêche de Jeju, et 40% des maris restaient au chômage.

Suivant la tradition chamaniste, les Haenyeo demandent encore tous les ans la protection et bonne récolte à « Yeongdeungsin » (영등신), la déesse du vent, et « Yongwangsin » (용왕신), le dieu dragon.
Aujourd’hui, les jeunes générations préfèrent travailler dans le tourisme ou en ville, entraînant petit à petit la disparition de cette pratique, occupée par seulement 4000 femmes en 2015. 85% d’entre elles étaient alors âgées de plus de 60 ans**.

Reprenons notre Olle Trail.
En marchant le long de la c
ôte, nous apercevons donc souvent ces bouées oranges qui flottent à la surface, tandis qu’une paire de palmes s’immerge rapidement après le passage fugace d’une paire de fesses en plongée canard. Elles communiquent l’une à l’autre en sifflant.


Nous aurons l’occasion de passer par le Musée des Haenyeo, et d’observer ainsi les outils, masques et tenues de plongée à travers les âges, et de mieux comprendre ces femmes et leurs histoires.

Les villages que nous continuons de traverser nous offrent un regard sur la vie locale, loin du tourisme et des attractions et musées improbables***, bien trop nombreux à notre goût pour cette petite île.
Nous savourons d’avancer lentement, de profiter des reflets turquoises de la mer, d’observer la danse des épis d’orge ou les énormes navets dans les cultures, de couper à travers champs et de repérer les flèches ou fanions orange ou turquoise qui guident notre parcours.











Nous nous émerveillons de la géologie de l’île, des coulées et des tunnels de lave, des bulles qui ont éclaté et d’autres qui se sont figées quand les blocs de lave ont été précipités dans l’eau de mer.







Les strates de cendre sur des dizaines de mètre
s ou les colonnes parfaitement hexagonales impressionnent de grandeur et puissance.
La formation finale de l’île de Jeju aurait eu lieu entre 400 000 et 700 000 ans, tandis que la dernière éruption d’Hallasan remonte à l’an 1007.

Disséminés sur l’île, plus de 360 oreum오름, cônes volcaniques « parasites » créent collines et tétons, cratères à parcourir et monts à gravir.



Nous tombons même sur le badol oreum, sûrement un lointain ancêtre basaltique de la famille de Brice.

À mesure que nous évoluons dans cet environnement volcanique, nos yeux s’attardent sur cette roche fondue. Les déchirures de la côte sont puissantes, le mouvement figé de la lave qui a coulé est présent et intimidant.

Nos rando’ du Olle trail nous font longer l’étonnant mont Songaksan, incroyable superposition de couches de cendre, roches et poussières, érodées par le temps et les vagues. Cette côte est vraiment belle.




La visite de la grotte de Manjanggul 만장굴, nous rend fragiles et petits. Ce tube de lave aurait été créé il y a 200 000 à 300 000 ans, lors de la formation du volcan Geomun.



Nous ne pouvons déambuler que dans une courte section (sur les 9km de long), mais la hauteur et largeur du tube (jusqu’à 30mx25m) donne l’idée de la quantité de lave qui y coulait avant qu’elle ne se fige. Stalactites et stalagmites, colonnes, pierre de coulée, hélictites et cloques, bancs, « radeaux » de basalte figé, « ponts » et « étagères » de lave, c’est tout un vocabulaire qui s’invite à nous. La Nature est incroyable et puissante.

Aussi, nous profitons d’une fenêtre de temps clair pour grimper Hallasan.
Il n’est pas 8h du matin quand nous nous engageons sur le sentier qui serpente à travers une for
êt verte et des pousses de bambous et feuillus d’hiver.




Nous sommes fin Mars et pourtant le printemps a encore du mal à s’installer ici.
La nature se réveille doucement. Dans la rivière, l’eau coule tranquillement. L’endroit est paisible et nous sommes loin de l’affluence dont on nous avait parlé (il faut réserver un créneau horaire pour entrer dans le Parc National).
Le sentier devient raide au fur et à mesure que nous progressons sur le profil exponentiel du volcan.
Les longues marches se raccourcissent petit à petit.



À mesure que nous grimpons, nous nous amusons des patchs éparses de neige qui ponctuent le terrain. Naïvement, nous nous disons que la face Nord par laquelle nous grimpons est moins exposée au soleil, « on aura moins chaud !»…
On sourit d’autant plus que nous nous moquons des premières personnes installant des crampons sous leurs semelles. Naïvement – et prétentieusement, nous nous disons que les Coréens aiment être bien – trop – équipés…

Puis, la neige se fait de plus en présente et fini par recouvrir entièrement le sentier.


On rigole moins : nous ne sommes qu’à la moitié de l’ascension.
La forêt, dense au départ, devient de plus en plus éparse, laissant apparaître un paysage de montagne. Ce volcan est large. Les falaises au loin sont saupoudrées de neige. C’est un décor d’hiver dans lequel nous progressons, loin des pousses de bambous plusieurs dizaines de minutes plus tôt.





Mais à vrai dire, on serait finalement bien contents aussi avec des crampons.
Nos semelles ont certes une bonne accroche, mais ne sont plus toutes jeunes,
et lorsque la neige a été bien tassée par le passage de nombreux randonneurs, autant dire que l’adhérence n’est plus optimale. La montée devient ainsi fatigante, nos pas moins assurés, parfois en canard ou sur le coté, creusant nos marches dans la neige plus fraîche mais aussi plus profonde.
Sans oublier que nous prenons également de la hauteur.

Trois heures d’ascension plus tard, nous atteignons le sommet d’Hallasan, et ses 1950m alt. (1350m de D+ – pas mal sur une piste glissante).




La vue sur le cratère enneigé nous ravis, avec en fond l’horizon plat de la mer. Nous avions presque oublié être sur une île !



Comme à l’accoutumé lors des balades en montagne en Corée, une longue file de randonneurs s’allonge sur plusieurs dizaines de minutes, chacun attendant patiemment la photo de sa mine réjouie au pied du « caillou », preuve irréfutable de son ascension sur les réseaux.


Pour nous, pique-nique d’onigiri et barres de céréales face à ce large décor. Nombreux sont les Coréens autour de nous qui s’installent, sortant réchaud et nappe, le tout assis sur leur petite chaise pliable. L’art de voyager léger !
Nous ne nous attardons pas, il faut encore redescendre.



La descente se fait, pour une bonne partie, en longue glissade contrôlée, profitant de la neige bien tassée.
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Nous sommes ravis d’économiser nos genoux, et de finir cette rando’, entourés
à nouveau de bambous et des odeurs printanières de la forêt, et de nous remplir le ventre, de nouveau.


Notre exploration de l’Île se poursuit, entre Olle trail et Oreum. L’abrupte falaise du cratère de Seongsan Ilchulbong et ses concrétions de lave,




ou le mont Sanbangsan et ses 395m alt., qui semble avoir poussé de nulle part sont autant de belles découvertes dont nous savourons la géologie.
L’alerte typhon nous permet de lever le pied et nous installer deux jours supplémentaires au pied de ce dernier et d’en observer toutes les facettes, à chaque heure de la journée.






Nous marchons beaucoup, bien que nous sommes véhiculés. Notre auto nous offre plus de flexibilité aussi, nous permettant de nous enfoncer facilement sur les routes secondaires et tertiaires les plus boueuses.

Néanmoins, le système de bus est assez bien fait, et très souvent, nous retournons à notre point de départ en transport en commun ou en stop.
Nos habitudes de voyage reviennent rapidement.
À vrai dire, on a l’impression qu’il suffit qu’on ait un sac-à-dos pour retrouver simplicité et spontanéité. Le plaisir du voyage ne nous quitte pas. L’envie de découvrir, d’apprendre et de nous imprégner nous accompagne encore. Pousser la porte d’un restaurant intrigant, tous les regards qui se tournent d’un seul coup sur nous comme celui d’un seul homme. Choisir son plat au hasard des senteurs et des couleurs.




C’est confronté à cette itinérance que nous apprenons de notre environnement, de la langue, des spécificités culinaires… L’aventure nous nourrit !

Nous embarquons pour une courte traversée pour rejoindre l’île de Udo, à une poignée de kilomètre de Jeju.




Un chemin côtier de 12km en fait le tour, parfait pour découvrir ce petit plateau de lave, encore relativement préservé du tourisme de masse – à cette période de l’année, et couvert de culture et fleurs de colza.







Parfois, un panneau sur lequel il est demandé 1000 Won pour se prendre en photo dans les champs.


Il faut dire que les coréens adorent ce genre de photos. Le business semble plutôt lucratif.

Nous grimpons en forêt, traînons sur les plages, nous glanons cailloux et coquillages, et prenons le temps de café et jus, de resto’ divers et variés.







Jeju est connue pour ses oranges, les hallabong 한라봉. Introduite en Corée par les Japonais (et appelée Dekopon), ce fruit est considéré comme noble. Sa forme sphérique, surmontée d’un téton est facilement identifiable. Autant dire que depuis notre arrivée au pays du Matin Calme, tout le monde nous parle de ces oranges. Sur l’île de Jeju, les plantations sont nombreuses, tout comme les lieux de ventes que nous reconnaissons facilement aux cagettes entassées devant les échoppes.


Nos vacances ici seront ainsi l’occasion d’une bonne cure de vitamines et de poisson d’avril.

C’est en quittant Jeju que le printemps nous montre ses vraies couleurs. Des cerisiers aux rondes fleurs roses pales bordent les routes et les rues.





Nous grimpons dans un ferry en direction de la péninsule, les vacances se terminent.




Cette détente, offerte par le travail de Brice porte bien son nom.
Nous étions loin, sur notre île.
Nous rentrons à Ulsan sous un ciel printanier. Les colines verdissent, les bourgeons s’ouvrent, les fleurs éclosent. Et nous sommes rechargés, la tête et les poumons remplis de vent, de bon air et de bon temps.

PS : Notre voyage s’est fait fin mars début avril…
Ce fut une nouvelle fois l’occasion d’une pêche fructueuse.

* En Europe et jusqu’au début du XXème siècle, l’île était connue sous le nom de Quelque part.

** En rentrant à Ulsan, on fera le lien entre les Haenyeo de Jeju, les bouées qui flottent autour de Daewangam (« notre » parc) et les femmes qui y tiennent des petits restaurants de poisson (해녀집Haenyeojib). Il y a finalement des Haenyeo tout le long de la côte.
Plus d’infos et de jolies photos
ici

*** On trouve de toute sorte d’attraction pompeusement appelées « museum », du resort hôtelier Hundertwasser, au « musée » du sexe, des pianos ou de Snoopy.

3 thoughts on “Jeju d’orange

  1. Ah ah ah : le badol oreum
    Impressionnant les tunnels de lave
    Très sympa cette balade en votre compagnie : vous avez gouté les méduses ? ça a quel goût, quelle texture ?
    Et c’est quoi ce « vomiting » sur le croquis de Marion quand vous prenez le ferry ? Je ne savais pas que des bourlingueurs chevronnés comme vous aviez le mal de mer
    Génial vos glissades à la descente du volcan (la vue du cratère enneigé est superbe)
    Bravo aussi pour la photo avec les mouettes : ça doit pas être évident à saisir en instantané
    Et 1 000 won, ça fait combien pour prendre une photo (~1€) ?

    1. Post
      Super intéressante cette escapade sur l’île de « Quelque part  » ! Après des mois d’attente (volonté de ma part), j’ai adoré ce post !
      Ces femmes plongeuses et leur histoire est incroyable !
      Quelle est cette « poire » qui pousse dans le sol ? Curieux …
      Et Bricks a meme un volcan à son nom !! Trop la classe américaine !!
      Sinon sacré nombre de plats en face de vous quand vs allez au restaurant ! En même temps je comprends; il faut bien récupérer les calories perdues lors de l’ascension .
      Gros bisous les bourlingueurs et see you in Massilia !!

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