Un saké à Osaka

[Info pour ceux qui sont perdus : cet article relate notre séjour s’étendant du 22 Mars au 1er Avril dernier. Plus d’info sur la carte à ce lien]

Trois jours après être arrivés au Japon, nous quittons notre auberge pour un petit appartement plus confortable, et qui nous permet de nous isoler à notre guise.
Non pas que nous ne voulons pas rencontrer des Japonais, nous sommes curieux et avides de comprendre cette société, mais la situation sanitaire invite aux précautions et nous voulons contrôler un peu nos interactions.

Si l’auberge se trouvait au Sud de Namba, quartier hyper animé et commerçant, notre nouveau chez nous se situe dans le quartier résidentiel de Hanazonocho, plus calme.
Nous avons l’impression d’avoir quitté la sphère des guides touristiques pour trouver la vie normale des habitants d’Osaka. Celle des bains publics, des tavernes, des coiffeurs et marchands de lanternes.

Nous nous plongeons dans un environnement plus populaire, plus simple. Loin des stéréotypes japonais.

Et quoi de mieux que de passer au supermarché pour nous immerger un peu plus dans l’ordinaire des gens, et accessoirement, remplir notre mini-frigo.Les supermarchés ont, de notre point de vue, toujours été des sources intéressantes d’observation de la vie locale. Analyser les rayons, les produits, découvrir les étals de fruits et légumes, c’est avoir un premier regard sur l’intérieur des maisons. C’est se plonger dans la cuisine du pays, mais aussi comprendre la société, les habitudes… et soulever tout un tas d’autres questions.
En Inde, les supermarchés sont anecdotiques – et seulement utilisé par une classe moyenne plus émergente, on (les maid des classes supérieures, ou la grande majorité des classes inférieures) fait ses courses dans la rue. En Israël, nous nous étions retrouvés face à un rayon de tahini. En Bulgarie, c’étaient des étalages de yaourts qui se présentaient à nous.

D’ailleurs, nous aurions adoré trouver un vendeur de fruits au coin d’une rue, mais jusqu’à présent, nous n’avons vu que quelques épiceries de quartier, vendant des fruits et légumes à la pièce et emballés1. On réalise que ces produits deviennent chers et luxueux pour nos bourses. On n’avait plus l’habitude.

De plus, nous replongeons dans un monde de profusion et de consommation.
Comme dans tous les pays développés, et peut-être même plus qu’en Europe, les options sont nombreuses et les références multiples. Quel luxe d’avoir le choix !

Ainsi, nous passons par chaque allée du supermarché, découvrant tous ces produits aux emballages graphiques et indéchiffrables.
Devant les étagères de sauces, les apéros crackers, algues et viande séchée, condiments et wasabi, les vinaigres et soupes miso, le choix n’est pas aisé. Le vaste rayon du poisson frais (toujours en barquette), tout comme celui de la viande, celui du lait et tofu, et des bières sont bien achalandés.

Et miracle !
Comme un phare dans ce flot incessant de produits, nous découvrons les promo de fin de journée sur les plats préparés mais aussi les sushi. Le premier mot en kanji que nous apprenons à reconnaitre est 半額 hangaku, « moitié prix ».
Notre panier se rempli. Et notre portefeuille se vide.
Nous sommes bel et bien revenus dans une société moderne, alors qu’une machine à glaçons est installée près des caisses pour permettre de maintenir aux frais les produits dans les nombreux sacs plastique, le temps du trajet retour…

Durant les premiers jours, nous évitons les sorties. Pas de resto’ mais des repas à la maison.
Nous avons succombé aux sirènes des démarques, et sommes contents de pouvoir nous préparer à diner des sushi, des soupes, des nouilles sautées ou même des crêpes.

Et puis il faut dire que notre petit appartement2 est bien confortable.
Rien ne manque. De la machine à laver aux chaussons d’intérieur, de la planche à découper au fer à repasser. Dans la salle de bain, une petite baignoire s’ajoute à la douche – les Japonais appréciant se baigner. Un bon chauffage nous fait traverser les journées les plus froides. Et chose que nous avions oubliée : on peut boire l’eau du robinet !
Nous sommes bien installés.
Ce super confort est le bienvenu. Nous sommes fatigués et avons besoin de repos.
Ce qui va aussi dans le sens de notre isolement, de notre atterrissage, de notre mise en température et de nos habitudes à adapter. Nous prenons le temps de prendre du temps3.

Nous appelons notre copain Takahiro pour nous renseigner sur la situation sanitaire, comprendre si l’étrange affluence que nous observons dans la ville est normale et comment nous devrions nous comporter. Quant à notre amie Takako, elle nous donne de nombreux conseils pour notre future exploration du Japon.
Nous commençons à nous renseigner, à glaner des informations.
On ne sait pas encore comment faire. Ni par où aller. On ne sait pas si nous allons pouvoir bouger, si nous avons le droit de nous déplacer.
On fouille.
Voyager dans ce pays demande un budget conséquent.
Prévoir, organiser et réserver sont des mots qui s’invitent de nouveau dans notre quotidien.
Nos habitudes et modes de fonctionnement de Bourlingue vont devoir être changés.
Mais au-delà de cela, la situation se prête-t-elle au tourisme. Les réponses se dessineront au fur et à mesure des semaines suivantes.

Mais en attendant, notre frigo est bien rempli et nous nous réchauffons de thé noir Oolong, sans lait ni masala. Les Nippons ne parlant pas trop anglais, nous nous lançons dans l’apprentissage du japonais et démarrons la méthode Assimil, découvrons les hiragana, les katakana (des alphabets syllabiques) et les kanji (les sinogrammes). Les caractères chinois appris quand nous habitions en Chine nous servent un peu. Ça fait plaisir de nous en rappeler. La prononciation diffère, plus de tons, mais une grammaire plus complexe. Une autre logique.

Nous nous octroyons tout de même quelques balades.
Autour de chez nous dans un premier temps, où nous déambulons dans les ruelles étroites, bordées de maisons de bas étages bien alignées. Nous sommes dans un quartier populaire, et les constructions sont simples.


De nombreux pots de fleurs et jardinets occupent le devant des maisons, apportant les touches colorées qu’il manque aux façades. Gris, anthracite, noir, brun, beige, blanc, les couleurs criardes de l’Inde semblent bien lointaines.




Des vélos, des balcons où pendent les vêtements qui sèchent, des faisceaux de câbles électriques, des portes qui coulissent et des parois en bois ou en tôle, des tuyaux d’arrosage, des distributeurs de boisson4 ou de cigarettes, les restaurants et leurs menus « en plastique », et les izakaya (居酒屋), ces tavernes que l’on reconnait au court rideau qui en barre l’entrée et à la lanterne rouge en devanture.
Que ces tavernes nous donnent envie ! Ce sont des lieux de convivialité, où une poignée de clients se réunissent pour papoter avec le patron, ou pour se serrer avec des amis pour des soirées bière-sake et petits plats chauds ou froids partagés. C’est un peu l’équivalent des bars à tapas espagnols.
Nous n’avons pas encore osé faire coulisser la porte d’entrée. La promiscuité, et notre manque de vocabulaire japonais nous gardent encore à distance, malheureusement.

Nous enchainons les kilomètres, baignés par la paisible atmosphère qui règne dans ces rues. Nous saluons d’un konnichiwa les personnes que nous croisons, tentant de sourire derrière ces masques qui, pour l’instant nous embêtent.
Mais les interactions demeurent peu nombreuses.
Et ici encore, les regards fuyants, les salutations à peine prononcées, l’absence de sourire… nous font un peu regretter le manque d’intimité indien. C’est tout le contraire. Ils sont discrets et ne se mêlent pas des affaires des autres.

Nous passons par les rues couvertes, véritable cœur de vie de ces quartiers résidentiels.
Des allées commerçantes où on trouve de tout.

Un boucher et ses frigos aux morceaux de viande bien rouge, un vendeur de fruits et légumes, un café, un supermarché, une épicerie, une boutique de thé, un photographe, des izakaya et quelques restaurants en tout genre dont celui où nous nous arrêtons un soir, pour y déguster de délicieux okonomiyaki (littéralement okonomi (お好み, ce que vous aimez / voulez » et yaki (焼き, grillé), sorte d’omelette/pancake épais, souvent cuisiné à base de chou. Nous sommes servis sur une table chauffante, et accompagnés de yakiudon, de larges nouilles (de blé un brin élastique) sautées, nous nous régalons.


Et puis nous partons nous balader un peu plus loin, prenant d’autres directions.


En nous dirigeant vers l’Ouest, nous traversons un quartier à l’atmosphère plus industrielle. Des usines bien propres au vrombissement discret, aux bétonnières rutilantes ou aux engins de chantier décorés d’une girafe pour la grue ou d’un dinosaure pour la pelleteuse, de vastes zones de parking, des terrains de baseball ou des practices de golf.

La partie occidentale de la ville, partiellement réclamée sur la mer, est parcourue d’un méandre de rivières sobrement canalisées que notre balade nous fait traverser dans de petits bacs empruntés par quelques habitants à vélo.


La journée est belle. Le ciel est d’un beau bleu et les indices de pollution sont au plus bas. Ça fait du bien de sentir que l’air n’est pas pollué. Même en pleine ville, nous pouvons respirer à plein poumons. Et la pollution sonore n’est plus qu’un mauvais souvenir. De manière générale, mise à part les quartiers les plus centraux, le reste de la ville est nettement moins dense que les grandes villes européennes et nous nous retrouvons à arpenter des trottoirs souvent déserts dans des rues calmes. Mais, où sont les gens ?




Nous nous arrêtons dans un petit temple shintoïste, notre premier. Pas facile de décrypter les symboles, de faire le tri parmi les différentes sectes et écoles. On prendra le temps de creuser un peu. À côté de la lourde corde servant à faire sonner une cloche, un mode d’emploi est épinglé et explique la bonne façon de prier, alors que de nombreux omikuji, divinations écrites sur des bandes de papier que l’on tire au sort, occupent les rangées de cordelettes du portant.



En passant par un parc, nous retrouvons quelques enfants qui jouent – discrètement – et des groupes de personnes âgées qui se retrouvent pour papoter.
Nous découvrons nos premiers sakura. Il faut dire que cette arrivée soudaine au Japon correspond avec le bourgeonnement des fleurs de cerisiers, une période que les Japonais affectionnent particulièrement et qui attire annuellement de nombreux touristes5.
À mesure que le printemps progresse et les jours avancent, nous voyons les boutons s’ouvrirent petit à petit. Il nous tarde maintenant de découvrir les parcs et allées remplis de ces fleurs roses pales.

En plein cœur de la ville, aux abords même de l’immense aquarium bordant l’un des bras du fleuve, nous longeons des immeubles et des digues anti-tsunami (nous rappelant, au passage, que nous sommes au bord de la baie d’Osaka, s’ouvrant sur la mer des Philippines et l’océan Pacifique, et que le Japon est sujet aux tremblements de terre).

Nous nous enfonçons dans les rues des quartiers d’habitation, un peu plus modernes et propres que ceux de chez nous, nous traversons des passages à niveau, aux barrières bichromatiques et à la sonnerie typique des manga et anime.
Nous passons sous un échangeur où des routes tournicotent dans de longs toboggans – et toujours sans bruit, cinquante mètres au-dessus de nos têtes et arrivons sur les berges de la baie, pour emprunter le bac et rejoindre le bord opposé. Au-dessus de nous, un pont autoroutier aux dimensions colossales enjambe la rivière Yodo-Gawa. Tout ceci dessine un vaste réseau de voies aériennes digne des vertigineuses Cités Obscures de Shuiten et Peters.
Nous paraissons tellement petits.

Le Japon nous surprend. Nous sommes contents de nos explorations urbaines et du rythme tranquille imposé qui nous permet de nous acclimater, et prendre plus le temps de creuser notre découverte.

Nous avions oublié qu’il pleut au Printemps, et nous alternons journée à la maison et balade, toujours plus curieux de découvrir la ville.
Dans les couloirs du métro, tout est gris et noir. Austère. Tout est propre aussi, et ergonomique. Des élévations des prochaines stations sont présentées en gare ou dans les trains pour accélérer le flux de voyageurs. Les horaires des métro sont affichés et suivant la rigueur et l’exactitude japonaise, le train est ponctuel.

Les assises en velours, un brin surannées, sont confortables.
Assis à côté d’un papy qui s’endort sur son bouquin (où les phrases sont écrites à la verticale), nous prenons garde de bien réajuster notre masque. Face à nous, une jeune passe 20min à remettre sa frange en place.

Le ciel est bas aujourd’hui, mais nous voulions néanmoins tenter une promenade sous les sakura le long des berges de la Yodo-Gawa. Ces derniers commencent à peine à s’ouvrir et apportent cette jolie et douce teinte rose.



Au loin, la ville se dresse, forte de ses contrastes. Hautes tours de verre et murailles solides du château, autoroutes aériennes et ruelles piétonnes, voitures électriques au design novateur et moto Honda Super-Cub au look inchangé, hôtels de luxe et restaurants-cantines, chauffeur en costume taillé et ouvrier aux jikatabi, ces bottes à gros orteils séparé.

Nos yeux passent de tradition à modernité en permanence. Le Japon est riche de cette culture d’opposé.

Sous les larges ponts, des SDF luttent dans le froid et l’humidité de cette fin d’hiver.
Leurs bardas semblent bien fourni, ils glanent des objets parfois presque neufs, que la société de consommation rend rapidement obsolète. Mais dans un pays aussi avancé, on se dit que l’exclusion et la fracture technologique doivent être importantes et la pente incommensurablement raide, voire impossible à remonter.
D’autant que les relations entre Japonais étant ce qu’elles sont – inexistantes, ces « invisibles » doivent vivre dans une solitude pesante, sans aucune interaction.
On ne les voit pas, on ne les considère pas.
En Inde, beaucoup plus de gens vivent dans la rue, dormant en famille sur les trottoirs ou dans des taudis autour de brasero, rassemblant les gens en communauté, tristement importante. Le fossé avec les classes les plus pauvres étant moins important, ces populations semblent moins isolées.
Et puis avec quelques rupees, il est plus facile de se nourrir qu’avec quelques yen.

Encore un autre contraste, d’autant que nous rejoignons le quartier de la rivière Dotombori, avec ses rues commerçantes et animées. Ils sont donc là les gens…Depuis notre arrivée, tout nous semble incroyablement calme et endormi. Les rues et parcs déserts, les bus vides.
Mais dans ce quartier, nous retrouvons les jeunes Japonais habillés en vêtements vintage et décalés (peu d’entre eux portent des masques). Les filles sont apprêtées et en talons, pointes de pieds vers l’intérieur. Certains se « perdent » dans des déguisement de cosplay. Les hommes d’affaires marchent d’un pas assuré dans leurs costumes ajustés. Et puis les magasins s’alignent et se superposent dans d’immenses mall dans lesquels on trouve toutes les références et où on peut tout essayer6. Tout appelle à la consommation, dans une overdose de sigles, logos, couleurs et bruits.


Les boutiques de figurines de manga, les pâtisseries « françaises », les restaurants installés à chaque étage d’un immeuble, les rabatteurs, les bars, et les salles de jeux d’arcade ou, plus originale, celle remplis d’une centaine de flippers, pour un voyage dans le temps.

Et puis bien entendu les salles de Pachinko 7.

Nous marchons le nez en l’air, suivant les câbles et les enseignes colorées aux néons fluorescents.

Nous sommes inondés d’informations. Le système d’écriture Japonais complexe en fait une langue très graphique. Quand ce ne sont pas juste une abondance de lumières colorés8.


Perdu au cœur de cette ville animée, nous tombons sur un petit temple anachronique, le Hozen-ji. Au centre du sanctuaire, la statue de Fudo-myoo, l’un des cinq gardiens du bouddhisme, trône sous une couverture de mousse, régulièrement arrosée par les dévots. Entouré de lanternes, au calme, nous avons la sensation de faire face à un être des bois, perdu dans cette forêt de béton. Cette statue est impressionnante.

Malgré tout, après une semaine au pays du Soleil Levant, on sent que le manque de contact avec la population est difficile et frustrant. Nos têtes sont remplies de questions que l’on rêverait de pouvoir poser.
Les interactions sont peu nombreuses. Seuls nos bonjours et merci invitent à un semblant de contact. Mais les regards nous apparaissent souvent fuyants quand nous croisons les gens dans la rue.

Au bout d’une dizaine de jours, nous rencontrons Valentine et Johan. Des amis d’amis.Ces derniers étaient en voyage au Japon depuis plus de deux mois. Ils se sont perdus dans les paysages du Nord, du ski dans les Alpes Japonaises, et des randonnées à travers les panoramas à couper le souffle d’Hokkaido (l’île septentrionale de l’archipel), ses reliefs enneigés, ses paysages montagneux et ses rivières gelées.
Mais avec la crise sanitaire mondiale, ils ont décidé de rentrer plus tôt et comme ils sont de passage à Osaka, nous décidons de nous rencontrer.
Nous nous retrouvons un après-midi glacial, et partons nous balader dans le quartier de Dotombori, l’occasion de revisiter cet endroit, mais sans la pluie.



C’est sympa de se faire des copains. Nous partageons nos expériences ainsi qu’une bière ou un Highball (Scotch whisky + soda) dans un izakaya.

Puis finissons la soirée, alignés au comptoir d’un buibui servant de grands bols de ramen bien chauds. Une fois encore, nos papilles se régalent, et nous nous quittons, contents d’avoir sociabilisé.

Nous rentrons dans la soirée, sans jamais pour autant ressentir la moindre insécurité. De jour comme de nuit, alors même que certaines rues sont bien moins éclairées qu’à Paris.

Les fleurs des cerisiers pointent, nous nous disons que ça serait une bonne idée d’aller voir à quoi ressemble les paysages de cartes postales de Kyoto à cette époque et c’est ainsi que notre séjour à Osaka prend fin.

 

 

1 – Aïe, les emballages.
Le sujet est vaste et nous ferons un article spécifique pour tenter d’expliquer la situation au Japon.
Mais c’est une catastrophe.

2 – Nous avons trouvé cet appart sur booking.com.
En arrivant dans le hall de l’immeuble, nous faisons face à une tablette, dans laquelle nous devons entrer un code (reçu par email) et nos données (photo, passeport, nom, visa, etc… ). Au bout de 5 bonnes minutes, un numéro de boite et un code s’affichent afin d’ouvrir le coffre sécurisé en question, dans lequel se trouvent les clefs pour ouvrir la serrure ultra compliquée, à deux poignées et 2 verrous.
Le simple cadenas à clef, largement utilisé en Inde apparait bien archaïque.

Zéro contact.
Argent contre service. Point.
Ce manque d’humanisation nous choque un peu.
Bienvenue dans la société des automates.

En arrivant dans l’appartement, un manuel de plusieurs pages nous attend, nous expliquant comment chauffer l’eau, changer les chaines de la télé, allumer la clim’, jeter nos poubelles et faire fonctionner la machine à laver.
Un vrai pays de mode d’emploi.

3 – Encore une fois, le blog rempli une bonne partie de nos journées passées à la maison, mais un désagrément nous contraint à profiter de chacun des deux lits confortables.
Marion doit passer de nombreuses heures la tête à l’envers, à peigner ses cheveux pour y retirer les poux qu’elle a rapportés, probablement, de notre sieste à Singapore. Quelle galère…

4 – Les vending machines sont légions au Japon, on en trouve toujours une, éclairant un carrefour de sa lumière blafarde. Les bouteilles s’affichent dans la vitrine et des ampoules multicolores clignotent. Elles vendent aussi bien des boissons froides que chaudes (des cannettes de café chaud), certaines machines proposent de la bière ou même des verres de sake encapsulés et d’autres, plus rares, des cigarettes. Nous n’avons jamais vu de machine distribuant de la nourriture.
Le consommateur siffle généralement sa boisson debout à côté de la machine, pour jeter le contenant dans la poubelle à côté. La seule présente sur la voie publique – on développera.

5 – Il y a dix ans, nous nous faisions une joie de voir les cerisiers en fleur.
Mais notre séjour s’est achevé une courte semaine trop tôt, et nous étions partis désabusés, manquant de peu Hanami, la fête des sakura.

6 – Nous passerons notamment quelques heures chez BIC Camera, immense magasin à la musique entêtante rabâchée en boucle, et où l’on peut essayer tous les appareils photos du marché, tandis que s’étendent des rayons de plusieurs dizaines de sacs, des centaines de trépieds, des pinceaux à épousseter, … c’est dingue ! Et ce sur plusieurs centaines de mètres carré. Et il y en a autant pour les ordinateurs, les jouets, le matériel de camping…

7 – On n’a jamais trop compris ce que c’était. Une sorte de machine à sous aux petites billes d’acier. Il semble qu’auparavant, le joueur choisissait où les billes devaient choir sur un tableau aux nombreux cheminements, tel un flipper vertical. Dorénavant, un bouton envoie automatiquement et de manière aléatoire les billes un peu partout. On ne comprend pas le but du jeu, si but il y a, et comment on gagne. Comme une machine à sous, on peut récupérer ses gains. C’est un monde à part. On y fume (un des derniers endroit public où la cigarette n’est pas proscrite), le vacarme y est assourdissant (il y a souvent deux portes pour isoler la rue de la cacophonie), et l’addiction au jeu semble atteindre les « petites gens ».


8 – Dans notre quartier populaire, on trouve quelques supermarchés Tamade.
À l’intérieur, des rayons colorés surmontés de miroirs-lustres-ventilateurs qui semblent ne pas être à leur place. Le personnel est en partie constitué d’handicapés et de personnes âgées (serait-ce le système libéral qui conduit tant d’entre eux à avoir des petits boulots ? ou juste le besoin d’être utile, inhérent à la société japonaise?).
Brice a une affection toute particulière pour cette chaine ouverte 24h/24 et dont les néons criards dénotent avec l’austérité des quartiers calmes. On dirait un parc d’attraction désuet – ou une salle de pachinko !




 

10 thoughts on “Un saké à Osaka

  1. Eh ! Bien c’est très tranquille maintenant, presque un peu trop calme, non ?
    La frénésie indienne n’est plus qu’un souvenir, moi aussi je suis qq peu nostalgique !

  2. je suis toute « tournis » après mon saké , sans saké, avec vous à Osaka …
    j’espère que le confinement ,si confinement il y a,n’est pas trop pénible pour vous; merci en tous cas de m’avoir balladée sous
    ces ces merveilleux cerisiers roses; je pense fort à vous and take care! la jo

  3. Hello, joyeuse fête du travail et merci pour cette immersion dans la culture japonaise. Ca fait du bien de pouvoir s’évader grâce à vous

    1. On pense plutôt qu’il y a beaucoup de gâchis : les fruits et legumes étant chers, il faut qu’ils ne présentent aucun défaut.
      Ceux qui ne sont pas impeccables doivent terminer à la poubelle (ou en « clearance ») faisait que le prix reste élever (puisqu’il faut acheter X fruits pour en vendre un).
      Ça doit être une cercle vicieux.

  4. Quelles couleurs…!!! Ces passages des gris tristes aux flamboyants orangé-rouge électriques. Super. Et il me faudra faire un séjour nippon..les flippers sont devenus rares en France. Un bain de jouvence. Bisebis. ppf.

  5. Au fait en relisant cet article je pense que si vous etiez inscrits a SERVAS vous auriez pu faire des rencontres interessantes, avoir des interlocuteurs en tout cas (et accessoirement faire de petites economies de logement bien que ce ne soit pas le but dans l’esprit SERVAS). D’autant qu’il y a je crois bcp de SERVAS au Japon, et bien organises.

  6. Coucou les amis.

    Très intéressantes ces photos de votre nouveau quartier plus “populaires”. C’est loin de ce qu’on a l’habitude de voir ou d’imaginer du Japon. C’est cool de voir le japon de M. tout le monde et pas du tourisme lambda (c’est marrant ces expressions). Merci la bourlingue!
    On en a déjà parlé, mais je le répète : 使い捨てプラスチックファック

    Les restaurants sont trop alléchants. Vivement la fin du confinement qu’on se fasse des ptis façon façon en bas de chez nous 🙂

    Gros Bisous!

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