Quelle bonne surprise en arrivant à NyaungShwe sur le lac Inle.
On s’attendait tellement à retomber dans un lieu ultra touristique où nous serions des proies faciles.
Erreur !
Grossière erreur !
Alors oui, c’est très touristique. On ne va pas se mentir. Et les gens ici, ont bien compris qu’il y avait un business à faire avec le lac. Mais ils sont loin d’être des « prédateurs ». Les agences de tourisme ouvrent, les petits resto’ pour touristes aussi, et le nombre d’hébergements sur le site est passé d’une quarantaine, à plus de quatre-vingt en un an… mais les prix n’augmentent pas trop (mais restent chers…), les pécheurs – qui à mi-temps baladent les touristes sur le lac – ne sont pas du tout insistants (et heureusement car ils sont des centaines à proposer leurs services) et les gens gardent leur sourires et leur généreux accueil.
En restant quelques jours dans cette petite ville lambda, on trouve même nos habitudes, les gens nous reconnaissent dans la rue, nous interpellent… c’est un vrai bol d’air de venir ici après Bagan, et ça nous remet en confiance pour la suite du voyage.
On aura une grande discussion avec le gérant de notre auberge, sur le tourisme en Birmanie, et s’il consent qu’il y a quelques points négatifs à cette rapide ouverture du pays, il arrivera cependant à nous faire nuancer notre point de vue. En effet, l’expansion du tourisme a eu de bons effets sur la société birmane, en accélérant la concurrence, en augmentant les entreprises privées (appartenant malheureusement souvent à d’anciens généraux ou relatifs), et par exemple en offrant de meilleures garanties bancaires, et donc une situation économique plus stable, et moins dépendante du dollar.
Bref… globalement ce séjour au lac Inle recolorera l’image que nous avions de ce pays après notre passage à Bagan.
Et principale raison aussi : il fait très beau, et c’est magnifique.
On décide de se faire une journée off. Il fait beau, et on a la flemme de se bouger.
En plus, on est jour de lune nouvelle, et tout le monde sait bien que jour de lune nouvelle, il n’y a pas de marché !
Alors on part se balader dans la ville, on mange du curry, on goûte un gâteau à la noix, on dit bonjour, on fait des croquis, on fait des photos, on fait rien.
Sur le ponton, alors que Marion est penchée sur son carnet, Brice papote avec un pécheur, il ne veut pas forcément vendre ses prestations, mais finalement on prend rendez-vous avec lui pour le lendemain.
On essaie en effet d’avoir la démarche la plus socialement équitable possible dans ce pays, pour que la manne du tourisme ne profite pas toujours qu’aux mêmes. On recherche les bui bui, et en l’occurrence, on se dit que c’est mieux de filer des sous à notre famille de pécheurs qu’à l’agence de voyage des auberges qui brassent déjà beaucoup d’argent…. Même si ça nous fait gamberger : va-t-il retourner pêcher ?
On loue des vélos vers 15h.
Bon, on n’ira pas bien loin, Marion, à l’arrêt (et dû à sa maladresse…) se tord/se raille l’orteil-pouce-des-DEUX-pieds. Mais ça nous permettra de faire une tour dans la campagne, dans des villages derrière, pas besoin de faire des kilomètres pour déjà se sentir loin loin loin. Des enfants qui rentrent de l’école parmi les champs inondés, des petites maisons de bric et de broc, des agriculteurs qui travaillent encore quasiment sans machine…
Le lendemain, rendez-vous est pris à 7h30 avec notre ami pêcheur. Rosa et Jérôme, un couple franco-espagnol rencontré la veille également, nous rejoignent pour la journée.
Le lac Sankar est situé à 3h de barque motorisée de NyaungShwe. C’est plus loin et plus cher que le circuit traditionnel, mais on nous a dit que c’était très joli là-bas.
Alors, quitte à être au Lac Inle, autant en profiter à fond.
On traverse donc le lac Inle, observant les pêcheurs, en équilibre sur leur barque. Tels des danseurs, ils zigzagent et avancent, maniant la rame avec dextérité du bout du pied. Au loin, les montagnes encadrent le lac.
Elles semblent protéger cet environnement.
Les maisons sont construites sur pilotis, plantés au milieu du lac. Alors certes, le lac parfois n’atteint qu’un petit mètre de profondeur (max. 6m), mais tout le monde se déplace en bateau.
Chaque maison est unique. Construite en bouts de bois, tôle, clous et ficelle.
Bambou par ici et par là, suspendu pour faire sécher le linge, fermement assemblé pour fabriquer un escalier, planté pour amarrer la barque…
C’est élégant, coloré malgré la précarité.
Certaines maisons ont été abandonnées, penchant de côté.
Sur d’autres, on aperçoit les extensions, les passerelles pour aller s’accrocher à la maison du voisin, ou pour simplement rejoindre le « cabanon-toilette » avec « tout à l’égout ». L’électricité arrive aussi. Les pylônes, en tronc d’arbres, supportent les câbles électriques. Si légers, si graphiques.
Sur les rives, les buffles tractent des charrues pour retourner la terre…
On navigue, au bruit tonitruant du moteur à explosion, saluant les paysans installés sur les berges. La barque passe dans les mangroves. On ne voit pas l’eau. Une fois, nous aurons moins de chance et on s’embourbera dans un chemin trop peu profond. Mais la plupart du temps, on traverse pour ressortir quelques mètres plus tard, au milieu d’une étendue d’eau, dans laquelle, de l’eau jusqu’à la taille, des paysans récupèrent des je-ne-sais-quoi. Plus loin, debouts à l’extrémité de leur esquif, d’autres semblent marcher sur l’eau.
Au village de Sankar, c’est jour de marché. On y arrive un peu tardivement, mais l’accueil est toujours aussi agréable et souriant.
Au bord de l’eau, dans un mélange boueux, des buffles tirent des charriots remplient des biens glanés au marché pour les transborder dans des pirogues enlisés sur le rivage. Celles-ci rejoindront les villages ou les hameaux lacustres encore plus reculés.
On n’est ni sur l’eau, ni à terre, on est ailleurs, loin de notre monde. Ce village semble tellement isolé et hors du temps.
On s’y balade, mingalaba partout et tout le temps, bols de nouilles, papote et thé, et on remonte sur notre canot.
Les barques ici, sont construites en teck. Celle sur laquelle nous sommes installés mesure une dizaine de mètres de long. 4 sièges en bois pour nous accueillir, couverture pour le vent du matin et du soir, et parapluie contre les projections d’eau et les embruns. À la poupe, un moteur poussif à l’échappement pétaradant*, (nos oreilles s’en souviendront encore le lendemain) entraîne une petite hélice 3 mètres en retrait.
Les embarcations des pêcheurs sont un peu plus petites (peut-être 4 ou 5 mètres), symétriques, plus plates et frêles, avec ou sans moteur. On est un peu mal à l’aise de les doubler si facilement, leur barque remplie à ras-bord, ramant doucement sur l’eau…
La plupart sont à genoux, sur le bout du bateau, ramant à droite puis à gauche. Certains, debout, manœuvre du pied. Alors que d’autres, aidés de leur moteur, sillonnent les rivages.
En cours de route, alors que soleil et ombre jouent avec les couleurs, notre embarcation vient percuter la barque d’un pécheur. PAF, par l’arrière, notre pilote un peu distrait n’a rien vu. Et le pécheur non plus.
On a juste le temps de voir passer un type les 4 fers en l’air, et PLOUF, dans l’eau.
…
Sa pirogue est retournée, des trucs flottent, et le mec, trempé mais indemne debout au milieu du lac (Oh… il a pied…), vocifère contre notre conducteur.
On l’aide à retourner son embarcation, le moteur est HS, il a perdu l’hélice… Un papy en barque s’approche pour aider à détacher le moteur pour vider la barque, …
Et nous, nous sommes coincés sur notre bateau, ne sachant ni que faire ni que dire…
Au bout de 20min, on reprend la route. Un peu perplexes de ce qui vient de se passer. Ça doit les emmerder ces pêcheurs toutes ces barques à touristes… Pfff…
Marion se sentira coupable au point de vouloir – un temps – aider financièrement à la réparation.
Mais notre journée continue, alternant passage par des jardins flottants et de grandes étendues d’eau, on visite un monastère perdu dans les marais.
Nous, assis dans notre confortable et bruyant bateau, on observe ce paysage qui défile.
On traverse le village de Nam Pan.
Des rues bordées de poteaux électriques, de maisons, des jardins, des garages et des commerces. Une vraie ville… mais sur l’eau. Mais pourquoi ont-ils décidés de venir s’installer ici… ?
La surface de l’eau des « rues » est si plane qu’on dirait un miroir, et la quiétude du lieu rajoute un peu plus à la magie du moment.
À la sortie de l’école, les enfants montent sur la barque, pour rentrer chez eux, si simplement… Ouais, en fait, c’est comme un bus de ramassage scolaire…
Tandis que les plus petits jouent sur les pontons et nous lancent des coucous… Mais ils savent nager ? La vie et les habitants se sont parfaitement adaptés à leur environnement aquatique.
C’est une jolie incursion en territoire flottant.
C’est beau, c’est beau, c’est beau.
On en prend plein les mirettes.
Notre journée sur l’eau prend fin. Retour à NyaungShwe.
Le lendemain, on a un peu de temps pour faire un tour de voisinage. Notre bus pour Thipaw ne part que dans l’après-midi – « excellent » timing puisqu’on arrive ainsi à destination en plein milieu de la nuit.
- En Birmanie, il existe un gros moteur unique, un moteur Made in China. Tout le monde s’en sert pour les motoculteurs/les camions/les bateaux/les pompes agricoles… toujours en échappement libre, pour bien qu’on les entende…
First!
Très beau! Toujours très sympa la vidéo! Bisous
Surprenant insolite et magnifique
J’ai hâte de voir les croquis de Marion
M’énervent ces touristes en Zodiac qui respectent rien et renversent les vieux 😉
Très belle série! Et belle vidéo sauf la musique. J’aurais préféré le bruit du moteur chinois multifonctions!
Bises
Perso, moi j’y vais j’y reste a jamais. Trop beau, trop calme, trop vie en harmonie avec la planete (ok les moteurs polluent un peu, mais pas trop quand meme), trop la bouffe doit etre excellente.
la Birmanie, c’est ouaaaah !
merci les trotters
évouzétoulà
Dommage qu’il n’y ai pas vos trombines ravies!
Au fait Marion, t’as retrouvé ton Kway j’espère?
Je vous ai attendu un jour dans le village Palung, car ont m’a dit que vous étiez pas loin derrière moi…J’ai dû mal comprendre…
J’attends de voir des détails de votre passage en Inde…c’est moi qui vous suivrai (avec un gros décalage dans le temps) si ça se trouve!
Salut ! Ça va les copains ?
Je vous paye ma tournée. Vous devez m’avancer un peu d’argent, mais promis, je vous rembourse la prochaine fois, ok ?
Aller, à la votre !
J’ai adoré la vidéo : même pas mal de mer et j’m’y connais, je peux l’avoir sur un ponton. Comme Sergio, j’aurais préféré le bruit du seul moteur pour m’immerger complètement.
Pour le reste. Photos, commentaires, ne changez rien. C’est parfait. Et j’m’y connais !!!
Ouahhhh! !!!
Je crois que ce sont les images que je préfère depuis le début, c’est trop trop beau
Elo
Ahhhh
Cool de t’entendre!
Tu nous manquais!
Rattrape vite ton retard!
Bisous