Une moto « quasiment neuve » entre les pattes, nous repartons de plus belle.
Depuis Thakhek, il y a une boucle touristique dont une partie remonte au Nord, ça tombe bien, c’est la direction que l’on prend.
Nous sortons donc de la ville et dès les premiers kilomètres, nous sommes ébahis par le paysage.
Enfin ! Depuis notre arrivée, nous nous étions très vite lassés de ces paysages de landes arides des plaines du Sud (nous suspectons cependant que la saison des pluies doit offrir une teinte beaucoup plus verte au pays).
Ici, le Laos dévoile un tout autre panorama. La route slalome parmi les pitons karstiques mesurant plus de cents mètres, immenses montagnes noires dans une mer de verte végétation basse.
Comme d’habitude, la route est très peu fréquentée (quelques voitures et surtout des camions qui relient les bords du Mékong et la frontière vietnamienne non loin) et nous avons souvent l’occasion de nous arrêter pour prendre quelques clichés.
La géologie a laissé de nombreuses grottes et rivières souterraines dans le coin.
Ainsi, notre trajet de la journée sera agrémenté de quelques pauses à l’ombre de ces colosses de pierre.
On gare la moto, que l’on calle judicieusement avec un bout de bois pour ne pas qu’elle tombe à cause de son lourd fardeau, et hop, on s’enfonce un peu dans la forêt, on grimpe les quelques marches, on escalade les rochers. Parfois, pour trouver des Bouddha dorés, sinon, pour simplement apprécier le paysage et ces merveilles de la nature.
C’est une bonne journée en plein air, il n’y a personne, la route est à nous, K’rá Diêu va bien. Tout va bien. Puis la route commence à grimper et c’est pour nous l’occasion de tester les aptitudes d’endurance en montagne de la moto (en seconde, ça passe… ouf !).
On arrive au contrefort d’un immense réservoir artificiel. Au-dessus de nous, la plaine de la Nam Theum a été inondée pour créer le plus gros projet hydroélectrique d’Asie du Sud-Est.
C’est donc autour d’un immense réservoir d’eau (les arbres pointent encore leur cime) que la route serpente. Les villages ont été déplacés, les habitants relogés dans de belles maisons neuves (toujours en bois) bien alignées.
Et le projet vantent la joie des habitants de faire désormais partie de ce projet, d’avoir accès à l’électricité (de beaux poteaux électriques), d’avoir de l’eau courante (de beaux tuyaux) et une belle route bien goudronnée qui relie enfin ces nouveaux villages au reste du pays.
Toute une infrastructure qui nous fait un peu oublier où nous sommes, tant elle est de qualité. Bon, on ne voit bien évidemment qu’un côté des choses.
On est un peu septiques, et puis on pense au travail – certainement minutieux et intéressant – de recensement des populations, de leur besoin, de l’impact social (aussi bien qu’environnemental) du projet.
Parce que Monsieur Tchong, s’il avait deux manguiers et un demi-hectare de tapioca, et bien il faut lui donner autant de terre, et il va falloir du temps avant la prochaine récolte de mangues. Et puis entre temps, il va falloir se faire à cette immense surface lacustre. Avant les habitants n’étaient certainement pas pêcheurs, maintenant Monsieur Tchong va avoir une pirogue, alors qu’il ne sait même pas nager… bref, ça doit être terriblement intéressant à étudier.
Le paysage est d’une désolation pour autant très esthétique.
Et le lendemain matin (après une soirée pétanque et feu de bois), quand nous repartons sur la route, nous sommes étonnés et déconcertés par cet environnement insolite. On découvre en avançant vers le Nord qu’il fait froid au Laos. Les nuits sont très fraîches, et avant 9 heures du matin, le mercure ne doit pas dépasser les 10°C. Sur la moto, nous sommes tout emmitouflés.
Mais nous continuons notre route.
Ça monte, ça descend.
Au détour d’une rivière, on croise sous un pont de drôles de bateaux.
Des bomb boats – fabriqués en réalité à partir de réservoirs externes d’avion – nous rappellent qu’il n’y a pas si longtemps, le pays n’était pas en paix (bien que pas non plus officiellement en guerre) mais c’est à Phonsavanh que nous nous étendrons sur cette dure histoire qui nous a profondément marqués.
Bref, cette image de récupération d’objets de guerre – comme on en croisera plus tard, notamment avec des pilotis de maison fait en carcasse de bombes – semble invraisemblable dans ce paysage pourtant si apaisant. Petite pause déjeuner au bord de la route. Au menu : Riz collant et brochette de piou-piou.Puis on redescend dans la cuvette de Kong Lor, au bout du bout de la route, longeant les plantations de tabac, un petit village.
Et au bout de ce village, une rivière, qui semble déboucher de la montagne. Il y a moins d’une vingtaine d’années que la rivière souterraine a été cartographiée, et qu’elle est finalement utilisée pour relier les deux villages à ses extrémités, autrefois enclavés.
Avec plus de 7,5 km de long, elle serait l’une des plus longues rivières souterraines. Dans tous les cas, cet immense tunnel nous fait glisser sur une eau plane pour parfois débarquer dans d’imposantes cavités… tout cela creusé pendant des millions d’années par le cours d’eau. Et quel magie lorsque la lueur au bout du tunnel grandit grandit pour sortir entre les murs de hauts sommets de pierre.
On termine la journée avec un bol de nouille, au coucher du soleil.
Très belle expérience que cette boucle du centre du Laos.
On se sent tout de même loin et isolés, la ruralité prédomine nettement dans cette partie du pays.
Le lendemain, on remplit notre réservoir, et bifurque pour éviter le retour vers la morne route 13.
On s’est bien renseignés, la route 1D qui nous conduit à Phonsavanh est toute neuve, il ne devrait pas poser de problème pour K’rá Diêu.
Enfin…
Trop cool ce post !!
Plein de choses inéressantes ,les paysages magnifiques, les vaches albinos, les petits oiseaux carbonisés dans votre assiette, la tresse géante de Rionmar…. mais surtout le project Nam Theun !!
En fait, j’ai travaillé indirectement avec EDF CIH sur ce projet, enfin, sur Nam Theun 2… Que le monde est petit !
Amusez vous bien !
Ce qui me sidère c’est que quelque soit l’endroit vous trouvez toujours à manger et à dormir.
Pas grand chose à manger sur les piou-pious…
Superbes paysages en tout cas – longue nouvelle vie à K’ra Dieu !!!
Des bisous les bikers
C’est pour ça que tu mange tout (sauf le bec).
Les pitons karstiques (j’ai appris un mot), les grottes, la rivière souterraine… c’est beau. Les paysages « plus verts » sont aussi sympa.
Et la conductrice de Kra’Dieu, elle est canon avec son casque, son pantalon bleu et sa veste Salewa 🙂
Par contre, vous dites que Kra’Dieu est chargée mais quand je vois les photos des autochtones à 3 sur une moto ou avec tout plein de bardas, vous êtes des petits joueurs
…et Brice?
Il est jamais canon Brice?!
Y’en a que pour la jolie Marion!
on soupçonne ! on ne « suspecte » pas
arrête de te la raconter Kpou ! et puis le monde il est pas petit, il est comme il est, t’en connais des plus grands ? des plus petits ? non, alors arrête de dire des conneries sur des blogs éducatifs !?!
Ça fait plaisir de vous voir reprendre du poil de la bête ! Toujours aussi beau(x !!).
Ici aussi il fait frisquet, ce matin il y avait un peu de neige ! Des bizouleszamis
Beau post en effet, pas mal les bomb-boats et la rivière souterraine de 7.5 km. Une des plus longues d’où? Du Laos, du monde?
Bises