Le trou

Après notre copieux repas de manty, on part voir le cratère de Darvaza !

Ce cratère est un gros trou dans le désert du Karakoum provoqué par l’explosion d’une poche de gaz, à cause de recherches géologiques qui ont mal tournées, à l’époque soviétique.
Le résultat est un gros trou d’environ 70m de diamètre et 20 mètres de profondeur, qui brûle depuis plus de 1971. Les scientifiques y ont mis le feu, afin d’éviter des problèmes de pollution dus au gaz émanant…
Stitched PanoramaIl y a quelques années, le Président a demandé qu’on fasse cesser le feu qui sort de ce trou de gaz… Bien sûr !
Pour l’anecdote, la ville de Darvaza n’existe plus ; en effet, Turkmenbaşi, venu visiter le village, l’avait trouvé si pourri qu’il a donné l’ordre de le raser, et d’en effacer toute mention sur les cartes. Bien entendu, personne ne connait l’histoire au Turkménistan, et d’ailleurs peu de monde connait l’existence de ce cratère ; ce n’est pas très reluisant pour l’image du pays.

Donc nous partons en voiture, avec Yusuf et deux de ces amis, Ashir et Döwlet (des amis d’Arslan aussi) qui voulaient aussi découvrir cette aberration géologique. Ça fait une bonne équipe de voiture !

La route qui mène au cratère est celle qui relie Aşgabat à Daşoguz. Et le trou se situe à quelques 250km au nord d’Aşgabat.
DSCF9136 DSCF9140 DSCF9169 IMG_2842 IMG_2846On s’arrête pour prendre de l’essence (qui ne coûte rien – env. 10€ le plein), et hop, on file à travers le désert car dès les portes de la ville franchies, on se rend compte qu’Aşgabat est construite en plein désert. D’ailleurs, son oasis de verdure n’est permis que grâce au Canal du Karakum qui dévie fortement la rivière Amu Darya l’asséchant ainsi avant qu’elle ne puisse rejoindre feue la Mer d’Aral.

La route est en mauvais état. Normal, le président ne l’empreinte pas, sinon elle aurait été refaite !
Mais on roule à bonne allure.
En chemin, on s’arrête dans une petite ferme pour acheter 3 bouteilles de lait de chameaux… Euh… t’es sûr… ?
DSCF9153Alors, en odeur, ça sent le vieux fromage de bique. En goût, ça donne une boisson (c’est coupé à l’eau) pétillante naturellement (trop fort le chameau !), avec un goût de fromage… C’est un peu comme si on buvait le petit lait de la feta, en plus fort et effervescent…
IMG_2834On reprend la route d’un bon train, jusqu’à ce croise un énorme accident : 2 voitures écrabouillées face à face …ça plombe un peu l’ambiance dans la voiture.
Et Döwlet lève un peu le pied…

Deux heures plus tard on arrive aux environs du cratère ; sur le GPS il est sensé ne pas être bien loin mais on ne trouve pas le chemin. On s’arrête vers une cabane de chantier, les ouvriers sont contents d’avoir de la visite, et puis des étrangers cela fait papoter ! Ils nous auraient bien invités à souper… mais on n’est pas venu pour ça.
DSCF9182 DSCF9184On reprend la route donc, et quelques kilomètres plus tard, nous rencontrons une vieille jeep soviétique, et à ses côtés un papy encore plus vieux qu’elle. Nos amis marchandent le prix de la course (et nous demandent pour l’occasion de rester à couvert dans la voiture…)
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Puis le papy nous embarque tous les 5 (plus lui) dans son antique 4×4, le long d’une piste à travers les dunes.
On arrive enfin au pied du trou, 7km plus tard, tous secoués du trajet !
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Incroyable ce trou, il est plus gros encore que ce à quoi nous nous attendions. On comprend pourquoi certains l’appelle la Porte de l’Enfer ; à quelques mètres du trou, on peut sentir la chaleur et le rayonnement du gaz en combustion depuis plus de 40 ans nous brûler le visage, et puis ça sent le gaz.
Il y fait tellement chaud !
Et puis c’est tellement incroyable ce gros trou… ce feu… au milieu du désert…
La Terre si proche, si forte !
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On y restera quelques dizaines de minutes tant le spectacle nous semble fou.
On est bien contents d’avoir pris le temps sur la route et de profiter de ce moment au crépuscule.
(Au passage, nous retrouverons aussi Phil notre ami Germano-thaïlandais à la barbe rousse, qui lui dormira auprès du trou)

…mais il faut reprendre la route. Le trajet ne semble jamais terminer. Il est minuit lorsqu’on s’arrête au bord de la route pour manger.
DSCF9285 DSCF9290 DSCF9298Trop cool : des stands de viandes grillées tenus par les enfants du village d’à côté pour que les routiers et les voyageurs de passage y cassent la croûte : très bonne idée !
On se fera donc quelques morceaux de poulet et de « viande », et du thé vert préparé au feu de bois, assis sur un tapis (à genoux encore !) sous un ciel sans lune parsemé d’étoiles au milieu du désert, et – exception faite des deux trois véhicules qui passent encore sur cette route – dans un silence royal.

On ne rentrera à Aşgabat que tard dans la soirée, retrouvant les jolies routes toutes lisses, les éclairages blancs des immeubles blancs, réverbères blancs, et toujours personnes dans les rues…

Le lendemain, on prend un train de nuit pour rejoindre Daşoguz, et son poste de frontière.
DSCF9466Le train est tout beau, tout propre, tout neuf mais pas en marbre (bien mieux que les couchettes du tiers monde de la SNCF).
Par contre, il y fait 15°… Merci la clim’.
On est logé dans un compartiment de 6 personnes, on ne sera que 5. Et après l’Iran, chose étrange, personne ne nous adressera la parole, ne posera de questions, rien…
On a le droit à quelques regards en coin, genre euh… ils ne sont pas turkmènes … mais pas de sourire non plus… pas très curieux les Turkmènes.
Il y a 500km entre Aşgabat et Daşoguz, et on retraverse le désert de Karakoum. Et bien sûr, on arrive 18h plus tard à destination ! Oui, ici, les trains prennent leurs temps ! Mais ça coûte environ 4 euros pour tous les 2.
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À l’arrivée, on prend un taxi qui nous emmene au poste de frontière.
Il est tout petit, par rapport à celui d’il y a quelques jours et on est seuls.
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On montre nos passeports et on a même le droit à un Welcome to Turkmenistan de la part du douanier ! (ça doit être parce qu’on part du pays, il est content… !)
On nous donne des formulaires à remplir, en russe… Euh, we need some help…, ils se marrent un peu, c’est plutôt détendu comme ambiance.

Les rayons X, les questions de politesse You have carpet ? guns ? heroïn ?, et quelques autres questions sur notre séjour, un coup de tampon, et au revoir le Turkménistan.
On sort, on est re-enregristrés, on attend une voiture pour franchir le no-man’s land de 2km, on n’a plus de manat pour payer (et aussi parce qu’on voulait garder un billet…), et on est déposés au dernier poste de frontière du Turkménistan.
Une grosse porte en métal se referme derrière nous. Drôle d’impression de quitter un pays dans lequel on ne pourra certainement jamais revenir. Le visa de tourisme est très compliqué à avoir, et on ne peut voyager qu’accompagné en permanence d’un guide.
Nous, on a eu le droit à un visa de transit de 5 jours, chanceux que nous sommes !

 

Notre passage au Turkménistan est éclair. Mais ce petit aperçu est compliqué à comprendre.
Parce que certes Aşgabat est une jolie vitrine, mais il est dit que tous ces bâtiments et monuments sont le fruit de l’argent du gaz, d’un peu de corruption et au détriment de la santé et la culture.
Enfin, que ce soit dans nos journaux et dans les leurs, on ne sait pas trop qui dit vrai. L’information passe difficilement les frontières dans un sens ou dans l’autre.

Apparemment, moins de 1% de la population a accès à internet. Et même si l’eau, le gaz et l’électricité sont gratuits, les gens ont dû mal à vivre correctement. Et en traversant certains villages, on ressent que la redistribution de l’argent reste très inégale.
Le Président a d’autres projets de grandeur.

20 thoughts on “Le trou

  1. Coucou les Loulous!!!
    J’espère que vous allez toujours aussi bien 😉 de ce que je continue à lire c’est le cas 😛
    Bonne continuation et bises à vous 2.

  2. vos amis avaient t ils du recul sur le régime ou étaient t ils aussi chloroformés que la population?
    vivent t ils encore dans la peur ou se sont t ils lobotomisés pour survivre?
    difficile à percevoir d’ici (c’est la corée du nord musulmane libérale)
    toute la famille vous suis de près sauf mon père qui s’endort à chaque fois alors je lui raconte après

  3. Surréaliste ce trou. Et ce bon vieux Nyazov, Il a pas un peu de marbre en rab pour le boucher?

    Et je suis déçu que vous quittiez le pays par une porte en métal et pas en marbre. Tout fout le camp dans ce pays.

  4. ouf le cratère. C’est vrai que c’est pas très connu, j’avais jamais entendu parler de ce truc (par contre la mer d’Aral dont tu parles : OUI)
    Et Marion, t’es trop belle avec ta coquille d’escargot sur le dos 🙂

  5. bin vla !

    quand je pense que… chez nous….pffff…,
    voilà…, c’est ça…, c’est surtout quand j’y pense…
    mais eh! entre le marbre blanc super glacé
    et le trou du cul du monde super brûlant
    il a tout bon votre dictateur !
    quel « bazar » !

    bonnes bises

    évouzétoulà

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