Nous voilà bien arrivés à Luang Prabang.
Tous les deux en séparés, mais bien arrivés.
Cette ville au passé colonial riche et aux temples innombrables est très charmante.
Les rives du Mékong et de son affluent semblent l’entourer comme pour protéger son patrimoine et le mettre encore plus en valeur tel un écrin.
Il faut rappeler aussi que les villes du Laos n’ont rien pour elles – si ce n’est la simple vie que les Laotiens leur procurent.Nous nous y arrêtons pour 5 jours.
En effet, notre planning y est chargé. Et c’est après avoir trouvé un toit (à un prix presque décent, quoique très élevé… cette ville, en tant que phare touristique du pays, est très chère), que nous nous attelons à nos tâches.
La première d’entre elles, et non la plus facile, est de vendre K’rá Diêu.
Oui, il est temps de reprendre notre indépendance. Nos routes doivent se séparer.
K’rá Diêu va continuer sa vie, parcourant les routes laotiennes du Nord au Sud, en passant peut-être par le Cambodge et le Vietnam, pour y retrouver de la famille.
Nous avons mis des annonces sur des sites internet et nous avons imprimés des affiches que nous partons scotcher dans la rue.
Mais on se rend vite compte que nous ne sommes pas seuls à vendre la même moto… et que nous réclamons trop pour K’rá Diêu. Enfin, surtout que les gens préfèrent aussi acheter une moto à petit prix – et tant pis si ils dépenseront plus que la différence en réparation – plutôt qu’une machine en bon état pour plus cher.
Un rendez-vous manqué avec un couple potentiellement acheteur (Pas assez rapide, dommage. On l’avait pourtant croisé lors de notre arrivée), mais le « hasard » fera qu’on rencontrera Michael et Tina au coin d’une rue, et qu’on discutera un temps.
La distribution de prospectus nous fait rencontrer tout un tas de personnes.
Et au détour d’une ruelle, on tombe sur Jérémy et Fanny, assignés à résidence pour cause d’entorse au genou.
C’est ainsi que nous restons assis à leur côté à papoter pendant quelques heures, qu’on se retrouvent bien les uns les autres, puis nous profiterons ainsi les soirs suivants de moments « entres potes ».Et puis, il y a aussi Jean-Claude, un motard photographe voyageur, avec qui nous discuterons également longuement sur la terrasse de notre petite pension.
Et également Françoise et Paul, un couple de septuagénaire, en voyage depuis 7 mois à bords de leur Land-Rover aménagé/camping car. Ils sont passés au Tibet, en Iran et au Pakistan, … entre autres !… ça fait du bien de voir que le virus du voyage ne s’éteint pas avec l’âge.
Beaucoup de bule d’un coup donc.
Il faut dire que Luang Prabang est le pendant laotien de Chiang Mai (en Thaïlande). En tout cas, c’est un peu comme ça qu’on l’a perçu.
Une ville tranquille, à l’architecture et urbanisation qui sort de l’ordinaire laotien, au patrimoine riche et qui fleure bon le confort… ce qui fait donc que les touristes ont finalement envie d’y étendre leur séjour. Et donc beaucoup beaucoup d’auberges, hôtels et agences de voyage… et de moins en moins de places pour les locaux… Dommage.
Mais des bars et boutiques branchés… et un marché de nuit devant lequel nous feront le pied de grue toute la soirée… pour finalement rencontrer Jan, un grand gaillard qui se demandait si voyager à moto au Laos ne lui conviendrait pas mieux.
En fin de compte, le lendemain, c’est sur K’rá Diêu qu’il est reparti, direction les montagnes de l’Ouest.
Après une leçon de « comment se comporter avec K’rá Diêu », les réparations qu’on a déjà faites (on a gardé les notes des garagistes, longues comme un bras), les astuces et routes sympas (tout sauf la route 23 !).
C’est avec tristesse et soulagement que nous voyons notre fier destrier partir sous les fesses d’un Hollandais (qui continuera à nous envoyer régulièrement de « leurs » nouvelles). Nous sommes en effet soulagés car dernièrement nous n’avons pas voyagé sereinement tout au long de nos trajets, nous méfiant de chaque montée, ne pouvant réellement nous arrêter et aller où l’on voulait vraiment, se demandant ce qui allait clocher sur K’rá Diêu…
Voyager avec une moto fiable et plus puissante nous aurait bien plus comblé.
Car, voyager à moto a été une superbe expérience au Laos.
D’autant plus que le Laos… n’a que peu à offrir en dehors de ses paysages et son peuple.
Et être à moto nous aura permis d’être un peu plus libres sur de nombreux aspects.
À l’écoute des récit d’autres voyageurs rencontrés à Luang Prabang, on se rend d’autant plus compte de la chance que l’on avait. Puis cette ville est tout de même aux antipodes du Laos des derniers semaines.
Cependant, on a l’impression paradoxale d’avoir fait moins de rencontre et avons eu moins d’interactions avec les Laotiens que nous aurions pu en voyageant en transport en commun.
C’est en effet souvent dans les gares de bus, en cherchant notre chemin, ou dans les bennes de sorng-ta-ou que nous papotons. Mais bon, ça sera pour une prochaine fois.
On se dit que chaque voyage est différent. Chaque façon de le faire à ses points positifs et négatifs.
Mais en voyageant à moins de 40 à l’heure*, K’rá Diêu nous a permis de vivre le paysage et les villages laotiens différemment et peut-être plus en profondeur – à pied ça aurait été encore plus intense… et fatigant.
Et après près de 1700km*, quelques soucis mécaniques et beaucoup de plaisir sur les routes, nous poursuivons la nôtre, autrement.
La deuxième tâche – roulement de tambour… est de faire un visa chinois !
On a décidé de retourner en Chine, plutôt vers le sud cette fois-ci (enfin… on verra).
Le consulat de Chine est efficace et cette tâche s’avèrera beaucoup plus facile que pour notre première demande de visa, à Ankara.
Et voilà, 4 jours plus tard, notre passeport décoré d’un nouveau visa pour 30 jours au « pays du centre ».
La dernière tâche et finalement, la plus facile : profitez de Luang Prabang, ses temples, ses rives et ses jolies maisons. C’est ainsi qu’on se balade un peu par là et par ici. On évite la foule et les groupes de coréens en vacances en lézardant dans les ruelles cachées et parallèles et de l’autre côté du fleuve.
C’est beau. C’est paisible.
Là-bas, les temples sont décorés de riches peintures écaillées. Les têtes de Naga ornent les façades. Les moines aux robes oranges/safran habitent les lieux.
Ils sont nombreux et leurs présences rendent les temples vivants.
Les couleurs sont chaudes et variées. C’est un subtil mélange de brun, rouge, jaune et doré.
Ça faisait longtemps que les temples ne nous avaient pas émus.
Enfin, nos estomacs se régalent de sandwichs (oui oui, un sandwich avec de la baguette, merci l’empire colonial français), de tomate, fromage et poulet, mais aussi de bons mets laotiens servis à la « casserole » et riz collants dont nous devenons accrocs.
Notre séjour à Luang Prabang se termine alors que nous filons au Consulat Chinois.
Et puis hop hop hop, on part en stop plein Nord. Et sans faire exprès, c’est à bord de la voiture d’un chinois que nous montons (d’abord dans la benne, pis finalement bien au chaud dans la cabine). Brice cherche ses mots, ça va revenir.
Après une longue route interminable (mais d’excellente facture made in China) serpentant entre les montagnes (on se rend pas du tout compte que ça monte), nous sommes déposés à OudomXai.
Le lendemain matin, on élimine nos derniers kip en s’offrant une mangue et un dernier sachet plein de khao niew (le riz collant) avant de repartir pour Boten dans une bus plein de Chinois, et la frontière Sino-Laotienne.
‘* : 1690km en 18 jours, avec une moyenne de 23.2km/h, 23000 mètres d’ascension (et tout autant de descente…mais on s’en souvient moins) pour un sommet à 1550m.
Moins de 43litres d’essence consommés (soit 2.5l/100km) pour la folle somme de 300 000 kip (~36€).
1 077 000 kip (~130€) de réparation… et après 10 jours, Jan n’a toujours pas de problème.
Aaahh, que c’est bon de vous lire… Vous me faites voyager, le temps d’une petite histoire, quelques photos… Je m’y crois… et c’est bon ! Merci merci et merci. Et bon voyage en Chine ! Ne ratez pas Guilin, Dali et Lijiang, même si c’est sûrement devenu mega touristique… Je vous embrasse XXX
Ben justement!!! 🙂
Byebye K´Ra´Dieu ! Good Morning China !
Pour moi vous n´aurez repris le vrai cours de la bourlingue seulement quand vous revoyagerez en assis-dur :))
En fait, je crois que j´ai du lire trop vite, mais K´Ra´Dieu ça vient d´où ?
Big Up les jeunes ! Vous êtes au top !
K’rá Dieu c’est son nom de baptême (le premier proprio’ vietnamien)
Mais ça a une signification, ou c´est un prénom ?
Ben le nom du proprio’…
K-pou, ça veut dire quoi K-pou ???!!?! 😀
La tribulation de la Bourling en Chine ,j’attends impatiemment bises
Ca avait l’air bien ces derniers jours au Laos… que des bonnes nouvelles et vous avez des mines super réjouies sur les dernières photos. Si l’on considère le sandwich avec de la baguette, vous avez frôlé l’extase 🙂
eh à quand la prochaine soirée « entre potes »?!!
Vous allez être mieux sans kra dieu.
Moi je trouvais ca triste de vous voir voyager séparément…
Votre voyage perdait son sens : le partage fort entre vous deux.
Ah la baguette, ça doit être ça les effets positifs de la colonisation dont parlait notre cher président.
Bises
Il y a une photo National Geographic dans le tas. Le Brice qui regarde par la fenetre. Un petit recadrage et elle vaut des milions. Bon ben nous on vous attends patiement. On a pas encore revendu vos affaires, mais on espere que vous aviez pas laisse de bouffe dans vos sacs…