Un mois de tri

[Info pour ceux qui sont perdus : cet article concerne les premiers jours de notre retour du Japon dans une France sortant tout fraichement du confinement sanitaire.
C’était le 9 Juin 2020. Nous reprenons du retard.

Plus d’info sur la carte à ce lien]

En quittant le Japon, nous survolons la Corée, la Sibérie, la Scandinavie.
Notre avion glisse au-dessus des nuages cotonneux et des steppes continuellement glacées d’Asie boréale, empruntant des couloirs aériens désormais désertés par les compagnies.
Les latitudes traversées sont parfois si septentrionales que durant les 13 heures de notre vol, le jour se lève, puis se recouche avant de se relever peu avant notre arrivée à Amsterdam.

La situation à Schiphol est relax, peu de gens portent des masques.
Si ce n’est la difficulté de trouver une porte ouverte vers l’extérieur en cette heure si matinale, il n’y a pas d’obstacle pour sortir sur le parvis de l’aéroport où nous retrouvons nos amis Sjoerd et Manon, qui ont marqué une partie de notre année 2019.Ils se sont levés bien tôt pour nous accueillir dans cette fraiche Europe. Il est 5h30.
Pain, fromage et Amour au petit-déjeuner, un préambule parfait pour le mois qui va suivre.

Le second vol pour Paris n’est qu’une formalité, et en une heure, nous retrouvons le RER B pour rejoindre la capitale. Personne ne vérifie les attestations de bonne santé ou les historiques de voyage demandés sur le site du Quai d’Orsay. Comme dans une grande partie du monde, nous arrivons dans un terminal vide, mais nous voilà les pieds sur le sol français, que nous n’avions plus foulé depuis 24 mois.

Assis dans ce train en direction de Paris, le paysage défile rapidement. Nous sommes surpris d’emprunter des rames de métro très peu fréquentées. À cette époque-là encore, leur usage est limité. Notamment aux heures de pointes où seules les personnes munies de dérogation de leur employeur peuvent voyager – normalement. La plupart des usagers respectent les recommandations sanitaires, ce dont nous doutions en observant la situation depuis l’archipel nippon à travers le prisme des média.
Les quelques rues que nous empruntons sont elles aussi peu animées.
Paris sort progressivement d’une longue léthargie et nous ne savons si cette faible fréquentation est due à une extension volontaire du confinement chez certains ou à des départs en vacances prématurés ?

Nous croisons la maman de Brice pour trop peu de temps et à une distance frustrante, puis filons à la Gare de l’Est monter dans nos trains, vides eux aussi, nous conduisant à Nancy.

En effet, les directives floues de l’État envers les rares personnes provenant de l’étranger, recommandent une quatorzaine volontaire à l’arrivée sur le territoire national.
Nous choisissons donc Nancy, ville natale de Marion.

Sylvie et Jean, des amis de ses parents, nous laissent leur maison au cours de cette période. Marion et Bernard, de cette même bande d’amis, nous accueillent avec une chaleur démesurée – tout autant que leur délicieuse choucroute.

En fait, toutes les personnes que nous avons retrouvées nous ont fait le plus beau des accueils. Nous recevons un énorme amour de leur part. La simplicité de nos retrouvailles est, elle aussi, étonnante et belle.

Dorénavant, nous avons plus de temps. Nos précédents retour en France ces dernières années étaient rapides et intenses. Aujourd’hui, le planning s’étant à plus de 15jours.

Quitte à nous assigner un endroit pendant cette relative quatorzaine, autant que ce temps soit mis à contribution. Et c’est ici que commence une longue période de tri.
C’est dans une cave à Nancy que se trouvent toutes les affaires que nous avions entreposées en quittant la France en Février 2014, dans l’idée de les retrouver au bout de notre année sabbatique.
Six années plus tard, il est évident que nombre des fringues de 2010, les « babioles » et « trucs » empaquetés dans des cartons mal référencés nous imposent de faire du rangement.
Alors que nous parvenons à vivre avec deux pantalons et trois T-shirts depuis plusieurs années, il est drôle ou plutôt déroutant de réaliser la quantité de foulards, pulls et pantalons que nous avions dans nos armoires, pleines à ras-bord à l’époque. Sans compter les couverts en trop nombreux exemplaires, les assiettes multiples et les stocks d’ampoules.
Notre parcours vers le « consommer moins », imposé par notre mode de vie en voyage, se heurte aux cartons devant lesquels nous nous trouvons.

La tâche est longue, et plusieurs jours dans la cave nancéenne nous permettent d’élaguer le plus gros, et de nous décharger de ce que nous ne voulons plus.

Ces journées de classement sont ponctuées de balades en ville ou de visites d’amis et de la famille élargie -comme on aime l’appeler.





Nous retrouvons Perrine, la sœur de Marion, qui vient nous voir avec notre neveu fraichement venu au monde, et – objectivement – déjà le plus beau de la planète avec son frère.

On profite ainsi de ces gens qu’on aime, on se délecte des fruits de saisons, des cerises du jardin (en confiture ou en tartes), aux abricots en passant par les myrtilles des Vosges, on se fait inviter à droite à gauche, on raconte, on écoute, on se marre.

La contrepartie, c’est que nous avons moins de temps pour nous. Les cours de paléo-anthropologie sont en attente, tout comme ceux de code informatique. Sans oublier le blog.
Le gros enjeux de ce long passage en France va être de trouver notre rythme.
Mais pour l’instant, c’est l’Été.
La lumière du jour qui dure jusque tard dans la nuit – et qui nous décontenance, les soirées dehors, le soleil et les arbres fleuris. Cette atmosphère estivale dont il est agréable de profiter.

Nous nous enfonçons dans l’Est de la France, direction Metz, Thionville, Sarreguemines.

Le reste de la famille nous attend. Nous prenons le train en assis-mou climatisé, nous enchainons les barbecues et plongeons dans une piscine trois-boudins.
Nous visitons Luxembourg, les falaises des vallées de l’Alzette et de la Pétrusse, son vieux quartier et ses fortifications.


Nous jouons avec nos neveux, cousins, petits-cousins, enfants des copains.

De longues balades à vélo (en haltérophile cycliste) nous conduisent à travers les paysages vallonnés et bucoliques de la Meuse, entre histoire (Lorraine allemande, Ligne Maginot…) et industrie (centrale nucléaire ou usines sidérurgiques).



Nous observons les cigognes qui claquent du bec, nous déménageons les poules, nous discutons des heures au fond au jardin, nous trinquons, nous cuisinons.





Nous redécouvrons des villes que nous connaissions déjà et en découvrons de nouvelles.
Nous observons les canaux, les fleuves, les rivières, les péniches, les hérons et foulques macroules.
Nous passons par le Château de Malbrouck (s’en va en guerre, mironton, mironton mirontaine…), construit au début du XVème siècle, ses quatre tours, ses courtines et son pont-levis.





Tout autour, la campagne, si verte, cultivée et maitrisée. Les camaïeux de verts sont beaux, les vaches bien dodues. Le paysage devant nous s’étend au loin. Les limites des champs se perdent presque dans l’horizon peu vallonné dans ce coin de France. Nous sommes surpris du peu de foret. La culture intensive prend de la place.

Il est bon d’être ici. De faire autrement, avec des autres. Des amis proches, de la famille. De profiter du confort que la France peut offrir.

Et le programme dans tout ça ? Les jours passent tranquillement et rapidement à la fois.
La vie va vite ici, on trouve. Les impératifs sont plus nombreux, les obligations aussi.
Ce qui contraste encore plus avec notre rythme des derniers mois.

Mais petit à petit, nous prenons le train en marche.
Et nos projets ?

La situation sanitaire mondiale précaire semble s’ancrer dans la normalité.
Les frontières des pays lointains resteront certainement closes aux touristes pour de longs mois.
Nous ne nous voyons pas quitter la France – ou au mieux l’Europe – avant 2021.
Et si ce n’est pour voyager, crapahuter ou bourlinguer, pourquoi pas pour trouver un nouveau boulot à l’étranger ? Perdurer dans cet esprit de découverte à travers la sédentarité ?

D’ici là, nous avons décidé de partir sur les routes de France, redécouvrir ce beau pays, visiter amis et famille.
L’Été et les vacances de chacun nous imposent quelques contraintes, mais il va être bon de profiter.

13 thoughts on “Un mois de tri

  1. On aurait pu se croiser dans les sentiers de Laxou !!! Nous habitons toujours à la même adresse et serions très heureux d’avoir votre visite !!!

  2. Coucou les amis !
    Que la France est belle quand même 🙂

    Je suis content que vous ayez pu profiter de vos amis, familles, neveux, copains, poules et choucroutes !

    C’est pas encore le moment mais mettez Laura et Greg dans votre programme avant de repartir !

    Os queremos.

    Un abrazo fuerte !

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