Dans les bras de Ramana

Nous allons toujours plus au Sud et quittons Hampi peu de temps avant le coucher du soleil.
Nous nous enfilons une dosa avant de prendre un autre bus pour la gare de Gadag, dont nous avions sous-estimé la distance. Une bonne heure d’attente pour un bus que nous pensions plus fréquent et 3 heures pour moins de 100km… Heureusement, le train étant tard le soir, nous avions prévu de la marge.
La gare est propre, les gens gentils, discrets, aimables… – on le souligne car tout cela est à mettre en opposition à toutes nos expériences indiennes au Nord de Bombay. Un taureau clopine sans but sur le quai à dix heures du soir. Nous nous enfilons un thali pour tenir jusqu’au lendemain matin.


Le train arrive à l’heure en gare de Gadag et nous trouvons rapidement nos couchettes dans le wagon calme et la nuit s’y déroule fabuleusement bien.



Le retard pris par le train parfait ce trajet, puisque nous arrivons ainsi à une heure matinale mais convenable à Hassan.

Cette bourgade lambda nous surprend, elle aussi, par sa propreté et son organisation. De beaux bus verts sillonnent la ville pour desservir les gares routières locale et régionale. Aucun touriste ne semble jamais s’y arrêter et pourtant à quelques encablures se situent Halibedu et Belur, deux perles du patrimoine de la civilisation Hoysala. Des bijoux que nous avons pris tant de plaisir à découvrir que nous y retournerons avec la tante de Marion (et dont nous reparlerons).

Mais dans un premier temps, sautons un peu plus loin dans le temps, car il nous faut justement rejoindre Mysore où dans quelques jours Cath’ arrive.

Nous attrapons ainsi un bus en début d’après-midi, en direction de Mysore où nous sommes accueillis, bras ouverts par Ramana.
Ramana est un ami de Charles de Galle dont ce dernier n’avait de cesse de nous parler au Sri Lanka. On en venait même à demander à tout indien passant à l’hôtel : « do you know Ramana ? » Et d’après le proverbe les amis de mes amis sont mes amis, nous voilà maintenant en contact avec ce dernier qui nous invite généreusement à séjourner à ses côtés, le temps de notre passage à Mysore.
C’est ainsi que débute ce beau séjour.

Ramana et sa femme Sujia (et leur chien Jelo) nous accueillent en cette fin de journée dans leur appartement d’un quartier calme de Mysore.
Il faut dire que cette ville ne ressemble à aucune autre ville indienne. De larges trottoirs bordent les rues ombragées, dans lesquelles circule une quantité « normale » de véhicules, qui ne klaxonnent pas à tout va.
Quelques quartiers presque charmants et propres, avec une vie locale animée mais loin d’être chaotique et de larges bâtiments aux façades coloniales ou néo-baroques qui bordent des avenues propres et arborées.
Une grande partie de ce patrimoine provient de la dynastie des Wodeyar.

POINT HISTOIRE
Cette dynastie s’étend du début du XVème siècle au milieu du XXème siècle.
Elle a régné sur la région, et appartenant à l’Empire Vijayanagar jusqu’à sa chute en 1565, Mysore devient alors un royaume indépendant. Raja Wodeyar (9ème de la dynastie) étend les frontières du Royaume pour dominer une petite partie du Sud de l’Inde, et il installe la capitale à Srirangapatna, suivi d’une courte interruption à la fin du XVIIème siècle lors des règnes de Haidar Ali et son fils Tipu Sultan.
En 1799, le Raj Britannique fait son apparition et administre la capitale et s’installe à Mysore.
Les Raja se concentrent alors beaucoup sur le mécénat pour devenir un centre culturel important du Sud de l’Inde, faisant de Mysore, au début du XXème siècle, un état modèle en Inde.

Ramana, aujourd’hui à la retraite mais toujours très occupé, a beaucoup voyagé en Europe, et en France particulièrement, pour son business de l’époque. Il passe dorénavant son temps entre Mysore, Bengalore et Chennai. Autant dire que nous sommes chanceux d’être tombés au « bon moment ».
Ainsi, une fois les formules de politesse habituelles passées, nous grimpons dans sa voiture, direction sa ferme, installée dans une plantation de cocotiers, à une dizaine de kilomètres au Sud de la ville.

C’est ici que nous allons passer les prochains jours.

Le terrain sur lequel Ramana a construit sa maison est partagé avec 6 ou 7 de ses amis, chacun possédant une parcelle. Entourés de cocotiers et de palmiers, l’endroit est incroyablement paisible.
Nous faisons la connaissance de Geetha et son mari Naresh, dont la maison est en bout de parcelle.

Geetha et Ramana sont des amis de longues dates.
Ils sont d’une extraordinaire gentillesse et générosité, et nous sommes invités à poser nos sacs dans une de leur chambre, au confort maximal.
Ce joyeux groupe d’amis vit dans une sorte de communauté, alors que le soir venu, nous prenons le repas en compagnie de Geetha, Naresh, Ramana, son beau-frère Srikant, sa femme Poonam et leur fille Sanchi de passage.
L’ambiance est très sympa et simple dans cette maisonnée, alors que leur maid au large sourire, Lalitha, s’affaire en cuisine.
Le repas est délicieux, les légumes viennent du potager, le lait, pour le curd, des vaches ou des chèvres.
Confortablement assis dans ce fauteuil massant et sur le canapé, nous profitons pleinement de ces nouvelles rencontres. Les conversations sont ouvertes et très critiques envers le gouvernement actuel. Cela fait du bien à entendre.

Réveil matinal. La vie à la ferme commence tôt.
Nous faisons ainsi la connaissance avec le bestiaire local. Deux chevaux fiers, une vingtaine de poules, quelques chèvres à longues oreilles, 3 superbes vaches et leur taureau, au cuir marron luisant et deux chiens affectueux.
Sans compter le chat des voisins, les perruches et autres oiseaux, les singes et les paons, qui tous les matins, viennent sur la terrasse picorer les graines que Naresh leur sème.
Quel bel endroit serein.

Avec l’aide de Ramana et de son chauffeur, nous partons en compagnie de Sanchi au marché de Devaraja, au cœur de Mysore. Vaste halle encore dans son jus et aux étroites allées tumultueuses. Le tout est superbement coloré, les odeurs se mélangent, entre bois de santal (spécialité de Mysore) et étendues de fleurs réservées aux puja. C’est aussi un festival de couleurs avec la salade de fruits géante composée d’ananas, grenades, goyaves, citrons verts, apple custard, oranges, pastèques, woodapple, anuda
La matinée est déjà avancée et nous avons passé le moment intense du marché. Ainsi, il n’est pas trop laborieux de nous déplacer entre les étals, observant ces moments de vie, les habitudes et coutumes locales.

Le marché abrite des vendeurs d’ustensiles en acier et aluminium, des noix de bétel et du poisson séché, des légumes connus et incongrus et des produits de beauté.


Une longue allée est même dédiée à toute sorte de variétés de bananes. Les feuilles sont vendues pour servir d’assiettes « jetables » dans les restaurants et la fleur sera cuisinée en chutney. Des régimes entiers se retrouvent empilés, dans un camaïeu de vert, virant progressivement au jaune à mesure que le fruit mûri.


Certaines échoppes vendent pigments et encens, dont on se sert pour les offrandes, tout comme les fleurs qui s’amoncellent sur les tables, et dont les vendeurs assis en tailleurs emplissent de gros sacs. Des rouges, des jaunes, des blanches, des oranges, les fleurs sont attachées en guirlandes pour former de larges bobines, que les fervents achètent au mètre ou au kilo… On serait curieux de savoir où se trouvent ces champs de fleurs.

Nous poursuivons notre exploration de la ville, en nous baladant longuement, comme souvent, dans les ruelles des quartiers plus ou moins animés, au hasard des jolies façades révélant le patrimoine architectural de Mysore et sa riche histoire atypique.






Par moment, on a vraiment l’impression que l’Inde est restée bloquée dans le temps. Les couleurs, les bâtiments, les chariots tirés par les bœufs pour vendre des cornets de cacahuètes à 5 rupees, les vendeurs de chai sur leurs étals de bois au coin d’une rue, tous ces détails qui donnent cette teinte décatie et hors-du temps. Les rues sont animées de petits boulots qui ne semblent n’exister qu’ici, qui nous étonnent, nous amusent autant qu’ils nous interpellent quant aux conditions précaires de ces gens.
Dans ce quartier, nous déambulons. Un jus, une dosa, un chai, nos pauses sont régulières et bienvenues.

Les journées s’enchainent tranquillement, en compagnie de Ramana qui nous fait découvrir la vie « normale » de Mysore. Nous nous arrêtons chez ses amis, pour un chai ou deux ; chez Viviane, une française installée à la campagne et à l’incroyable main verte, ou comme ce dimanche midi où nous nous joignons aux 70 printemps de son ami d’enfance. (C’est vrai que ces derniers temps, nous ne sommes pas entourés de personnes dans la fleur de l’âge). Quelle surprise de nous retrouver dans l’intimité de leur salon, en compagnie de toute la famille et des proches à regarder sur la télé les messages d’affection des absents. C’est émouvant de partager cette fête familiale, délicieux de goûter ces currys et dhal, et amusant de finir le repas sans notre hôte, qui a eu le coude agile dès l’apéro.

L’accueil est bienveillant et sincère, nous sommes touchés de cette générosité et cette simplicité – que ce soit ici, chez Geetha ou Ramana.
Il est tellement riche pour nous de pouvoir entrer dans ces maisons, participer à ces moments de vie qui nous permettent de mieux comprendre l’Inde et ses fonctionnements sociaux complexes.

Car on y revient souvent, mais il est une caractéristique irrémédiable de la société indienne qui est le système de caste (quoi qu’on en dise et que la constitution en ait décidé autrement). Il y a des codes et des valeurs immuables à chaque rang social et qui ont du mal à disparaitre.
Geetha a grandi dans une famille brahmine – la plus élevée du système – à Chennai. Elle nous raconte ses incroyables histoires familiales*, les contraintes de la religion et du statut social.
Mais elle est parvenue, tant bien que mal, à s’affranchir des obligations de sa caste concernant son mariage mais aussi son quotidien.

Nos soirées aux cotés de Geetha, Naresh et Ramana sont instructives. On se délecte de plats délicieux que Lalitha nous prépare, on plonge dans le cinéma indien à travers la télé du salon, on parle histoire et culture.
Nous passons une soirée dans l’amphithéâtre de l’École d’architecture de Mysore pour assister à une conférence archéologique, en compagnie de chercheurs et écrivains. Passionnant, quand ils racontent leurs enquêtes du site de Warangal (que nous n’avons pas visité et qui abriterait les ruines d’une mosquée sous un temple hindou) ou de Halebidu et Belur (dont il nous tarde d’écrire le post).

Et puis, la veille de Noël arrive. Catherine aussi, ravie de quitter, pour une dizaine de jours, la fraiche capitale française pour le soleil du Karnataka.
C’est ainsi que nous récupérons Cath’ dans la gare de bus de Mysore, après plusieurs heures de vol, un décalage horaire et thermique et 4h de bus. Claquée mais contente. Cela fait presque deux ans que nous ne nous étions pas vus. Ça fait du bien ce bout de famille à l’autre bout du monde.

Une dosa plus tard, nous voilà à l’hôtel tous les trois partageant les précieux cadeaux et victuailles que Cath’ nous a rapportés.

Le programme du séjour à trois n’est pas totalement défini, on a décidé de faire un peu au fur et à mesure.
Mais en ce jour de Réveillon, nous partons en direction du Palais de Mysore, résidence officielle de la dynastie des Wodeyar.

Le palais, construit en 1897 est de pur style indo-sarracénique, avec des influences mogholes, hindoues et gothiques.

La façade est largement décorée et ajourée, supportée par une série d’arches aux piliers dorés, qui laissent apparaitre un vaste gradin intérieur, où la famille royale s’installe lors des festivités.
À l’extérieur, les dômes en oignons de couleur brique illumine cette clinquante architecture de pierre ocre et peinture blanche et crème limite baroque.

Après avoir retiré nos chaussures et récupéré un guide, nous entamons notre visite dans le brouhaha général à cause de la foule qui se presse en ce jour de vacances.


Les anecdotes et les chambres, halls et bureaux s’enchainent. Tous sont intensivement décorés. On y trouve des lustres de Hollande, de la faïence de Hongrie, des sculptures d’Angleterre, des vitraux d’Italie et des céramiques de France… ou d’ailleurs.
À vrai dire, ce palais est riche en fioriture, et on a parfois l’impression d’être dans un décor de gâteau meringué.








Malgré tout, certains détails attirent notre attention et nous sommes contents de découvrir ce patrimoine, signe d’un royaume riche, sans pour autant en être émus.

Nous poursuivons notre balade dans le parc entourant le palais et rejoignons la ville et ses ruelles agitées.
Une pause grenade, un temple, quelques jolies façades et architectures, un thali de déjeuner et un jus de citron au goûter, un rickshaw, du shopping, et nous nous arrêtons au marché de Devaraja pour une nouvelle excursion à travers les allées achalandées de vendeurs en tout genre, voilà une première journée intense et haute en couleurs pour Cath’.











Nous sommes ravis de partager ces moments avec elle.
La journée est déjà bien remplie, mais nous terminons dans un « bon resto’ ».
Nous sommes le 24 décembre, on « presque » fête.

Ce matin, nous retrouvons Ramana dans son quartier paisible alors que Catherine s’offre un massage ayurvédique riche en huile et en pression.
Un resto et quelques courses plus tard, nous voilà en route pour la ferme.
La veille, une des vaches a mis bas, et nous découvrons avec une joie d’enfant ce petit veau qui tient encore difficilement sur ses pattes flageolantes, alors que Geetha et Lalitha nous accueillent autour d’un bon masala tea.


Ce soir, c’est de nouveau repas de fête. L’un de leur amis-voisins, indo-américain, professeur de géographie est invité à se joindre à nous, tout comme Viviane qui rapporte une délicieuse tarte (et un syphon entier de chantilly), tandis que Ramana a cuisiné un biryani à l’étouffée exquis. Au marché, nous avions acheté des légumes que nous ne connaissions pas. Lalitha s’est empressée de nous les préparer, sautés ou en curry.
Le repas est festif et convivial. Simple et savoureux. Nous en sortons la panse remplie.

Le lendemain, nous avons la chance d’avoir des conditions parfaites pour admirer une éclipse de Lune.
Depuis le toit-terrasse, nous nous installons, scrutant le ciel à travers les nuages qui voilent partiellement le croissant de soleil. L’environnement s’assombrit légèrement, comme si un orage allait avoir lieu.

L’ambiance est un peu étrange, les oiseaux, la Nature, tout semble suspendu.

La tradition veut qu’on ne mange pas durant l’éclipse. En effet, la Lune, à ce moment-là, génère de puissants pouvoirs énergétiques qui agissent sur le corps humain, et qui pourrait entrainer des symptômes maladifs, liés à la nourriture absorbée.
Ainsi, à la maison, Geetha est interdite de nourriture par Lalitha qui suit ce rituel de manière orthodoxe, lui imposant un jeûne de quelques heures et un bain une fois l’éclipse passée.
De la même façon, une branche de basilic sacré, le tulsi, est posée sur tous les pots d’épices, dans les placards et le frigo, permettant de protéger la nourriture présente à la maison grâce au bienfait naturel du tulsi.
Enfin, un puja spécifique et supplémentaire est préparé, et un grand rangoli est tracé sur le fronton – surmonté d’une boule de bouse sur son lit de fleur. On ne plaisante pas avec les éclipses !
De notre côté, nous sommes tout autant émerveillés par la Lune qui passe devant le Soleil que par les paons qui trainent autour de nous.

Accompagnés de Ramana, qui n’a que faire de ces bondieuseries, nous dégustons notre petit-déjeuner.

Une fois le soleil revenu, nous partons nous balader sur la colline de Chamundi, qui domine la ville.
Sur le sommet, Chamundeshwari, un large temple hindou au gopuram beige trône fièrement. Mais alors que nous arrivons sur le parvis, nous réalisons que le temple est fermé. En ce jour d’éclipse, c’est aussi le jour du grand nettoyage. Nous faisons alors le tour et redescendons tranquillement, le long des 1000 marches qui serpentent sur la colline, passant par un énorme monolithe nandi, qu’un prêtre lave à grande eau et seau de lait.


Afin de nous offrir une pause confortable, nous nous arrêtons au Lalitha Mahal, palais d’inspiration baroque, où nous nous offrons, dans ce décor anglais, a cup of chai.




puis rentrons dans le calme et simple environnement de la ferme, où nous profitons du confort chez nos hôtes.Les repas sont délicieux, l’ambiance est amicale, cet endroit est un havre de paix.

Mais la région autour de Mysore a encore à nous offrir.
Ainsi, accompagnés du chauffeur de Ramana (comme c’est confortable d’être chouchoutés !), nous nous dirigeons en direction de Srirangapatna, ville située sur une île sur la rivière Kaveri, et qui fut temporairement capitale sous Tipu Sultan.

POINT HISTOIRE
Les règnes de Tipu Sultan (1782-1799) et son père Haidar Ali (1761-1782) furent un interlude particulier dans la dynastie Wodeyar – dont Haidar Ali fut un excellent général d’armée – qui inscrivit le Royaume de Mysore dans l’Histoire. En effet, Haidar Ali et surtout Tipu Sultan seront des acteurs importants de la résistance contre les Britanniques, défait par deux fois lors des première et seconde guerres de Mysore. Pour celles-ci, il recevra l’aide des Français alors en pleine Révolution.
Il créa le club des Jacobins de Mysore et développa les premières rockets militaires.

Nous arrivons devant le Palais d’Été, entouré d’un jardin bordé de cyprès un peu fatigués. L’endroit est paisible.Une fois passés sous les persiennes protégeant le bâtiment des rayons du soleil, nous découvrons la beauté de ce palais, construit en bois et dont les fresques et décors recouvrent murs et plafonds. L’ensemble est riche d’histoires et d’anecdotes qui sont racontées sur ces parois entièrement peintes, sur lesquelles nos yeux se perdent. Motifs floraux, scènes de batailles (dont certaines avec les troupes françaises), scènes de vie, il y en a partout. 






Certes, ce palais ne date que de 1784, mais il a été étonnement bien préservé. Ainsi les couleurs sont encore vives, et les détails bien visibles. Nous levons la tête et contemplons les plafonds, puis nous nous arrêtons sur les portes, poursuivons avec le dessous des balcons, puis les voûtes des alcôves. Nous n’avons jamais vu d’édifice dans un si bon état de conservation en Inde.

Encore émus, nous nous dirigeons vers le Gumbaz, mausolée de Tipu et ses parents. Les 36 colonnes de granit noir encerclent un vestibule qui s’ouvre sur le sanctuaire. Installés sous le large dôme, les trois tombeaux reposent solennellement au centre de la pièce dont les murs ont été recouvert de motifs et couleurs censés faire référence au tigre, emblème de Tipu aussi appelé « le Tigre de Mysore ».
Sur le côté, une mosquée allume ses haut-parleurs d’où l’appel à la prière est lancé.
Il est temps pour nous de quitter les lieux et rejoindre la ville fortifiée.

Nous traversons les remparts et atteignons la Jama Masjid dont nous faisons le tour, puis arpentons les ruelles colorées de cette cité insulaire.







Enfin, nous pénétrons le très important temple de Sri Ranganathaswamy, dédié à Ranganatha, une des manifestation de Vishnu. Datant du Xème siècle, ce temple est un haut lieu de pèlerinage.
Malgré la foule qui se presse pour accéder au centre du sanctuaire, nous passons un peu à coté du moment, ne comprenant pas bien, une fois encore, le pouvoir de ce temple dans lequel nous nous trouvons.
De retour à la maison, Geetha tente de nous expliquer la chance que nous avons eu d’avoir vu Vishnu et Ananta Shesha, le roi des Naga…

Dernier jour à la ferme. Brice est un peu malade – surement une indigestion – et se repose alors que Marion et Catherine partent se balader dans le village du coin.
Dans un décor rural et bucolique, nous marchons sur la route, saluées par les habitants qui s’affairent à leurs activités mais s’arrêtent pour nous dire bonjour.
Dans le village, tout semble bien calme.



Ramana nous avait expliqué qu’une partie du village, anciennement intouchable, avait décidé de se retirer délibérément du système de castes. Chaque maison apporte sa touche de couleur, de la colonne de bois aux volets.
12km plus tard, nous sommes de retour, rougies de soleil et claquée de chaleur.

Notre séjour prend fin, il est temps de poursuivre notre route.
Après de chaudes embrassades, nous quittons Ramana, Geetha et Lalitha sur le perron de la maison.Il était chouette ce séjour à leurs côtés.
Merci encore pour votre généreux accueil, on reviendra!

 

Note : C’est à Mysore que Brice a renouvelé l’intégralité de sa garde-robe, en dehors des deux t-shirts offert par Charles au Sri-Lanka, ses habits les plus récents dataient de Canton, en Aout 2018.
Il s’est ainsi débarrassé de ses solides Hummel qui ont tenus à travers les routes du Pakistan et du Ladakh, de son seul pantalon qui s’élimait depuis plusieurs mois, et de ces t-shirts désormais détendus… Propre comme un sous neuf pour l’arrivée de Cath’!

 

‘* Une des histoires raconte que sa tante, à l’époque âgée de 6 ans, s’est retrouvée mariée à un petit garçon de deux ans son ainé, qui malheureusement mourut peu de temps après les célébrations.
Veuve avant ses 10 ans, sa caste lui interdit de se remarier. Elle sera alors privée d’éducation (« à quoi bon ? »), et sera un poids pour sa famille sa vie durant, obligée de la garder à la maison « pour rien ».

13 thoughts on “Dans les bras de Ramana

  1. J’ai toujours l’impression de voir le «  bon » côté de l’Inde. Pas de sentiments de cloisonnement par les castes, l’opposition richesse et pauvreté
    C’est normal?

    1. En se baladant simplement dans les rues en Inde, je pense que tu peux complétement oublier les cloisonnements et les castes. Il y a des très riches et des très pauvres. Mais à la différence de nos sociétés, je pense qu’il n’y a pas d’empathie envers les classes les plus basses. Le regard des classes supérieures sur ces intouchables ou même juste plus pauvres est assez dur, et sans considération. On est souvent choqués du maipris que certains riches peuvent avoir…
      Dans notre quotidien, il est difficile de prendre en photo ces contrastes, à savoir les plus pauvres puisque nous sommes nous même mal à l’aise et touchés de les voir ainsi. Mais à vrai dire, les deux ne se superposent pas sur les photos.
      Mais la misère reste bien visible dans ce pays, des enfants aux vieux, ça touche tout les âges. Et on sait que pour eux, cette vie sera une vie difficile, en attendant une prochaine réincarnation, probablement meilleure.
      Encore une fois, c’est notre regard sur la société. On voyage entre les classes populaires, on est parfois hébergés chez les classes moyennes + voire très riches et, celles-ci ne se mélangent jamais. On a souvent l’impression de faire le yoyo…

  2. Toutes ces couleurs ! L’Inde dans toute sa splendeur baroque, un brin rococo et a la limite du bonbon sous creatine pour ce palais du 24 Décembre.
    En tout cas la description de cette partie de l’Inde fait penser à votre séjour chez les Sikhs. Tout bien propre et bien rangé, paisible etc.
    Vous êtes aussi beaux gosses avec vos lunettes de soleil.
    Par contre j’aimerai que vous expliquiez cette phrase : Les conversations sont ouvertes et très critiques envers le gouvernement actuel. Cela fait du bien à entendre.
    Pourquoi ça vous fait du bien ? Je ne juge en aucun cas, je veux juste comprendre le fond de cette pensée.

    1. Il est assez rare pour nous de rencontrer des gens tenant des discours critiques face au gouvernement dans l’Inde actuelle. Très rapidement, lors de conversations, nos interlocuteurs tiennent les mêmes discours, mâchés par la propagande, que ce soit pour l’économie, le social ou les différentes communautés. Ça fait du bien de nous retrouver face à des gens dont l’échange est possible, ouvert et plus raisonné.

  3. Vous avez vu Charles de Gaulle et Hollande, en Inde : c’est dingue
    Génial la photo avec le toutou
    Avec toutes les bananes qu’on voit sur le marché, ils n’en mettent pas dans leur salade de fruit ?

    Beaux gosses les bourlingueurs avec vos lunettes de soleil sur le toit terrasse : 2 flics à Mysore
    Et joyeux Noël

    1. Hehe! En vrai, il ne font pas de salade de fruits, mais nous nous régalons de ces fruits, tous plus savoureux les uns que les autres! Et puis avec le Sri Lanka, on avait découvert une diversité de bananes, que nous retrouvons ici aussi!

    2. Oui mais ne l’ebruite pas stp . Je fuis la mediatisation… alors avec cette reincarnation en plus tu imagines la foule des Ga(u)llistes debarquer… Allez… bonne journee ! Charles de Galle

  4. On a une envie grave d’y être ….
    Que ce soit à la ferme, en ville et dans ces palais de stuc coloré qui doit fondre dans la bouche !
    Et les amis des amis si hospitaliers, quelle belle rencontre à chaque fois !

  5. Toujours autant de plaisir de vous lire, et de regarder vos magnifiques photos. C’est enrichissant et tellement passionnant…
    Plein de bises. Isabelle Jover

  6. Coucou.

    Sympathique ce petite séjour au calme de la ferme-palemeraie verdoyante.
    J’ai vraiment l’impression qu’il y avait moins de monde à Mysore…et le marché avec toutes ses couleurs paraissaient même paisible.
    Par contre le palais il est un chargé les jeunes 🙂

    Vous êtes ouf de manger pendant l’éclipse !!! On ne sait jamais…

    En tout cas un post très « inclusif » qui permet à nous lecteur de partager avec vous un peu de la vie « normale » indienne. J’adore.

    Un abrazo bisous à Cath, et à Ramana et son clan pour prendre soin de nos bourlingos 😉

    Bisous !

    PS : J’adore la tradition des fleurs de jasmin dans les cheveux comme tu l’as Marion sur une des photos. Cela ne m’a pas échappé 🙂

Ça vous inspire?