10 jours

[Info pour ceux qui sont perdus : Nous sommes arrivés en Corée du Sud le 7 décembre dernier.
Plus de 4 mois ont passé. On s’active !
Plus d’info sur la c
arte à ce lien]

Après un mois d’attente, loin l’un de l’autre*, le visa de Brice arrive enfin. Une invitation de la Corée en bonne et due forme, nous pouvons partir.

Nos bagages sont bouclés – cela fait un mois qu’ils le sont. Et mise à part la répartition des affaires dans les sacs et valises que nous devons finaliser, nous sommes prêts. Affaires chaudes parce que c’est aussi l’hiver là-bas, tenues d’été pour la saison chaude et humide, chaussons d’escalade pour s’y remettre, chaussures pour aller marcher…
Nous avons du thé et des épices, des crayons pour dessiner et même un puzzle de 3000 pièces pour s’occuper.
Et en effet, l’arrivée risque de ne pas être simple : si Brice entre en Corée avec un visa « travail », Marion n’entrera qu’en tant que simple touriste ; et les
réglementations concernant l’isolement Covid varient en fonction du statut.
Ainsi, elle risque une quarantaine de 10 jours dans un hôtel “du gouvernement”, tandis que Brice serait confiné dans notre appartement –
fourni avec son contrat de travail.
Nous
ne nous posons pas la question pourquoi?, nous respirons simplement et nous nous préparons à argumenter à notre arrivée.

Dimanche matin. J-36 heures avant le départ. Petit aller-retour matinal à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, seul endroit ouvert en cette journée dominicale pour faire un test PCR avant notre envol.
Dimanche après-midi. Le test est négatif. Le départ se
confirme.
Nous fermons les valises,
rangeons les dernières affaires parmi les nombreux cartons que nous stockons chez Perrine.

Lundi après-midi. Thierry le taxi vient nous chercher dans son long break. Oui, nous nous embourgeoisons. Le confort, c’est bien aussi. Embrassades et au-revoir difficile, ce sont les yeux humides que nous quittons de nouveau la France, nos familles et amis pour cette nouvelle aventure.
Nous sommes habités par un mélange de joie et de tristesse… en plus de l’anxiété de notre proche accueil coréen.

Un premier vol Bordeaux-Amsterdam, puis un second qui nous mène quelques onze heures plus tard et 10000 km tout rond à Séoul, capitale de la République de Corée (à ne pas confondre avec la République Démocratique(!) de Corée, son accueillante voisine du Nord).



Il est 14h30, heure locale (GMT+9), nous sommes fatigués et un peu
stressés.

Ici, on ne rigole pas avec le Covid. Les agents de sécurité et personnels de l’aéroport sont bien masqués, voire même habillés d’une combinaison blanche intégrale.
Nous faisons la queue pour le contrôle du pass sanitaire, puis nous passons au bureau qui s’occupe d’installer une application de
self-quarantine et auto-check de température sur notre téléphone – on est loin des problématiques de données personnelles, RGPD et tout le tralala…
Jusqu’ici nous sommes tous les deux traité
s à la même enseigne.
Ouf ! Peut être passerons-nous à travers les mailles du filet ?
Nous rejoignons un autre bureau qui vérifie nos papiers, avant de passer par l’immigration qui, enfin, valide notre entrée sur le territoire. On affuble Marion d’un badge autour du cou.
Et malheureusement pour nous, c’est une fois nos bagages récupérés que nos chemins se séparent.
Brice part
à gauche, rejoint par son collègue Montaser – nouvellement embauché aussi, en direction du parking de l’aéroport où un confortable taxi les attend.
Marion prend la droite, accueillie par une femme tout en blanc, qui l’accompagne dans une salle d’attente où une quinzaine d’autres passagers (d’autres badges rouges, mais aussi des jaunes) attendent un bus qui doit
les emmener “quelque part” pour dix jours d’isolement.
La douche est froide.

Marion
Sans savoir
où nous allons, l’équipe rouge s’installe dans un beau bus, assis-mou en faux cuir, et néons bleus au plafond.
Je regarde par la fenêtre, mais la nuit tombe et mon reflet sur les vitres fait doucement
disparaître le paysage. Je suis épuisée, mes paupières veulent se fermer mais je lutte. Je ne me sens pas sereine. La situation est étrange et déroutante. On dirait un mauvais rêve.
1H30 plus tard, le bus s’arrête.
Depuis l’intérieur, j’observe
le personnel de l’hôtel – sûrement, en scaphandrier intégral, visière et sur-chaussures, sortir nos sacs de la soute et les asperger d’un liquide désinfectant – sûrement.
Ah oui quand même …
On nous indique que nous sommes arrivés, et on nous invite à rejoindre le lobby. C’est en effet un vrai hôtel, mais réquisitionné par le gouvernement pour y loger les parias que nous semblons être.
Je sais bien que ce n’est pas le cas, mais sur le moment, le ressenti est similaire.
On nous installe une nouvelle autre application de
self-quarantine et d’auto-check de température, et direction l’accueil pour payer nos dix prochaines nuits ici. 1 200 000 Won, soit environ 900€, all inclusive.
Ah oui quand même …
Je demande, en rigolant à peine, une grande chambre avec une vue sympa, le mec à l’accueil change de clé et me dit this one, good one.
Je signe un nouveau papier confirmant que je me sens bien, que je n’ai pas de fièvre, tout ça tout ça, on me fait un nouveau test PCR** et un autre salivaire.
Je
récupère un sac contenant une collation pour la soirée, et monte dans l’ascenseur, direction la chambre 514.
J’ouvre et entre. Je pose ma valise et me déchausse.
La porte se referme derrière moi, doucement.
Silence.
Le compte à rebours commence. 10 jours, c’est parti.

Brice
Pas le temps de me rendre compte que nous sommes séparés, notre chauffeur de taxi nous invite-vite-vite
à le suivre.
Il ne parle pas anglais, mais ça ne doit pas lui plaire de nous voir, Montaser et moi, prendre notre temps
à retirer de l’argent, et moi spécialement à suivre Marion du regard, alors que nous devrions être « en isolement ».
Car, assez étrangement, nous sommes dans le terminal du côté « normal » du monde,
tout ça parce que nous avons une lettre du gouvernement et du chantier nous y autorisant, alors que je distingue encore Marion entourée de personnels en scaphandrier.
Sommes-nous moins une menace pour autant ?

Nous grimpons dans l’immense taxi. Sièges ultra confort assis mou-mou en faux cuir, diodes qui clignotent au plafond. Un film transparent type rideau de douche nous sépare du chauffeur.
Et nous voila partis pour 5 heures de voyage pour une belle transversale du pays.

Nous quittons l’aérogare, le ciel est beige. Fin de journée empoussiérée dans la banlieue industrielle de Incheon. Ça ne remonte pas trop le moral.
Je n’ai plus de nouvelle de Marion et ne sais où elle sera conduite en quarantaine.
Nous passons le long pont qui relie l’île artificielle de l’aéroport
à la péninsule, et contournons la mégalopole de Séoul dans ce qui semble être un trajet infini.
La nuit tombe alors que nous n’avons pas encore quitt
é la ville.

La conduite de notre chauffeur n’est pas douce : il accélère, il pile, il accélère, il pile… seuls les immenses bus qui nous doublent en trombes semblent aller plus vite, et cela nous maintient, Montaser et moi, à peine éveillés.

Mais le sommeil et la fatigue des émotions nous gagnent et nous nous assoupissons.
Les 450 km d’autoroute qui mènent
à Ulsan ne sont qu’une succession de tunnels et de ponts.
Je suis encore léthargique quand nous arrivons
à 21:30, je suis déposé le premier.
Je me retrouve sur le parking, au milieu des bagages
à me demander comment entrer.
Ah oui !
Ici pas de clef : tout se fait par code. Un code sur la porte principale, et monte dans l’ascenseur, 8
ème étage, un code pour notre appartement.

Je récupère le carton rempli de victuailles que les collègues sympas ont préparé pour m’accompagner dans ma quarantaine.
J’entre. Je pose
les valises et me déchausse.
La porte se referme derrière moi, doucement.
Silence.
Le compte à rebours commence. 10 jours, c’est parti.

Marion
Le mec à l’accueil avait raison, la chambre est grande. Un vaste lit double, une baignoire-bol dans laquelle au moins quatre personnes pourraient se prélasser ensemble, un canapé et une petite table basse, et surtout, de la place autour des meubles pour marcher. J’ai une bouilloire, des échantillons de shampooing pour tenir des semaines, une dizaine de brosses à dents, et même un pain de lessive solide. Ils ont pensé à tout. C’est propre et confortable. Deux grandes baies vitrées, pas de vis à vis, c’est presque luxueux dis donc.
Je range mes quelques affaires dans l’armoire, une douche et au lit. La journée a été longue.

Brice
L’appartement est grand. Sur le papier, c’est écrit 110m2. Deux chambres aux grands lits, deux salles de bain, un bureau, un vaste salon et une grande cuisine. Ils ont pensé à tout, l’équipement est complet.
C’est propre et confortable.
Mais surtout, l’appartement possède un long balcon, sans vis
à vis, vue sur la mer à quelques centaines de mètres.
J’arrive enf
in à contacter Marion, elle m’explique ses péripéties. Me voila rassuré.
J’ouvre les valises, je range nos affaires dans les armoires, une douche et au lit. La journée a été longue.

Marion
Premier jour de quarantaine, je suis réveillée en sursaut par une sonnerie et un long message diffusé en plusieurs langues, depuis le haut-parleur au plafond.
On me
signifie que mon repas a été livré devant la porte, que je peux le récupérer – sans oublier de remettre mon masque, et de le “manger lentement”, dixit. Il est à peine 8h du matin.
Sachet de thé et de café instantané, une banane, un
œuf dur, une sorte de sandwich, une brique de jus de fruits et un biscuit.***
C’est ainsi que commence ma journée, ou devrais-je dire mes journées. Car ce sont toutes les mêmes. C’est peut-être ça le plus déroutant. Je n’arrive pas à imprimer les choses. Tout se ressemble. Je suis rythmée par les annonces des repas, le matin à 8h, à midi et à 18h. Je dois prendre ma température deux fois par jour et l’envoyer via l’application installée lors de mon arrivée. J’ai des sacs poubelles orange imprimé
s de l’énorme symbole de “danger biologique”, qu’il faut que je sorte tous les jours.
Mais moi, je ne sors pas. Je ne vois personne, à l’exception, à mi-séjour, d’un homme-scaphandrier venu me faire un nouveau test PCR sur le pas de la porte.
Je n’entends personne non plus.
Et, par la fenêtre, je regarde le jour qui se lève, les automobilistes qui prennent les ronds-point –
tiens,en Corée, pas de priorité de la voiture engagée ? , les gens qui passent dans la rue, le soleil qui les réchauffe ou le vent qui les fait frissonner.
J’ouvre mes fenêtres pour aérer la pièce, et ma tête aussi.
10 jours et 10 nuits, 30 paires de couverts jetables et autant de petites bouteilles d’eau, mon bilan plastique est horrible.

Brice
Premier jour, je découvre la vue depuis chez nous.

Les informations contradictoires des derniers jours font que je ne connais pas trop mon statut.
J’avais obtenu une exemption de quarantaine, demandée par le chantier et acceptée par les autorités.
Quelques jours avant notre départ, on apprend que les exemptions sont suspendues.
En passant le
s formalités de douane, on me fait installer un mouchard pour surveiller que je ne sors pas de mon lieu de quarantaine.
Finalement, au lendemain de mon arrivée, il me faut faire un test PCR.
Le lendemain, on m’
apprend que je ne suis pas infecté, je peux finalement sortir librement, grâce à mon exemption de quarantaine(!!), Adieu mouchard !
Mais entre temps, la politique sanitaire du chantier a changé : plus d’exemption et je dois attendre 7 jours avant de rejoindre mes collègues de bureau. Pas de chantier donc, mais la ville oui.

Ce n’est pas grave, j’ai un peu de travail pour m’occuper, des doc’ à lire, et cette disponibilité permet de faire les formalités sans contrainte, accompagné de Montaser, mon copain de promo’.
Obtenir un numéro de téléphone, faire une demande de permis de séjour, ouvrir un compte en banque…
Tout cela avec des interlocuteurs très peu ou pas du tout anglophone.
Je prends des notes pour que tout soit plus simple pour Marion
à sa libération.

Les futurs collègues organisent un dîner et nous invitent pour une partie de foot.
Plus sympa pour faire connaissance qu’en 10 minutes
à mon arrivée au bureau.
Et j’en suis ravi, malgré les courbatures !

J’ai aussi la chance de pouvoir déambuler dans les rues, dès le premier soir venu, et découvrir pas à pas notre quartier. Les petites ruelles entre des maisons de quelques étages, le premier plat de nouilles servi par une mamie ahurie de voir un étranger pousser sa porte, …

Et le week-end je saute dans un bus pour rejoindre les rues et marchés du centre ville.


Marion
Je suis en Corée. Je suis ici, je suis arrivée, c’est écrit sur mon passeport, mais je semble nulle part.
Je vis dans une vraie bulle, le temps passe différemment. Je ne m’ennuie pas. Je me suis structurée mes journées, j’avais peur de me perdre sur internet, de laisser filer les heures. Ainsi, je me mets au coréen, je déroule mon tapis de yoga matin et soir, je me plonge dans ce puzzle aux petites pièces, je marche et tourne en rond dans ma chambre – au sens propre, car j’ai mal aux jambes. Je médite, je regarde quelques films, je prends le temps.

Quel étonnant moment.
Parmi les feuillets du “Mode d’emploi de la quarantaine” fourni à l’arrivée, un chapitre est dédié au stress et troubles psychologiques provoqués par l’isolement. Il est aussi écrit que le mieux à faire, c’est de pratiquer son hobby, ou, à défaut d’en avoir, de s’en trouver un. Merci du conseil.

10 jours et 10 nuits, copier/coller.

Brice
Matin du 7ème jour, le réveil est matinal.
La veille, un test PCR confirme que je suis négatif.
Mes affaires sont prêtes. Aujourd’hui, c’est la rentrée : je commence mon nouveau boulot sur le chantier (dont on discerne les portiques depuis le balcon, à moins de 3km à vol d’oiseau)

Toujours un aussi bon accueil par toute l’équipe. Je sens que l’esprit de camaraderie va me plaire, sans parler de l’environnement de travail.

Je ne vois pas passer les journées à monter et descendre dans les entrailles des navires, apprendre un nouveau métier, et le temps qui me rapproche des retrouvailles avec Marion.

Marion
Matin du 10
ème jour, le réveil est matinal. Ma valise est fermée, je suis prête. On frappe à ma porte, ça y est, je peux sortir. Je retrouve aussi mes voisins de paliers, 10 jours après notre arrivée.
Tout le monde semble content de se retrouver et de se parler.
Nous remontons dans ce beau bus, assis-mou en faux cuir et néons bleus et roulons en direction d’une des gares de Séoul.

Je retire de l’argent pour acheter mon billet,
mais nous sommes vendredi et tous les trains de la journée sont pleins. Il ne resterait que quelques places dans les trains qui partent de l’autre gare à l’autre bout de la ville. Bon.

Je me prépare à monter dans le métro pour changer de gare, quand la personne du guichet m’interpelle et m’annonce qu’une place vient juste de se libérer. Le train part dans 4 min.
Je ne réfléchis pas, je prends ce billet – en première classe – assis mou avec supplément extra-mou, et commence à cavaler dans l
e hall, cherchant des informations écrites en coréen sur la direction que je dois prendre, le quai, l’heure.
Je descends en courant les escaliers qui mènent à la voie 1, je montre mon billet au contrôleur qui, gentiment, me pointe la voie 3. Je remonte à toute allure les escaliers (enfin, à toute allure… tout est relatif : j’ai une valise de 23kg au bout d’un bras et un sac-à-dos de 8kg sur le dos, et ça fait 10jours que je n’ai pas marché…), puis redescends les escaliers tout aussi vite, je remontre mon billet au contrôleur, cours sur le quai pour rejoindre la bonne voiture et saute dans le train.

Biiiiip ! Les portes se ferment Ouf !
À peine installée que le TGV démarre. Il e
nchaîne tunnels infinis et paysages masqués par de hautes barrières anti-bruit, pour être déposée en 2h15 à Ulsan, notre ville de résidence.
45min de bus plus tard, le chauffeur m’indique l’arrêt où je dois descendre :
Ulsan Beach. Oui, c’est notre arrêt de bus !
Je remonte la rue, tourne
à droite. Un motel, un convenience store, deux resto’.

Je me retrouve sur le parking de notre immeuble à me demander comment entrer.
Ah oui !
Ici pas de clef : tout se fait par code. Un code sur la porte principale, et monte dans l’ascenseur,
8ème étage, un code pour notre appartement.
J’ouvre et entre. Je pose ma valise et me déchausse.
La porte se referme derrière moi, doucement.
Silence.

Ce soir, nous nous retrouvons enfin.

안녕하세요
Annyeonghaseyo

* Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas passé autant de temps séparés l’un de l’autre.
Un bon mois, et nous repartions pour 10 jours d’isolement.

** Le bonheur des tests nasaux en Corée. Ou ne serait-ce qu’en France qu’ils sont fait avec douceur?
Ici, pas de somation, pas de délicatesse. L’écouvillon est enfonc
é bien profondément, et on prend bien la peine de triturer ce qui s’y trouve. On en ressort avec un goût de sang pour 5 bonnes minutes.

*** Comme son voisin nippon, la Corée du Sud est un pays d’emballage (on développera certainement).
Je recevais tous les jours
des barquettes-repas en plastique, des petits contenants en plastique contenant de la soupe, un condiment, une sauce,… le tout livré dans un sac en plastique, trois fois par jourAinsi que des cannettes de jus aqueux et trop sucré que j’ai rapportés à la maison – pour ne pas gâcher… et qui attendent toujours dans la porte du frigo 3 mois après.

9 thoughts on “10 jours

  1. Coucou les « jeunes »
    je vous souhaite tout plein de bonnes choses à Ulsan (que je connais bien) 😛
    Si besoin de tuyaux, n’hésitez pas 😉
    Prenez soin de vous
    La bise

  2. Coucou les amis !!
    J’ai adoré le style de ce post !! Haletant, rythmé, changeant, du suspens, bref… un super récit.
    J’étais même stressé en pensant à Marion recroquevillée dans sa baignoire , dans sa grande chambre… C’est pour dire combien j’étais dans l’histoire 🙂
    En tout cas, je suis certain que c’est le début d’une belle aventure !
    Gros bisous

  3. Génial de vous lire! je retrouve les sensations Coréennes que nous avons ressenti lors de notre expat là bas. Super écriture et récit

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