Il y a des méchants et des gentils

Kandy est la deuxième ville du pays, porte d’entrée dans la zone que les guides appellent le triangle culturel du Sri Lanka.
On comprend que cette ville fut, parmi d’autres, capitale du royaume cinghalais, notamment à l’arrivée des Britanniques, et possède donc un patrimoine historique attractif.


Nous avons décidé, dans un premier temps, de rester dans un village, un peu en dehors de la ville, afin de profiter du calme et du paysage environnant.
Leslie, notre hôte, nous accueille chez lui pour les 3 prochains jours. Il est sympa mais très très occupé. Professeur dans deux écoles, on comprend qu’il cumule d’autres boulots travaillant ainsi sept jours sur sept.
Sa maison est simple, on se rend compte que ni lui ni sa femme n’y passent trop de temps. Les vacances, ils voyagent ! Et le dernier soir, il nous avouera même du bout des lèvres, qu’ils affectionnent beaucoup le naturisme.
Un accueil, en somme, peu enrichissant, et éloigné de celui que nous attendions (comme celui de Wonosobo). Nos échanges ne seront donc pas si nombreux, mais qu’à cela ne tienne. Le cadre est sympa, et nous découvrons la cuisine locale grâce aux currys que sa femme prépare sur son foyer.

Des épices qu’elle ajoute agilement dans chacun des caquelons, en passant par la noix de coco réduite en poudre pour de savoureux sambol.


On se promène aux alentours du village, empruntant la route secondaire qui mène à Kandy, après avoir dégusté des hoppers (sorte de crêpe à la farine de riz en forme de bol, cuite dans une casserole ronde et haute) pour notre petit-déjeuner.


Nous nous perdons sur les petits sentiers que seuls arpentent les écoliers en uniformes immaculés ou le boulanger dans son tuk-tuk engrainant la lettre à Élise pour prévenir de son passage.


Les routes serpentent entre les forêts et les cultures vert émeraude.
Nous passons par un vieux temple installé dans le creux d’un rocher.

À notre arrivée, la porte est clause mais un sympathique moine apporte son large trousseau afin de nous faire découvrir les vieilles peintures qui recouvrent murs et plafond de cette cavité creusée à la main.

Cette grotte n’est vielle que de 275 ans, mais la richesse des couleurs – naturelles, nous émerveille.

Notre balade se poursuit à travers le paysage vert fluo des jeunes pousses de riz.

On salut les gens, et prenons le temps de nous rafraichir de noix de coco fraiches et à la chair crémeuse, pour enfin rejoindre la ville de Kandy, après 14 kilomètres champêtres.

La ville de Kandy est assez agréable. À 400m d’altitude et entourée de petites montagnes, nous sommes loin de la torpeur de Colombo et des villes de la côte.


La taille du centre-ville demeure restreinte et on peut aisément s’y balader et flâner dans les marchés ou les rues commerçantes, en contact avec les locaux.
Oui, nous recherchons un peu le contact.
Il faut dire que le Sri Lanka nous apparait, pour l’instant, assez touristique et les interactions que nous avons sont souvent intéressées : les chauffeurs de tuk-tuk étant les plus insistants*.

On retrouve, çà et là, des vieilles bâtisses aux peintures ternies et dont l’enduit s’écaille.



De nombreux bâtiments sont encore sur pied comme l’hôtel dans lequel nous séjournons lors de notre second passage dans cette ville, à notre retour de Sigirya.

Là, nous y trouvons nos habitudes, notre échoppe de jus de fruit frais : de l’ananas, des woodapple, du sirsac, du belli, et tant d’autres que nous ne connaissions pas, le buibui qui nous fait de bons rice and curry et surtout, la confortable terrasse de notre hôtel Olde Empire (bon plan pinc’n’chic), une institution aux vieux meubles d’époque et au parquet ciré, pour une somme modique.

La terrasse devient rapidement notre QG alors que le soleil du début d’après-midi nous invite à rester à l’ombre tout en contemplant la vue sur le lac et le défilé des pèlerins qui rejoignent le Temple de la Dent.

De la Dent ?
Et oui !
C’est le temple qui abrite(rait) une dent de Bouddha. Car oui, Bouddha avait des dents et l’une de ces reliques sacrées se serait retrouvée, au prix de multiples péripéties, au Pays de Kandy.
Bon, apparemment, la dent ressemblerait à une dent de buffle…

À son arrivée d’Inde, un grand temple (tristement célèbre pour avoir été l’objet d’un attentat à la bombe en 1998) a été construit pour la protéger et permettre aux fidèles de s’y recueillir.


Et aujourd’hui, le hasard faisant bien les choses, nous nous retrouvons en son sein au moment même de la cérémonie où la Dent est montrée aux pèlerins.
Des prêtres longilignes en sarong préparent des bols d’offrandes, s’équipent d’instruments de musique et se mettent en place. À 9h00, un prévôt aux larges épaulettes initie la cérémonie. Les prêtres jouent de la musique sous les déclenchements continues des flashs des nombreux touristes.


En parallèle, les pèlerins affluent et viennent déposer des fleurs de lotus en offrande à la Dent.

Au fur et à mesure que la foule se disperse, on prend le temps d’admirer les détails des peintures et boiseries du temple.


Son enceinte abrite également quelques musées par lesquels nous passons, dont le musée de l’éléphant Raja- empaillé, qui raconte la vie « incroyable » de cet éléphant qui eut le « privilège », quarante années durant, de porter le reliquaire et sa Dent lors des cérémonies officielles. La chance !

L’ambiance qui émane du temple est néanmoins pleine de quiétude. Les Sri Lankais, vêtus de blanc, sont nombreux, tout comme les fleurs de lotus déposées en offrande.


C’est dans ce calme brouhaha que tous se prosternent, mains jointes.
Nous sommes, encore une fois, observateurs et étonnés de cette ferveur incroyable et ce culte voué à l’orthodontie.

Nous passons une belle soirée en compagnie de Paula et d’Ainhoa, une Espagnole que nous avions rencontrée à Camiguin, aux Philippines, alors que nous étions en vacances un an plus tôt. À l’époque, c’était elle qui voyageait pour 6 mois avec son Turc de mari. Aujourd’hui, les rôles s’inversent et leur programme de « seulement » deux semaines au soleil est bien rempli.

Au lendemain, nous sautons dans un bus pour aller visiter le fameux jardin Botanique de Peradeniya, construit au XIVème siècle.


Ce jardin est un hymne à la Nature. Les arbres sont tous plus beaux et grands et variés et différents les uns que les autres.
La Nature engendre de belles choses. Nous déambulons à travers les allées richement bordées d’arbres géants.

Les troncs, les racines, les fleurs, les fruits, les feuilles, les ramures, tout nous invite à la contemplation.
Nous découvrons les ébènes, les agaves-octopus, les palmiers géants, les doubles cocotiers, un herbier de différentes variétés de pelouse, les plantes médicinales, ayurvédiques et aromatiques, les fleurs du canon-ball et une importante collection d’orchidées. Des ficus, des fougères, des cactus, et encore des arbres tellement hauts et tellement beaux !


On s’arrête pour discuter avec un couple armé d’un énorme appareil photo pour capturer des images d’oiseaux, si nombreux dans ce jardin.
On observe les chauves-souris aux grandes ailes et petites pattes, les fourmis et les termites.


Bref, c’est une belle découverte botanique, verdoyante et naturelle.
On se dit qu’on a vieilli… Oh regarde, la jolie petite fleur…

Notre séjour à Kandy prend fin après une petite semaine, nous passons une autre soirée bien accompagnée de Marion et Laetitia, des amies de France, en vacances au Sri Lanka, au programme bien chargé et que nous arrivons à croiser.

Nous, nous partons un peu plus vers les montagnes, rejoindre, on espère, un autre coin de calme au milieu des plantation de thé.

‘* À la fin de la guerre civile, le tourisme est réapparu.
Et tout le monde veut sa part du gâteau, au risque de tuer la poule aux œufs d’or.
On reporte de plus en plus d’arnaques aux touristes. Les chauffeurs de tuk-tuk, trop nombreux par rapport à la demande, en deviennent insistants, et l’inflations des prix, notamment des sites touristiques, est grandissante.
Il n’est pas étonnant de découvrir aussi une double tarification.
En discutant avec les voyageurs, nous réalisons ne pas à être les seuls contraints d’en voir moins pour préserver nos bourses.
D’autant qu’il est contrariant de payer l’entrée d’un site religieux…

Cet esprit calculateur n’est le fait que d’une minorité de personne, mais cela entache beaucoup la confiance que nous tenter de créer avec les Sri Lankais et nous rend quelques peu méfiants dans nos interactions.

C’est en tout cas ce que nous remarquons et regrettons dans la partie de l’ile visitée depuis notre arrivée.
On essaie toutefois de rester positives et ouverts, souriants et contents.

4 thoughts on “Il y a des méchants et des gentils

  1. Quel plaisir de vous lire, un matin à Hong Kong, en prenant le ferry pour aller au boulot. Bon découvert les amis! Vous allez vers Ella?

  2. Ces couleurs, magnifique. Brice tu sais ce que c’est le fauteuille sur lequel tu lis sur la terasse? Celui avec les bras qui pivotent? C’etait pour les accouchements (en tout cas c’est ce qu’on raconte en Thailande).

  3. Le sal’s les amis !
    Allez faites pas la tête, tous les pays ne peuvent pas être aussi bourlingable que le Pakistan 🙂

    En tout cas les arbres du jardin botanique sont simplement magnifiques !!
    Comment ils s’appellent l’arbre géant au tronc potelé ?

    Un abrazo !

  4. hahaha je suis retourné sur le poste de Wonosobo et Brice t’as une de ces têtes!!
    Je ressens moins votre intérêt pour ce pays pour l’instant, pas de rencontre ou partage vraiment sympa, ça viendra peut-être avec le temps. Les photos sont super belles, mais vous semblez encore distants des sri lankais, ce que vous dites aussi à la fin du post

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