Et 1h30 en plus

Donc petit récapitulatif…
Les vacances de fin de Ramazan nous avaient un peu cassé notre projet de vouloir traverser l’Anatolie en train, monter sur le bateau en train, et rejoindre l’Iran en train…
Finalement, on a trouvé un super compromis puisqu’on a réussi tout de même à monter sur le bateau qui transborde les trains (c’était même mieux car comme on était seul, on a été accueillis comme des paça) ; et finalement, on pourra aussi prendre le train qui traverse la frontière vers l’Iran.

Donc direction la gare de Van (pas en Bretagne, mais au Khurdistan turc).
Sur le quai de la gare, nous sommes les seuls touristes et autour de nous, que des Iraniens (d’ailleurs chef de train comme chef de gare nous appellent volontiers touristes…).
IMG_1229 DSCF6907Certains font du trafic de sandales, ou passent des vêtements, d’autres sont simplement venus en vacances.

Arrivés avec une bonne marge d’avance (la marge !), on fait un tour sur le quai : une grosse demi-douzaine de wagons, tous aux couleurs de la compagnie de chemins de fer iraniens : derrière la locomotive (avec des grillages protégeant les fenêtres et autres parties vulnérables ?!!) deux wagons couchettes, puis un wagon restaurant, deux autres wagons couchettes, un wagon générateur électrique, et enfin, un cargo…
Ils sont tous plus abîmés les uns que les autres ; certains ont des carreaux brisés, des éclaboussures de peinture ou de ciment ; et tous ont des marques de coups…
IMG_1232 IMG_1231 Les gens embarquent, on avait beau avoir une réservation, on comprend finalement qu’on peut s’installer où on veut : cool, on trouve une cabine que pour nous deux… on sympathise avec quelques voisins, personne ne parle anglais… mais ils sont curieux.
Puis arrive le contrôleur : il vérifie nos billets, demande si on est bien mariés (dans le cas contraire, pas possible d’être dans la même cabine), puis nous souhaite welcome to the train avant de s’escrimer à nous expliquer …un truc…
Il se gratte la tête, cherche ses mots : « in 5 minutes, no 11 minutes, danger danger » en faisant le geste de projectiles arrivant de l’extérieur vers l’intérieur du train ; puis nous montre la couchette supérieure, celle avec les couettes… puis nous répète « danger danger, object… » puis il part.
Okaaaaaaayyyy !! très bien, d’accord, on a rien compris, le mec nous parle de danger, et on a rien compris… bon…
Le train démarre.
Puis l’un de nos voisins rentre poliment mais fermement dans notre compartiment, et sans que l’on comprenne nous indique qu’il nous faut tendre une couette en travers de la fenêtre ; à peine cela eu été fait, un gros BANG se fait entendre, puis une série d’autres, on nous canarde, on se prend des pierres, des cailloux sur le train, les carreaux, dans le couloir une vitre explose.
Au bout de quelques minutes, dehors, sur le passage du train, on entend le cri de gamins ; on regarde furtivement par la fenêtre, ce sont eux qui jettent des cailloux sur le train (sous le regard d’adultes qui ne s’en préoccupent pas).
Pas étonnant qu’il soit dans un si piteux état !
Parfois les tirs de projectiles cessent, alors certains voyageurs sortent papoter ou constater les dégâts, mais ceci ne font qu’une cible nouvelle pour les pierres.
Plus tard, on comprendra que les faubourgs de Van sont un peu une zone de non-droit et que la police ne fait rien pour empêcher ce vandalisme… Ben nous ça nous faisait bizarre dis donc !

Après 15 minutes de caillassage ; le silence se fait enfin, chacun ressort de son compartiment. Et magie, dehors, le train longe un lac dans une grande courbe ; au-dessus du train : un tapis d’étoiles ; tout le monde ouvre grand les yeux.
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Deux Iraniennes, viennent nous parler.
Shahrouz et Shahin sont de Mashhad et sont venues en vacances dans l’Est Anatolien.
On discutera une heure ensemble. Elles sont élégantes, et cultivées, artistes aussi. Elles nous montrent des photos de la famille, leurs fils, leurs filles et belles-filles; quand elles se font invectiver par un homme dans le couloir (pour une raison qui nous restera inconnue), elles nous diront : « c’est pas facile d’être une femme en Iran ».

DSCF6922Puis chacun rentre dans ces compartiments… pour quelques dizaines de minutes.
Marion se change, pour enfiler sa « robe-tunique » et sortir son foulard…

Check-point n°1 : On arrive à la frontière turque. Il est minuit, on doit descendre du train. On se dirige vers un local mal éclairé avec tous les autres passagers. Au bout d’une demi-heure, on se fait finalement tamponner notre passeport.
Retour au train, la frontière iranienne n’est qu’à une dizaine de km.

Check-point n°2 : On mettra finalement une bonne heure à arriver à la frontière.. va savoir pourquoi.
Et beaucoup moins drôle, un douanier récupère nos passeports, et on doit descendre du train mais aussi prendre tous nos bagages.
On se prépare, on referme les sacs etc, …Marion ajuste son voile.. Il est 2h du mat’, on sort. Et on se retrouve avec tous les autres passagers, dans un local trop petit, à attendre on ne sait pas quoi.
Au bout d’une grosse demi-heure, un douanier revient avec une vingtaine de passeports, il appelle les gens…ça bouscule, un peu, pas trop… Bref, c’est le bordel. Et doucement, mais alors tout doucement la salle se vide. Bien sûr, on fera partie des derniers.
Un douanier vient finalement nous chercher, on le suit, remonte dans le train et on s’assoit dans le wagon-restaurant nos sacs toujours avec nous (avec deux fenêtres en moins !). Et surprise, on retrouve le papier qu’on avait rempli au consulat et qu’il nous faut à nouveau remplir ; ainsi que l’encrier, pour les empreintes !
On attend encore une vingtaine de minutes, et c’est parti pour les empreintes à l’encre rouge, de chaque doigt, phalanges et bouts de doigt des deux mains, sous les yeux étonnés de certains passagers.
Le tampon est enfin apposé dans le passeport, nous voilà en Iran ! Et maintenant, il est 3h30, on voudrait aller se coucher… mais le douanier, pour se faire pardonner, nous offre gentiment une tasse de thé qu’on ne peut malheureusement pas refuser !

On arrivera finalement à retourner vers notre couchette, qui bien sûr, a été squattée. Plus de place.. On ouvre d’autres portes, et on trouve 2 places, mais avec des hommes sur les banquettes supérieures… Marion fera sa première « nuit » voilée !
Trois heures plus tard, on arrive à Tabriz où il fait beau ; il est 8h30 (2h30 de plus qu’à Paris), les yeux nous piquent… mais Welcome to Iran !

9 thoughts on “Et 1h30 en plus

  1. Toujours sympa le caillassage. Faut pas leur en vouloir, c’est probablement le seul sport qu’ils peuvent pratiquer les petits. J’adore le voisin qui entre pour tendre la couette. Bon courage à Marion. Bises.

  2. Vous êtes magnifiques sur le « selfy » pris dans le train. 🙂

    Bon séjour en Iran les amis. Brice, si tu as besoin de « contact » en Iran y a toujours la possibilité de joindre notre ami Nader. 😉

    Bizouilles les amoureux! :*

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