De l’organisation des transports

Afin de rejoindre Makassar, nous prenons la route de la montagne, qui s’enfonce dans l’arrière-pays. Les cultures de pommes de terre, fraises, et fruits de la passion font partie intégrante du décor. Les clous de girofle sèchent sur la chaussée, les rizières, ici, sont bien vertes et l’air est frais. Il ferait même presque froid. La route est sinueuse, et ces paysages sont bien différents de ceux de Kajuara.DSCF9631 DSCF9609 DSCF9589 DSCF9601 DSCF9613 DSCF9628Au terme de 6h de trajet, en compagnie de Wawan, Adje et Ekka – Sura étant trop fatigué pour venir- nous arrivons enfin à Makassar.
Malheureusement nous ne trouvons pas de travel pour nous emmener à ParePare.
Wawan nous dépose donc le long de la route afin d’attraper un véhicule « au vol ».
Une voiture s’arrête, puis deux, puis trois…
Wawan trouve qu’il n’y a pas assez de place pour nous à l’intérieur, que la voiture est trop grande, trop petite, trop noire ou trop…
On essaye de lui expliquer que s’il y a deux places, c’est très bien et suffisant.
On essaye de lui dire qu’on n’a pas besoin de grand confort.
On essaye de lui expliquer comment nous voyagions en Inde.
Mais difficile de le convaincre.

Finalement, après négociation avec le chauffeur et avec Wawan, ce dernier accepte de nous laisser monter dans le véhicule et le chauffeur accepte notre prix.
Wawan, Adje et Ekka reprennent la route du retour, et nous nous entassons à l’arrière du travel déjà bien rempli, avant d’être déposés 3h plus tard, enfin, dans un petit hôtel de ParePare.

Notre séjour à ParePare nous permet de nous reposer un peu de cette intense semaine chez Sura, de travailler sur le blog, de regarder des matchs de la coupe du monde de rugby et des films et d’organiser notre passage à Tinambung, chez Thalia (que nous avions rencontré sur le bateau pour Bone). Et puis, Pare-Pare est le genre de ville dans laquelle entre 10h et 17h, il ne règne aucune activité, tout est fermé, et peu de piétons (ha ha ha… ça n’existe pas ici un piéton !)DSCF9671 DSCF9666 DSCF9660 DSCF9674Dès notre arrivée en Indonésie, nous avions découvert qu’il n’existe pas d’information centralisée et fiable concernant les transports. Pas de tableau d’horaires pour les bus et des terminaux déserts, et des sites internet erratiques comme celui de la Pelni, la compagnie nationale des vaisseaux de ligne, où il est impossible d’avoir une quelconque information*.
Toutefois, pour rejoindre Pekanbaru, nous avions aussi découvert le travel.
Le travel a un fonctionnement très simple. On appelle un chauffeur (il faut donc connaître des chauffeurs… mais cela semble courant ici), on réserve une place dans la voiture (type Avenza, soit 6 à 7 personnes), on lui donne son adresse et il vient directement te chercher chez toi. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’à l’arrivée, il te dépose là où tu veux.
C’est donc un moyen simple, certes un coût plus onéreux mais efficace pour voyager en Indonésie. Et plutôt commun.

Seulement, ici, à ParePare, c’est autre chose.
Notre problème de la journée : trouver un moyen de rejoindre Majene, située à 2heures de route, en gros c’est tout droit vers le Nord.
On se dit qu’en 10min cela serait réglé.
L’information, comme toujours, est impossible à trouver.
Nous faisons le tour des hôtels (où nous pensions naïvement que l’on trouverait des interlocuteurs anglophones), mais le problème semble insoluble à la vues de réponses que nous recevons…
On a l’impression qu’on leur demande « demain, on voudrait aller à Shanghai, comment on fait ? »….
Mais on nous propose entre autres la possibilité de retourner à Makassar (on notera que les Sulawesiens n’ont aucun le sens de la géographie, puisque la ville est située 5 heures au Sud), de louer une voiture, de trouver un chauffeur, ou même, on nous dit que c’est impossible.
Bien bien… Nous passons deux bonnes heures à arpenter la ville (ok, c’est une petite ville, mais sous un soleil de plomb) pour essayer de recouper les infos. Mais à chaque fois que nous demandons, nous avons une réponse différente, impossible donc de tirer le vrai du faux.
Normalement, la pratique que nous avons mise en place est de demander à 3 personnes pour pouvoir synthétiser.

Alors que nous avions finalement décidé de nous poser au bord de la grande route le lendemain et de faire du stop, nous informons Thalia de notre situation. Peut-être saura-t-elle mieux que nous comment faire.
Erreur.
Certes, elle réussit à trouver un travel qui doit venir nous chercher à 18h.
Mais : à 20h, elle nous rappelle nous disant que finalement il sera là à 21h.
Entre temps, comme nous ne voulions pas arriver au milieu de la nuit chez notre hôte nous avions repris une chambre à l’hôtel. Chambre que nous n’avons pas pu annuler.
Donc à 21h, nous sommes prêts.
Le travel arrive après minuit…
Il est impossible de dormir tellement la voiture va vite sur ces routes cabossées (Brice se cognera plusieurs fois la tête sur le plafond du véhicule).
Et nous sommes déposés ensuite chez Thalia vers 3h du matin.
Contents d’être arrivés, mais tellement désolés de la situation.

Conclusions de l’histoire :
– la prochaine fois, on ne débrouillera tout seul.
– « se laisser porter », ça ne fonctionne pas toujours.

Nous nous rappellerons alors Sura qui nous disait « arrête de dire maybe. Il n’y a pas de maybe, tu prends un bus et voilà »
… mais bien sûr…

Epilogue : Encore une fois, Thalia ne comprend rien à la géographie de son pays.
Pour quitter sa ville et rejoindre Tona Toraja, elle et ses amis nous invitent à rejoindre Makassar (7~8 heures de routes vers le Sud) pour ensuite, remonter 8 heures vers le Nord. On croit rêver.
De plus, elle ne veut pas qu’on passe par la gare routière, certes c’est lebaran, mais s’il y a une information à prendre, c’est là-bas que nous la glanerions.

Finalement on lui dit qu’on va sortir de la ville et faire du stop.
Elle voudra nous accompagner.
Et là, quand nous sortons notre papier sur lequel nous inscrivons notre destination, et commençons à héler tout type de transport, elle nous sort : « non, pas besoin de ça, je vais te trouver la voiture »…
… No comment.

Conclusion de l’épilogue :
Voilà, c’est comme ça que ça se passe depuis plusieurs mois.
C’est chronophage et parfois déconcertant d’absence de logique, et par conséquent angoissant quand on se dit qu’il faut traverser la ville pour aller à la gare et demander une information si simple, qu’on n’aura pas.

 

‘* Une autre mission du moment était de se renseigner sur le bateau Pelni pouvant joindre Sulawesi vers Kalimantan (Borneo). Nous n’en avons pas besoin pour le moment, mais peut-être dans un petit mois. On profite qu’il existe un bureau Pelni ici.
(Pour info, à Surabaya, on ne pouvait acheter les tickets notre billet qu’au bureau Pelni en centre ville… d’une ville de plusieurs millions d’habitants! aberrant)
Et sur le site internet, il n’y a pas d’info, et dans un bureau Pelni, il n’y a d’information que pour les bateaux partant de cet endroit.
Impossible de faire appeler le bureau d’un autre port.
De toute manière, les plannings ne sont édités que pour le mois de Septembre.
Nous sommes le 22 Septembre, ils ne connaissent pas encore le planning d’Octobre.
Et puis, de toute façon le bureau est fermé.

6 thoughts on “De l’organisation des transports

  1. Y a peut etre un marche. Je vois bien Brice en chef d’entreprise de transport en Asie, a essayer d’expliquer a ses employes que partir a l’heure prevue c’est mieux que 3 jours plus tard…

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