Rencontre au sommet

Il faut une grosse journée d’un itinéraire laborieux entrecoupés de correspondance, pour rejoindre la côte Est d’une traite. Et même si on s’habitue au trajet en bus de 6h à 30km/h par 40°C, et 120 dB d’une musique tonitruante dans les oreilles couvrant à peine le bruyant moteur, ça n’en reste pas moins inconfortable.
N’étant pas si pressées, et afin de couper le voyage en deux, nous faisons une halte au village de Mihintale dont la colline tombe à pic.

Située à une poignée de kilomètres d’Anuradhapura (ancienne capitale du royaume sri lankais), cette minuscule bourgade située au cœur des plaines fertiles de la région centrale, est au croisement des routes qui relient Jaffna et la partie Sud de l’île, la côte Ouest et Est vers Trincomalee.

Un carrefour où quelques tuktuk attendent patiemment une course, une demi-douzaine d’hotels (c’est ainsi que ce nomment les resto’ buibui) et boutiques en tout genre.
Cette simple bourgade n’a rien d’attrayant mais est dominée par une colline, berceau du bouddhisme sri lankais.

C’est en effet, ici-même, que le Roi de l’époque (vers 247 av J.C.) le fameux Thevanambiya Tissa d’Anuradhapura rencontra le moine Mahinda, émissaire et fils de l’empereur indien Asoke.
Le premier se convertit dès lors au bouddhisme et cette religion se propagea ainsi au sein de la communauté cingalaise.

Depuis, le site est visité tout au long de l’année par nombres de fidèles, qui viennent se recueillir au pied du plus vieux stupa de l’île.
Malheureusement pour le tourisme insulaire, les récents évènements ont fait drastiquement chuter le les visites, y compris des locaux. Et un mal pour un bien, nous nous réjouissons d’être les seuls à flâner dans ce paisible lieu empli de spiritualité et nature.

Nous passons par les ruines de l’ancien hôpital.

On devine l’étroitesse des chambres et dans un coin, les fouilles archéologiques ont mis à jour un sarcophage en pierre, baignoire dans lesquelles les patients étaient immergés par des bains de plantes. La médecine ayurvédique était déjà largement répandue.

Quelques colonnes demeurent, les murets des pièces dessinant ainsi le plan parfaitement carré du bâtiment, le tout recouvert d’herbe bien verte et entouré par d’imposants et majestueux arbres, eux même habités par de nombreux singes.

Une monumentale volée d’escalier grimpe le long de la colline et nous mène aux vestiges d’un premier stupa.


L’érosion du temps a dévoilée la composition interne en brique, mais certains parements en pierre taillée laissent apparaître quelques sculptures finement ouvragées, représentations florales, d’éléphants et de nains dansants.

Les offrandes laissées sur les autels par les fervents font le festin d’une horde de singe.

Notre ascension se poursuit et nous rejoignons un plateau où se tenait auparavant le monastère. Deux mille moines y auraient séjourné au IVème siècle.

Aujourd’hui, il ne reste plus que les fondations des bâtiments, laissant néanmoins deviner les dimensions de chaque pièce et leur disposition, notamment le grand réfectoire monacal, au fond duquel s’allonge encore l’immense rice boat, longue écuelle qui contiendrait l’équivalent de 2000 bols de riz (un pour chaque moine, normal !). Cette mangeoire est encore utilisée de nos jours pour nourrir les pèlerins lors des festivals.

Nous nous déchaussons pour respecter le caractère sacré du site qui nous attend quelques marches plus haut. Le soleil a bien chauffé le sable, que nos douces plantes de pieds ont du mal à supporter.
Nous arrivons sur un autre plateau, encadré de trois collines plus ou moins hautes.

En son centre se tient un petit stupa (stupa du manguier), entourés de deux rangés de piliers. C’est ici même que se serait tenu la rencontre entre le moine Mahinda et le Roi Thevanambiya Tissa, ainsi donc que sa conversion. Une statue du Roi jouxte le monument sacré.


Derrière, un gros rochet offre un beau point de vue sur les plaines centrales. Il est à noter encore une fois, que si « normalement » l’affluence du site, ne permet pas de grimper aisément et de rester au sommet du rocher, aujourd’hui nous sommes seuls… Personne ne viendra entamer la quiétude du lieu (si ce ne sont les rafales de vent, et la ritournelle du vendeur ambulant dans la campagne en contrebas).

En face, un gros Bouddha blanc se tient en position assise, et sur la plus haute des trois collines se dressent un énorme stupa immaculé, qui contiendrait en relique un cheveu de Bouddha. Et dire que Bouddha avait déjà perdu une dent à Kandy

Nous redescendons vers les vestiges du monastère, avant de rejoindre Mihintale par une série d’escaliers burinés à même la roche.
Dans une flaque un couple de singes s’abreuve, avec en toile de fond l’atmosphère étonnamment sereine de ces plaines verdoyantes et fertiles.

8 thoughts on “Rencontre au sommet

    1. Ah ah.
      Moi j’aimerai bien le découvrir avec eux des fois.
      Qu’ils me montrent comment on rythme, on s’organise, on echange, on découvre, on voyage…
      Bref, qu’ils me montrent comment on bourlingue…
      Parce que moi je sais tout juste faire le touriste en vacances.

  1. Ah les stupas blanches du Népal, de beaux souvenirs. Par contre, l’environnement y était moins verdoyant et plus pollué (Katmandou)

  2. en effet c’est une chance de pouvoir être seuls à visiter ce magnifique lieu

    Maori : « ça donne envie de voir la « tour » toute blanche en haut de la montagne »

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